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17/06/2021 05:52

RÉGIONALES : Marie-Guite Dufay et François Rebsamen appellent les Dijonnais à se mobiliser pour «la victoire de la gauche»

«La gauche est le seul rempart aux ambitions du Rassemblement National», a déclaré Marie-Guite Dufay en meeting salle Devosge ce mercredi 16 juin tandis que François Rebsamen incitait à un «rassemblement républicain».
Ce jeudi 16 juin 2021, François Rebsamen (PS) a mis son poids politique dans la balance pour faire pencher une campagne électorale étouffée par les considérations nationales.

Le 25 mai dernier, l'équipe de campagne de Marie-Guite Dufay (PS) avait annoncé la liste des meetings numériques en calant le dernier le 16 juin avec pour thème la Côte-d'Or. Le meeting numérique a été avancé au 15 juin et un meeting en présentiel a été calé à Dijon juste avant le premier tour.

Après la réunion de Lutte Ouvrière à Dijon le 11 juin dernier, c'est seulement le second meeting physique de cette campagne des élections régionales en Bourgogne-Franche-Comté. Pour autant, les gestes barrières s'appliquent encore. Un siège sur deux, port du masque de protection, pas d'étreinte au sortir de la tribune, pas de mains levées en chœur...

Avec sa jauge réduite, la salle Devosges atteint son quota. Environ 120 personnes sont présentes dont de nombreux colistiers bien sûr ainsi que des élus locaux dont certains ont fait le déplacement depuis la Franche-Comté. Les MJS sont dans la place, agitant quelques drapeaux dans une atmosphère pesante.

Alors que la Côte-d'Or a battu un record de chaleur de près d'un siècle, la torpeur n'incite pas à l'exubérance. La gravité de la situation non plus. Le Rassemblement National serait aux portes du pouvoir. Communistes, socialistes et radicaux entendent mobiliser pour que la prédiction des sondages ne se transforme pas en réalité.

La thématique de la sécurité, «instrumentalisée pour fracturer la société»


Coanimatrice du meeting, Océane Charret-Godard commence par cibler des concurrents. Juliend Odoul ? Il est vu comme proposant «des miradors en face de chaque lycée». Gilles Platret ? Il participe à «l'école des fans» avec Laurent Wauquiez en invité. Denis Thuriot ? Un candidat «sous assistance politique» avec le défilé de ministres «du Premier au dernier en passant par le président de la République».

Après avoir évoqué les points forts du bilan de la présidente sortante, le coanimateur Michel Neugnot donne la parole en premier à Évelyne Ternant, animatrice du Parti Communiste Français en Bourgogne-Franche-Comté.

Défendant des questions sociales et environnementales, la communiste s'étonne d'un «paradoxe qui en dit long sur la droitisation des idées, sur un pouvoir médiatique dominé par le monde des affaires» : «c'est la sécurité qui envahit la campagne».

Si Évelyne Ternant reconnaît «un sujet de préoccupation, un particulier dans les quartiers populaires», elle déplore que la problématique de la sécurité soit «instrumentalisée pour fracturer la société, trouver des boucs émissaires notamment l'immigration, effacer la question sociale et emmener le débat public dans des impasses», ce qui conduirait à «un affaissement de la démocratie».

La communiste se dit attachée au triptyque «emploi, transition écologique, fraternité» qui a servi de socle à l'alliance avec le Parti Socialiste et le PRG-Centre gauche.

Pour autant, Évelyne Ternant prévient la tête de liste : «les communistes seront des partenaires loyaux (…) sans pour autant mettre leurs idées au fond de la poche avec un mouchoir par dessus». Et de tracer des lignes rouges : «rapport aux politiques européennes d'ouverture des services publics à la concurrence, (…) analyse des politiques de baisse du coût du travail qui oublie le coût du capital, question démocratique sur le lieu de vie et sur le lieu de travail».

La communiste appelle finalement à une «victoire» de «toute la gauche, rien que la gauche» dans un propos très applaudi.

Un ennemi, l'abstention


«L'union de la gauche, c'est nous qui l'incarnons», scande Patrick Molinoz, délégué général du PRG Le Centre Gauche. «Les trois plus vieux plus partis politiques de ce pays qui, depuis le début du XXème siècle, ont, patiemment, progressivement, conquis toutes les victoires sociales qui amène à ce modèle unique qui, aujourd'hui, fait la France», rappelle-t-il en insistant également sur les valeurs de fraternité et de laïcité.

Avec cet historique, Patrick Molinoz estime que «personne d'autre que notre liste ne peut faire barrage à une prise de pouvoir [du Rassemblement National] en Bourgogne-Franche-Comté» pour «maintenir cette Région dans le camp du progrès et de la République». Dans ce contexte, le radical de gauche ne se voit qu'un ennemi, «l'abstention».

«Sans la capitale régionale, la Région ne serait pas de gauche»


Entre métaphores sportives et référence à Karl Marx, François Rebsamen (PS) assume un tropisme dijonnais et raille le parisianisme : «au niveau national, on n'en parle pas [des départementales], on ne sait même pas si ça existe, c'est normal, Paris, il n'y a pas d'élection départementale donc on ne sait pas qu'il y en a en France».

«Sans la capitale régionale, (…) la Région ne serait pas de gauche», lance le socialiste à une salle un rien surprise. «À Dijon, aux dernières municipales, le FN (sic) a fait moins de 7% ; c'est aussi le travail que nous avons fait. La capitale régionale peut aussi être une fierté de la Région. Si la Métropole, si la Ville de Dijon était à droite, notre Région ne serait pas à gauche. Il y a des vérités qu'il faut rappeler de temps en temps pour encourager les électeurs de Dijon à aller voter dimanche pour que Dijon apporte sa pierre à la victoire de la gauche et à la victoire de l'équipe de Marie-Guite Dufay», argumente-t-il sous des applaudissements qui finissent par se déclencher.

Une manière de mobiliser les électeurs dijonnais tout en signalant à quel territoire pourrait être due une éventuelle victoire.

«On connaît les difficultés du monde rural mais il faut reconnaître les difficultés du monde urbain», assène François Rebsamen. C'est là un cheval de bataille du président de Dijon Métropole : contrer les reproches adressés à la capitale de la Bourgogne-Franche-Comté en mettant en avant le rayonnement des services localisés sur le territoire métropolitain. «Avançons ensemble», résume-t-il.

À l'heure du bilan de la fusion, François Rebsamen tisse un lien entre les actions de la Métropole et de la Région avec les «3.000 emplois supplémentaires» créés sur le territoire métropolitain depuis 2015.

François Rebsamen appelle les électeurs à voter pour le premier tour. «Après on verra», lance-t-il car, «ce n'est pas le moment de parler du second tour». «Celle qui saura rassembler, c'est [Marie-Guite Dufay] et pour qu'elle soit en capacité de rassembler, il faut qu'elle soit le plus haut possible dimanche soir. (…) Après, ça ira, le rassemblement républicain, elle le porte déjà donc elle le réussira forcément», ajoute-t-il en insistant sur cette notion de «rassemblement républicain».

«Nous avons tenus tous nos engagements»


Rapidement, une fois à la tribune, Marie-Guite Dufay évoque à son tour la «menace du Front National» qui «capitalise sur les peurs, sur les doutes des habitants de notre région (…) sans idée précise de reconstruction de ce qui ne va pas».

La candidate déplore que le scrutin soit «nationalisé» et rappelle que «ce qui compte, c'est la Région» en listant les compétences spécifiques de la collectivité.

La présidente sortante se dit «fière» de son bilan : «nous avons tenus tous nos engagements». «Tout au long du mandat, nous avons cherché à concilier développement économique et développement des solidarités», insiste-t-elle.

«La gauche est le seul rempart aux ambitions du Rassemblement National»


Alors que le meeting clôture une journée dijonnaise, la candidate revient sur les propositions en matière de formation professionnelle formulées lors d'une table-ronde avec des demandeurs d'emploi.

S'appuyant sur la carte du financement de la formation, Marie-Guite Dufay établit un lien entre le relativement faible budget de la Région Auvergne-Rhône-Alpes dans ce secteur et les investissements en matière de sécurité.

«L'insécurité est un vrai sujet d'inquiétude et de préoccupation de nos concitoyens», concède la candidate, «nous, on fait le choix de la protection en sécurisant les parcours professionnels par la formation, en mettant la formation comme une contrepartie aux aides de la Région en matière économique».

Les investissements dans la sécurisation des lycées et des transports en commun, relevant des compétences de la collectivité, sont évoqués avec leur pendant, «les actions d'éveil, de citoyenneté, d'accès à la culture», convoqués pour souligner la différence entre «une Région de droite et une Région de gauche». Ce qui suscite des applaudissements nourris.

Faisant écho aux propos précédents de François Rebsamen, Marie-Guite Dufay indique ne pas vouloir établir de «clivage» entre les territoires ruraux et urbains mais aborder «la solidarité qui est au cœur d'une Région de gauche» envers «les territoires les plus pauvres».

La candidate boucle avec une fin de discours consacré au RN : «en 2015, la gauche, moins rassemblée qu'aujourd'hui, a été le rempart contre le Front National. Six ans après, après que nous ayons déroulé et tenu tous nos engagements, la gauche de nouveau dans cette région est le seul rempart aux ambitions du Rassemblement National. Notre responsabilité est immense mais je sais pouvoir compter sur vous !»

À ce jour, l'équipe de campagne n'a pas encore calé de meeting de second tour, que ce soir numérique ou physique. La candidate indique ne pas solliciter de personnalité extra-régionale pour éviter de contribuer à «nationaliser» la campagne électorale.

Jean-Christophe Tardivon

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