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12/06/2021 00:23
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RÉGIONALES : Bernard Cazeneuve prône «un rassemblement large» autour de Marie-Guite Dufay pour «éviter que le Front National ne gagne cette Région»

Venu ce vendredi 11 juin soutenir le socialiste Antoine Hoareau sur le canton Dijon 1, les propos de Bernard Cazeneuve en opposition au Rassemblement National ont rapidement concerné les élections régionales voire même la présidentielle. «Le relâchement de l'esprit républicain laisse aux populistes un espace de développement», a analysé l'ancien Premier ministre de François Hollande.
Les candidats rivalisent pour attirer l'attention des électeurs en mobilisant des personnalités nationales se déplaçant en Bourgogne-Franche-Comté et, plus spécifiquement à Dijon.

Après une vidéo avec la maire de Paris Anne Hidalgo (PS), Antoine Hoareau (PS) a décroché la venue de l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve (PS) ce vendredi 11 juin 2021.

Le canton Dijon 1 en ligne de mire


Candidat sur le canton Dijon 1 (lire notre article), Antoine Hoareau est également secrétaire de la section dijonnaise du Parti Socialiste, ce qui explique que sa binôme pour les élections départementales, Karine Savina (Génération Écologie) soit restée en retrait durant les interventions.

Autour des titulaires, les remplaçants Jacques Cardis (PS) et Souad Samade (EELV) étaient également présents. Le quatuor se lance dans ses élections en Côte-d'Or dans le cadre d'une alliance constituée par le Parti Socialiste, Europe Écologie Les Verts, Génération Écologie, Cap Écologie, le Parti Communiste Français et Génération.s (lire le communiqué).

Le Parti Socialiste en avant


Pour autant, ce vendredi soir, c'est bien le Parti Socialiste qui est sur le devant de la scène, autour de celui qui fut Premier ministre durant cinq mois et ministre de l'Intérieur d'avril 2014 à décembre 2016 sous le quinquennat de François Hollande. Autour de la table, le temps d'une conférence de presse au restaurant La Menuiserie, les places sont limitées à six personnes, gestes barrières obligent.

Sont là François Rebsamen (PS), maire de Dijon, Marie-Guite Dufay (PS), présidente de Région sortante et qui se représente, Antoine Hoareau donc ainsi que deux colistières de Marie-Guite Dufay : Nadjoua Belhadef (PS), adjointe au maire de Dijon, et Océane Charret-Godard, vice-présidente de la Région sortante.

«Faire barrage à l'extrême-droite et à la droite extrême»


«On porte les mêmes combats au niveau départemental et au niveau régional, des combats pour faire barrage à l'extrême-droite et à la droite extrême, pour défendre les valeurs de la République qui sont les nôtres : la liberté, l'égalité, la fraternité», déclare Antoine Hoareau. Le ton est donné. Les interventions porteront sur les potentielles victoires électorales de candidats du Rassemblement National, dans les cantons ou à la Région.

«Aujourd'hui, on assiste à une nationalisation [des] scrutins, alors que nous avons à répondre à des questions concrètes au niveau des compétences de chacune de nos collectivités», recadre Marie-Guite Dufay qui déplore que le thème nationale de la sécurité s'invite dans les scrutins locaux faisant passer à l'arrière-plan de la campagne le développement économique, l'innovation, l'agriculture, la cohésion sociale ou encore le développement durable.

«Sous le quinquennat de François Hollande, il a été créé 9.000 postes de policiers et de gendarmes»


L'ancien ministre de l'Intérieur débute son propos en rappelant être venu à Dijon pour inaugurer une école de gendarmerie en 2016 dans le cadre de la restructuration de l'ancienne BA 102 à Longvic. Il a beau jeu de rappeler que durant le mandat de Nicolas Sarkozy, «il avait été supprimé treize écoles de police et de gendarmerie et 13.000 postes dans la police et la gendarmerie» tandis que «sous le quinquennat de François Hollande, il a été créé 9.000 postes : 6.000 postes dans la police et la gendarmerie de proximité, 3.000 postes dans les services de renseignement, et nous avons créé six écoles».

Bernard Cazeneuve salue une ville ayant «une tradition de rassemblement de toutes les forces de progrès». Là aussi, le ton est donné : ne pas recevoir de leçons sur la sécurité et appeler au rassemblement pour remporter les échéances électorales.

«Une ville où il y a une dynamique de transformation urbaine exceptionnelle»


L'invité rend hommage à ses hôtes en évoquant «une ville où il y a une dynamique de développement économique et de transformation urbaine exceptionnelle» et «une région où vous avez Madame la présidente contribuez ces dernières années à donner beaucoup d'ampleur aux politiques de développement économique, de développement culturel, aux politiques de développement de la formation pour permettre à toutes les catégories de population d'avoir accès à l'emploi, de développement des politiques tournées autour du développement durable et de développement aussi des actions destinées à faire en sorte que cette région reste une et indivisible et rassemblée autour des grandes valeurs de la République».

«Un rassemblement large autour de la présidente sortante»


«Toutes les politiques qui ont été mises en œuvre et qui ont été portées au cours des dernières années à la fois dans les collectivités, les Métropoles et la Région, seraient mises en pièce immédiatement si le Front National (sic) avait une possibilité d'atteindre son but», alerte Bernard Cazeneuve. Entre l'action de la Région et de la Métropole de Dijon, Bernard Cazeneuve analyse qu'«il y a des politiques publiques de grande ampleur».

«Je suis venu ici parce que je ne veux dans aucune région de France que le Front National puisse atteindre son but politique», assène le socialiste. Pour cela, «un rassemblement large autour de la présidente sortante et de ses équipes est la meilleure stratégie si nous voulons éviter que le Front National ne gagne cette Région».

«Il y a ce à quoi nous tenons dans la République par-dessus tout, ce sont les valeurs de fraternité, de concorde, de vivre-ensemble qui sont au creuset de la République et sans lesquelles nous prendrions le risque d'organiser l'affrontement de tous contre tous», insiste Bernard Cazeneuve.

L'ancien ministre de l'Intérieur met en avant l'opposition du Front National sur l'arsenal législatif français ou européen déployé entre 2012 et 2017. Loi sur le renseignement pour prévenir des attentas, dispositif européen d'identification des passagers à risque, budgets augmentant les crédits de fonctionnement de la police et de la gendarmerie, réforme du code frontière Schengen pour contrôler les Européens revenant des conflits en Irak et Syrie... «le Front National a voté contre».

«Le Rassemblement National dans la région est assez conforme à ce qu'il est partout ailleurs : extrémiste et outrancier. La droite régionale a pour le Rassemblement National les yeux de Chimène, notamment dans certains cantons de la ville», glisse Bernard Cazeneuve à propos du canton de Dijon 1.

«Le relâchement de l'esprit républicain laisse aux populistes un espace de développement»


«Il y a plusieurs éléments qui expliquent l'enracinement du Front National dans le pays. D'abord le fait que la question sociale, de la disparité territoriale, de la relégation d'un certain nombre de territoire – les Gilets Jaunes l'ont montré – est un phénomène ancien et profond (…) face auquel l'actuel gouvernement n'a pas réussi – alors même qu'Emmanuel Macron a été élu avec un large rassemblement progressiste contre Marine Le Pen – à apporter les réponses qu'il convenait. Deuxièmement, il y a une nouvelle manière de communiquer politiquement à travers la numérisation et le développement d'Internet qui fait que les outrances sont plus facilement convoquées aujourd'hui qu'hier donc le populisme trouve à s'épanouir davantage aujourd'hui. Il y a aussi dans beaucoup de formations politiques une perte de vue de ce que sont les principes républicains et les comportements républicains. Le relâchement de l'esprit républicain laisse bien entendu aux populistes un espace de développement qu'il n'avait pas connu jusqu'à présent. C'est dans le ressaisissement des républicains, quelque soit leur appartenance politique, que se trouve une grande partie de la réponse à la montée depuis maintenant près de trente ans du Front National et à son enracinement dans le paysage politique. Il ne faut pas être mollement républicain quand on veut lutter contre le Front National, il faut l'être ardemment», analyse Bernard Cazeneuve.

Marie-Guite Dufay, candidate «la plus efficace» pour éliminer le Rassemblement National au second tour


«Si on veut bien éliminer au second tour celui dont on ne veut pas, il faut préférer au premier [le candidat] qui est le plus efficace pour éliminer au second», envisage le socialiste qui, évidemment, Marie-Guite Dufay est la candidate «la plus efficace» pour éliminer le Rassemblement National au second tour.

«Pour faire barrage au Front National, il faut regarder l'équilibre des forces. Aujourd'hui, il est à gauche. Je mène une liste de gauche qui n'est pas complètement rassemblée. (…) Donc je pense qu'elle se rassemblera très fortement au second tour. La question de La République En Marche est une donne nouvelle par rapport au scrutin de 2015. (…) C'est vrai qu'on ne les connaît pas sur des scrutins locaux. Avec La République En Marche, on est déjà sur le scrutin de la présidentielle. Je pense qu'ils sont comme les Verts, ils ont besoin de se compter à ce scrutin pour la prochaine présidentielle», analyse Marie-Guite Dufay qui ajoute «les Verts seront avec nous au second tour».

Bernard Cazeneuve favorable à la présence d'un candidat du PS à la présidentielle


Puisque la présidentielle est déjà en filigrane de ces régionales et puisque la stratégie pour aborder la prochaine échéance fait déjà débat au sein même de la gouvernance du PS (lire le communiqué de Pierre Pribetich), Bernard Cazeneuve livre sa position à ce sujet.

«Un grand parti de gouvernement qui n'a pas de candidat aux élections présidentielles cesse d'être un grand parti. Si notre objectif est de devenir un tout petit parti marginal, il est préférable de ne pas avoir de candidat à l'élection présidentielle. Si on veut être un grand parti de gouvernement, ce qui a toujours été le cas dans l'histoire de notre organisation depuis des décennies, il vaut mieux en avoir un», indique-t-il.

Après ces considérations, Marie-Guite Dufay a rejoint son équipe de campagne pour un meeting numérique prévu de longue date. Bernard Cazeneuve, François Rebsamen et Antoine Hoareau ont alors donné le top départ d'une déambulation dans le centre-ville de Dijon, empruntant la rue de la Liberté pour rejoindre la salle Devosge afin de participer à «une réunion interne» du Parti Socialiste.

Jean-Christophe Tardivon































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