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21/12/2021 03:28

PRÉSIDENTIELLE : Le Parti radical apporte sa caution républicaine et laïque à Emmanuel Macron

Président de la fédération de Côte-d'Or du Parti radical, Jean-Philippe Morel revient sur son engagement derrière Emmanuel Macron au niveau national et son soutien à Didier Martin au niveau local. «Il y a une instrumentalisation des plus ultras de l'islamisme contre la laïcité à la française», alerte le radical ce samedi 18 décembre.
Lors du congrès des 10 et 11 décembre derniers, le Parti radical a décidé de rejoindre Ensemble Citoyens et a manifesté l'ambition de constituer un groupe parlementaire radical à l'Assemblée nationale à l'issue des législatives de juin 2022. Premier concerné en Côte-d'Or : Didier Martin. Le député sortant LREM vient d'adhérer au Parti radical tout en restant chez les Marcheurs.

Toujours en Côte-d'Or, la fédération est présidée par Jean-Philippe Morel, avocat de profession et membre de la majorité de François Rebsamen (PS) à Dijon, et animée par Maxime Moulazadeh, agent de la Ville de Dijon dans le civil. La fédération départementale revendique jusqu'à 80 adhérents.


Brève histoire du Parti radical


Fondé en 1901, le plus vieux parti de la République française a connu quelques soubresauts ces dernières années qui restent cependant mineurs au regard des tempêtes affrontées par les radicaux.

Influencé par la franc-maçonnerie et la philosophie des Lumières, le Parti républicain, radical et radical-socialiste a été créé la première année du XXème siècle pour contrer les résurgences monarchistes, pour voir définitivement s'installer la République et son régime parlementaire ainsi que pour obtenir la séparation de l’Église et de l’État.

C'est la matrice idéologique qui place le parti en opposition des conservateurs et le classe à gauche. L'aura des radicaux culmine dans l'Entre-Deux-Guerres alors qu'ils président de nombreux gouvernements de la IIIème République.

Si la majorité des radicaux votent les pleins pouvoir au maréchal Pétain en 1940, certains s'engagent dans la Résistance comme Jean Moulin, Jean Zay, Pierre Mendès France ou encore René Cassin.

Après-Guerre, les radicaux se retrouvent marginalisés car associés à l'échec de la IIIème République et déchirés sur la décolonisation de l'Algérie.

En 1972, le parti se scinde entre les «valoisiens» – du nom de la place de Valois où se situe le siège – et les «radicaux de gauche». Les radicaux valoisiens se positionnent au centre-droit pour accompagner l'UDF de Valéry Giscard d'Estaing puis le RPR de Jacques Chirac. Les radicaux de gauche, eux, soutiennent François Mitterrand.

En 2012, à l'initiative de Jean-Louis Borloo, ancien ministre de Nicolas Sarkozy, la création de l'Union des démocrates et indépendants (UDI) rassemble principalement les radicaux valoisiens, Force Démocrate de Jean-Christophe Lagarde et le Nouveau Centre de Hervé Morin. En 2017, les radiaux valoisiens soutiennent la candidature de François Fillon à la présidentielle.

Après l'élection, les radicaux de gauche acceptent de réunifier la famille. Le Mouvement radical social libéral (MRSL) est créé fin 2017, coprésidé par Laurent Hénart et Sylvia Pinel.

Le choix finalement du MRSL de soutenir la politique d'Emmanuel Macron et de s'associer à LREM pour les élections européennes de 2019 – au sein de la l'alliance baptisée Renaissance – provoque des départs. L'aile droite rejoint l'UDI. L'aile gauche fonde le Parti radical de gauche-Centre gauche.

Depuis juillet 2020, le MRSL compte deux membres du gouvernement : Joël Giraud (Ruralité) et Annick Girardin (Mer).

Le 2 septembre dernier, Laurent Hénart annonce que le MRSL reprend son nom historique de Parti radical puis, le 11 décembre, qu'il rejoint la «maison commune» pour soutenir une éventuelle candidature d'Emmanuel Macron. Le nom finalement retenu pour cette «maison commune» est Ensemble Citoyens et regroupe également le parti fondé par Édouard Philippe, Horizon.

Par ailleurs, le PRG-Centre gauche soutient à ce jour la démarche de Christiane Taubira dans le cadre de la présidentielle de 2022.

«Le rôle historique du Parti Radical n'est pas terminé»


«Notre message et les valeurs qui nous sommes très chères, notamment la laïcité est, aujourd'hui, un élément central pour éviter que la société française se fracture», déclare Jean-Philippe Morel ce samedi 18 décembre 2021 en présentant l'actualité du Parti radical. «On pense qu'on a toujours une mission historique à travers les valeurs et la philosophie qui nous imprègnent.»

«Le rôle historique du Parti radical n'est pas terminé», ajoute le Dijonnais en reprenant de récents propos de Jean-Louis Borloo, président d'honneur du parti.

«La radicalité, c'est une radicalité sur les principes républicains», précise Jean-Philippe Morel à l'heure où, dans les commentaires politiques contemporains, la notion de «radicalité» tend à se substituer à l'acception «révolutionnaire» du XXème siècle.

«On ne transige pas avec nos convictions républicaines. (…) Quand le radical Jean Moulin va au bout de ses convictions en 1943 et en meurt, c'est au nom de ses convictions et de la philosophie qui était la sienne depuis sa jeunesse ; il n'a pas transigé avec sa conception de la France et de la république», souligne l'avocat.

«Didier Martin a rejoint sa famille d'origine»


«On est ravi en Côte-d'Or de pouvoir prendre toute notre place dans le dispositif à venir de la majorité présidentielle comme on l'avait vécu avec Renaissance», s'enthousiasme Jean-Philippe Morel qui, à titre personnel, avait soutenu Emmanuel Macron dès 2017.

«Didier Martin a rejoint sa famille d'origine», annonce le président de la fédération départementale puisque l'actuel député LREM de la Côte-d'Or a été membre du Parti radical de gauche (PRG). «On est ravi en Côte-d'Or d'avoir un député qui a une double appartenance : République en Marche et Parti radical.»

Aux prochaines élections législatives, les candidats de la majorité présidentielle ne se marcheront pas sur les pieds. C'est même une des principales raisons d'être d'Ensemble citoyens : articuler les investitures dans chaque circonscription pour présenter un candidat unique.

Le Parti radical négocie actuellement la possibilité de présenter des candidats dans cinquante circonscriptions, pour des questions de financement public des partis politiques. Le Parti radical espère obtenir quinze élus et ainsi former un groupe à l'Assemblée nationale.

En Côte-d'Or, s'ils se représentent, les sortants LREM seront soutenus par les radicaux. Autant dire que, une fois sa candidature officialisée, Didier Martin aura l'avantage de cocher trois cases : député sortant, Marcheur et radical historique. Sur la deuxième et la quatrième circonscriptions, les soutiens reste encore à étudier par le parti.

La rénovation urbaine des Grésilles et le tramway


«Le Parti radical s'est nettement renforcé depuis 2020 dans la métropole», constate Jean-Philippe Morel. Aux élections municipales de 2020, le radical avait rejoint «l'ouverture» proposée par le socialiste François Rebsamen. Il est aujourd'hui conseiller municipal de Dijon, siégeant dans le groupe majoritaire Socialiste, radical, citoyen et apparenté, et vice-président de Dijon Métropole, délégué à la commission intercommunale de sécurité.

Localement, Jean-Philippe Morel met en avant le fait que Dijon a bénéficié du «dépassement des vieux clivages droite-gauche» quand Jean-Louis Borloo était ministre durant les présidences de Jacques Chirac et durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, fléchant des financements de l’État vers la rénovation urbaine des Grésilles et la réalisation des deux lignes de tramway. Encore aujourd'hui, François Rebsamen manque rarement une occasion de rendre hommage à l'action de Jean-Louis Borloo.

«Aujourd'hui, personne ne remet en question ce qu'a fait Jean-Louis Borloo en matière de rénovation urbaine ni le Grenelle de l'Environnement», ponctue Jean-Philippe Morel.

«Les lois de la République sont au-dessus des lois de la religion»


«Il faut remettre la mairie au cœur du village», glisse le radical en abordant le sujet de la laïcité. La mairie, pas l'église. «C'est ces valeurs-là qui font le vivre-ensemble républicain», insiste-t-il.

Jean-Philippe Morel se dit tout particulièrement «vigilant sur les atteintes à la loi de 1905» afin qu'il n'y ait pas «d’accommodement avec les principes».

«Quand on commence à altérer une loi qui a montré son efficacité, qui respecte la liberté des cultes, la liberté de conscience, la liberté de ne pas croire. Tout le monde peut s'y retrouver aujourd'hui. C'est un message fort. Il ne faut pas du tout transiger avec cette loi et la mettre en application partout où c'est possible à travers le contrôle de légalité. Ça fait partie de la mission de l’État de veiller à ce que la laïcité soit appliquée partout sur le territoire, qu'il n'y ait pas d'entorse. Les entorses à la laïcité, c'est, derrière, un engrenage qui complique le vivre-ensemble», développe le radical.

«Ça ne s'est pas fait sans douleur [l'application de la loi de 1905], les gendarmes à cheval allaient dans les églises pour faire l'inventaire des biens du clergé puisqu'il y avait une réticence même du pape qui avait appelé quasiment les catholiques à la désobéissance civile. On n'en est plus là aujourd'hui. Aujourd'hui, il y a évidemment d'autres religions – l'islam aussi – qui doivent s'approprier cette laïcité dans le sens de 1905. Tout cela avec beaucoup de pédagogie auprès des plus jeunes qui doivent comprendre que les lois de la République sont au-dessus des lois de la religion qui relèvent de la sphère privée», analyse Jean-Philippe Morel.

«C'est une démarche très politique de vouloir s'attaquer à la laïcité»


«L'école doit être un sanctuaire républicain de la laïcité, c'est le cœur du système, pour permettre que des enfants, des jeunes, imprégnés peut-être par d'autres systèmes ou d'autres cultures puissent comprendre qu'il y a une spécificité française avec laquelle on ne transigera pas», martèle le président de la fédération départementale.

«Les assos peuvent aussi jouer ce rôle-là», rebondit Maxime Moulazadeh, «les associations comme les centres aérés le mercredi ou même dans les clubs sportifs». «La laïcité dans les centres de loisirs de quartiers, il y a peut-être aussi une mission à assurer au sein de ces établissements récréatifs où l'on peut faire des activités qui ont un lien avec la laïcité. (…) Il faut remettre cette forme de solidarité républicaine dans certains quartiers qui ont pu être délaissés.»

Le «combat de la laïcité» qui a tiraillé Émile Combes et Aristide Briand en 1905 se rejoue en partie aujourd'hui dans la classe politique dans un contexte différent, non pas face à une religion dominante, alors le catholicisme, mais face à l'émergence de l'islamisme.

«Il y a une instrumentalisation des plus ultras de l'islamisme contre la laïcité à la française puisqu'ils n'admettent pas ce principe qui, effectivement, est fondamental. C'est l'islamisme politique qui s'en prend à la laïcité, ce n'est pas les musulmans en général, loin de là. C'est une démarche très politique de vouloir s'attaquer à la laïcité, relayée par une partie de la gauche qui a oublié ses fondamentaux, l'universalisme républicain», tient à préciser Jean-Philippe Morel.

«La laïcité est là pour garantir le culte des citoyens musulmans, elle les protège. (…) Ceux qui sont en affrontement avec la laïcité, ce sont les fondamentalistes, les extrémistes, et qui, eux, ne veulent pas de ce modèle-là», ajoute Maxime Moulazadeh. «Ce sont des ennemis de la République, ultra-minoritaires mais ils existent», complète Jean-Philippe Morel.

«Une présidentielle, c'est aussi s'inscrire dans l'histoire»


«On sent bien que le curseur est mis sur le récit national», analyse le radical dans le cadre de la pré-campagne, «on n'a pas tous le même». «Il y a la lecture de l'histoire par Monsieur Zemmour et il y a la lecture de l'histoire par d'autres qui sont plus dans le respect du travail des historiens.»

«Une présidentielle, c'est aussi s'inscrire dans l'histoire, qui est une continuité. La France n'est pas née en 2017. 1789 est l'événement qui pose les bases de notre société contemporaine. Le moment d'une présidentielle est évidemment le moment de se projeter vers le futur avec la force de nos valeurs et de notre histoire», s'exclame le radical.

Au niveau national, le parti finalise cent propositions pour alimenter le débat durant la campagne qui seront regroupées dans le «Manifeste pour l’Europe et la République pour tous». À son intitulé, l'on comprend que le Parti radical entend mettre l'accent sur l'intégration européenne pour prolonger son «rôle historique».

Jean-Christophe Tardivon


Jean-Philippe Morel, président de la fédération départementale de Côte-d'Or du Parti radical, et Maxime Moulazadeh, secrétaire général de la fédération


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