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20/05/2025 18:52

RELATIONS INTERNATIONALES : La Bourgogne-Franche-Comté, Dijon et Vinnytsia s'engagent pour préparer «l'après-guerre» en Ukraine

«Ce partenariat illustre la capacité des collectivités territoriales à participer à la construction de la paix», a déclaré Nathalie Koenders, le 13 mai dernier, à Dijon. Au nom de la Région Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay a souhaité que l'Ukraine intègre l'Union européenne d'ici 2035.
Un accord de coopération a été signé, le mardi 13 mai 2025, à Dijon, pour formaliser les liens entre quatre collectivités territoriales de France et d'Ukraine en vue de la préparation de «l'après-guerre» ainsi que de la reconstruction.

La Métropole de Dijon, la Ville de Vinnytsia, la Région Bourgogne-Franche-Comté et la Région (oblast) de Vinnytsia s'engagent ainsi dans un partenariat qui porte notamment sur les secteurs de la santé, l'enseignement supérieur, l'assainissement de l'eau, l'agroalimentaire et l'innovation.

Située dans la région géographie de Podolie, à l'ouest de l'Ukraine, limitrophe de la Moldavie, la ville de Vinnytsia se déploie de chaque côté du Boug oriental, fleuve qui se jette dans la mer Noire. Elle comptait 370.000 habitants en 2024.  L'oblast de Vinnytsia recensait 1,5 million d'habitants en 2021. Vinnytsia est située à 1.750 km de Dijon, à vol d'oiseau.

Des échanges avec Vinnytsia initiés par Vitagora dès 2021


Dès le début de l'agression russe, en 2022, des collectivités ont apporté leur soutien à l'Ukraine d'abord par des actions humanitaires puis par l'accueil de réfugiés.

Ensuite, s'appuyant sur de premiers échanges initiés auparavant par le pôle de compétitivité agroalimentaire Vitagora et portant sur les sujets de la transition écologique et de la gestion l'eau, des contacts se sont noués avec la Région (oblast) de Vinnytsia pour un premier déplacement en 2023.

En avril 2024, s'est rendue à Vinnytsia une délégation conduite par Patrick Molinoz (PRG), vice-président de la Région Bourgogne-Franche-Comté chargé notamment des actions internationales, et Nathalie Koenders (PS), vice-présidente de la Métropole de Dijon.

La délégation ukrainienne visite On Dijon, le CHU et le CREPS


La délégation ukrainienne était composée notamment de Vladislav Skalskyy, adjoint au maire de Vinnytsia chargé des relations internationales, Halyna Yakubovych, adjointe au maire de Vinnytsia, et d'Ihor Ivasiuk, vice-président de la Région de Vinnytsia.

Guidés par Lydie Pfander-Meny (PRG), adjointe au maire de Dijon chargée notamment des relations internationales, les membres de la délégation ont découvert le centre de supervision urbaine On Dijon, ont échangé au CHU Dijon Bourgogne à propos des perspectives de coopération médicale et universitaires et ont visité le Centre de ressources, d'expertise et de performance sportive de Bourgogne-Franche-Comté (CREPS).

«L'ordre mondial vacille»


«L'abominable guerre que le Kremlin a choisi de faire éclater sur le continent européen, il y a maintenant plus de trois ans, est une tragédie pour l'Ukraine et l'humanité toute entière», déclare Nathalie Koenders pour lancer les discours officiels. «Face à une violence russe inouïe qui, chaque jour, continue d'arracher civils et militaires à la vie, aucun mot ne saurait suffire pour exprimer véritablement la douleur d'un peuple aussi meurtri.»

«Ensemble, en lien étroit avec nos partenaires académiques, économiques et institutionnels, nous faisons le choix de conjuguer nos forces et nos énergies pour avancer main dans la main», indique la première vice-présidente de la Métropole de Dijon à propos de la convention signée ce jour. «Je veux exprimer tout le respect que m'inspirent la dignité, la résilience et la capacité du peuple ukrainien à agir et à se projeter vers l'avenir.»

La socialiste s'étonne «des stupéfiantes prises de position du président américain [NDLR : Donald Trump] qui, pour la première fois de l'histoire, ne soutient pas clairement l'agressé et se montre conciliant à l'égard du dictateur russe». «L'ordre mondial, hérité de la fin de la Guerre froide, vacille, mettant à l'épreuve la capacité de l'Europe à s'affirmer, conformément à son ambition, comme force motrice de la paix et la coopération internationale.»

«Ce partenariat illustre la capacité des collectivités territoriales à participer à la construction de la paix»


«Vinnystia pourra compter sur la Ville de Dijon afin de relever les défis de la reconstruction et accompagner l'intégration de l'Ukraine à l'Union européenne», ajoute Nathalie Koenders.

«[Ce] partenariat illustre, une fois encore, la capacité des collectivités territoriales à contribuer concrètement à la construction de la paix et au renforcement des liens entre les peuples», conclut la vice-présidente de la Métropole, «cet acte de coopération représente une promesse de solidarité, une preuve d'amitié et le symbole de notre avenir franco-ukrainien commun. Les kilomètres, de l'ordre de 2.100 entre Dijon et Vinnytsia, ne nous séparent pas, ils nous relient.»

Le discours de Nathalie Koenders est suivie d'un message vidéo de Serhiy Morhunov, maire centriste et pro-européen de Vinnytsia, retenu dans sa commune en raison de la guerre.

«L'Ukraine se bat pour les valeurs de l'Europe en paix»


Vladislav Skalskyy se félicite d'«une signature très importante pour la compréhension entre nos deux régions» et évoque «un avenir européen» (selon la traduction assurée par les interprètes).

«À la fin de la Seconde Guerre mondiale, on a eu cette victoire ensemble, on était ensemble contre le nazisme», rappelle l'adjoint au maire de Vinnytsia, «il ne faut pas garder le silence devant le mal».

«En Ukraine, tout le monde connaît la guerre comme la routine quotidienne», déplore-t-il, «l'Ukraine se bat pour ses valeurs, les valeurs de l'Europe en paix». «Malgré tout, nous tenons à la dignité, à la liberté et à des valeurs européennes.»

Le représentant de la commune indique à l'assistance que Vinnytsia accueille 150.000 réfugiés venant des régions où se déroulent les principaux affrontements avec l'armée russe ainsi que des industries relocalisées : «c'est un lieu de la résilience, même pendant la guerre».

«Il y a un avenir très important pour cette collaboration»


Vladislav Skalskyy espère que les Ukrainiens vont sortir de la guerre «plus Européens» et conclut son propos en lançant le traditionnel «gloire à l'Ukraine».

«L'Ukraine est sur le front en défendant les valeurs européennes», développe abonde le vice-président de la Région de Vinnytsia qui dénonce «toutes ces choses que plusieurs populistes cherchent à modifier dans les conditions de l'Union européenne» dont «ceux qui se permettent d'applaudir le pays agresseurs».

«Pour Vinnystia et pour Dijon, les valeurs les plus importantes sont la résilience et la dignité», relève-t-il, «quand nous sommes ensemble, il n'y a rien qui peut nous briser».

«Il y a un avenir très important pour cette collaboration», envisage-t-il avant de remercier «les Dijonnais, les habitants de Bourgogne-Franche-Comté et toute la France pour ce soutien». «Tous ensemble nous allons parvenir à la victoire ! Gloire à l'Ukraine !»

«Le régime de Vladimir Poutine puise dans les pire ferments de notre histoire européenne»


«L'Ukraine a besoin d'alliés pour résister à l'impérialisme et au nationalisme russe, inséparable du régime de Vladimir Poutine, un régime ennemi de la démocratie, de l'Union européenne, des peuples qui veulent vivre libres», déclare avec gravité Marie-Guite Dufay, «ce régime violent, cruel, puise dans les pire ferments de notre histoire européenne alors que nous marquons, en cette année 2025, le 80ème anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et de la libération du joug fasciste».

«Cette guerre d'invasion de l'Ukraine voulue, planifiée, orchestrée par le régime de Vladimir Poutine a de très sombres résonances», insiste la socialiste, alors que le peuple ukrainien a souffert à la fois du régime stalinien dans les années 1930, puis du régime nazi dans les années 1940.

«Une volonté commune d'agir ensemble au service des populations»


Selon Marie-Guite Dufay, des échanges initiés en 2021 et ravivés en 2023 résulte «un véritable partenariat fondé sur la confiance, le respect et l'envie de bâtir ensemble un avenir commun». «Ce partenariat à quatre scelle notre volonté commune d'agir ensemble au service des populations.»

Ainsi, la Région Bourgogne-Franche-Comté contribue-t-elle à un projet de réhabilitation d'un centre social pour enfants en situation de handicap, la formation de gestionnaires locaux de l'énergie pour améliorer l'efficacité énergétique de bâtiments publics et la création d'une agence de la démocratie locale avec l'appui d'une ONG, l'Association européenne pour la démocratie locale, ainsi qu'au le développement de projets médicaux universitaires et éducatifs, notamment dans le champ de la gynécologie et de la cardiologie.

Marie-Guite Dufay souhaite que l'Ukraine intègre l'Union européenne d'ici 2035


«Notre coopération ne se limite pas aux institutions, elle implique toute une société régionale, engagée, solidaire, déterminée à participer à l'élan démocratique de l'Ukraine», assure la responsable de l'exécutif régional qui réitère «l'engagement de la Bourgogne-France-Comté du côté des valeurs européennes et des principes qui fondent l'essence de notre République».

«Vinnytsia n'est pas seule, l'Ukraine n'est pas seule», scande Marie-Guite Dufay, «la Bourgogne-Franche-Comté veut être un partenaire fiable, qui croit en la démocratie, en l'état de droit, en la liberté et en la paix, qui fait le choix de la coopération plutôt que de l'indifférence, du lien plutôt que du repli».

Ainsi, une proposition de jumelage entre la Région et l'oblast sera soumis au vote des élus régionaux, le 27 juin prochain.

Après avoir salué «l'immense courage de nos amis Ukrainiens», la socialiste déclare que «ce combat leur fait honneur, ce combat est aussi le nôtre». «Ensemble, nous continuerons à avancer et à vous soutenir dans la reconstruction de votre pays afin que votre peuple intègre l'Union européenne dans la décennie qui vient». «Vive l'Europe ! Slava Oukraïni [Gloire à l'Ukraine!]»

«Vinnytsia est devenu un symbole de progrès dans le domaine de l'économie»


«Le peuple ukrainien est debout», enchaîne Ihor Ivasiuk qui salue la «sympathie» du peuple français. «Nous ne sommes pas seuls dans cette lutte pour notre liberté et cette indépendance.»

«Vinnytsia est devenu un symbole de progrès dans le domaine de l'économie», poursuit le vice-président de la Région de Vinnytsia, «nous sommes intéressés par des programmes d'échanges qui vont aider à former des spécialistes dans leur domaine».

L'oblast compte une université agraire, une université pédagogique et accueille l'université relocalisée de Donetsk, des établissements de santé spécialisés en transplantation ou en chirurgie cardiaque.

Le représentant de l'exécutif régional souhaite également que des échanges se développent aussi dans le champ culturel et en matière de décentralisation.

«Ce contrat est un pas très important vers notre coopération et notre compréhension», conclut Ihor Ivasiuk.

Une table-ronde sur les collectivités territoriales et la paix


Dans le palais des ducs de Bourgogne, la signature se déroule en présence de Jaroslav Kurfürst, ambassadeur de la République tchèque en France, et de représentants d'institutions dont le CHU Dijon Bourgogne, l'Université Bourgogne Europe, l'Université de technologie Belfort-Montébliard, l'antenne dijonnaise de Sciences Po Paris ainsi que d'associations ukrainiennes à Dijon.

La cérémonie se termine par la diffusion des hymnes nationaux ukrainien et français tandis que l'événement se prolonge par une table-ronde intitulée «Quelle paix en Europe en 2025 ? Face à l'instabilité géopolitique, que peuvent les villes et les territoires ?», réunissant quelques 150 personnes dans la salle des États, dans le cadre du Printemps de l'Europe.

Jean-Christophe Tardivon































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