> Vie locale > Vie locale
21/11/2023 19:17

SANTÉ : Le Centre Georges-François Leclerc crée une unité de radiothérapie interne vectorisée

Ce «nouvel outil pour le traitement personnalisé des cancers métastatiques» constitue une première en Bourgogne-Franche-Comté. Venu de la Saône-et-Loire, le premier patient témoigne.
Centre de référence en cancérologie de Bourgogne Franche-Comté, le CGFL a récemment créé la toute première Unité de Radiothérapie Interne Vectorisée de la Région pour proposer cette innovation thérapeutique aux patients atteints de cancers, notamment métastatiques de la prostate, de tumeurs neuroendocrines, digestives, de la thyroïde,...).

Qu’est-ce que la RIV ?

Innovation thérapeutique de rupture pour le traitement de certains cancers métastatiques, la Radiothérapie Interne Vectorisée consiste en l’administration aux patients de petites molécules porteuses d’un atome radioactif, qui vont reconnaître et se fixer sur une cible exprimée ou surexprimée par les cellules tumorales. Ainsi, la radioactivité délivrée directement sur les cellules tumorales va provoquer des dommages sur leur ADN stoppant la progression de la maladie.

Ces traitements sont administrés sous la responsabilité des médecins nucléaires, en étroite collaboration avec les oncologues médicaux sous forme d’injection répétée sur 4 à 6 cycles, toutes les 3 à 6 semaines d’intervalle.

Une approche théranostique

Cette technique combine donc les caractéristiques de la radiothérapie et de la chimiothérapie. Elle peut également être combinée avec des outils diagnostiques « compagnons », permettant de prédire l’efficacité du traitement et de s’inscrire ainsi dans une démarche de médecine de personnalisée.

Quelles sont les applications actuelles et les perspectives futures ?

Les résultats de cette innovation thérapeutique avaient été dévoilés au congrès mondial de cancérologie de l’ASCO en juin 2021. Présentée comme une révolution dans le traitement des cancers métastatiques, cette toute nouvelle modalité thérapeutique a été proposée, dès début 2022, aux patients du Centre régional de lutte contre le cancer.

Devant le développement exponentiel de cette activité, les équipes ont réorganisé les activités et engagé les travaux nécessaires à créer une unité exclusivement dédiée à cette prise en charge, en offrant ainsi un meilleur confort de soin pour les patients et un meilleur confort de travail pour les équipes soignantes.

Jusqu’alors disponible uniquement pour certains cancers métastatiques de la prostate ou plutôt rares tels que le cancer de la thyroïde et les tumeurs neuroendocrines, d’autres applications sont désormais possibles et envisagées : tumeurs cérébrales, cancers du sein, cancers du pancréas....

Quelle est la place de la recherche ?

Au-delà de l’organisation des soins, le CGFL est également fortement impliqué dans des projets de recherche sur la RIV. Avec ses partenaires académiques et industriels (laboratoire ICMUB de l’Université de Bourgogne et société OPM (Oncodesign Precision Medicine), un financement de plus de 7 M€ a été obtenu par le biais de Fonds Européens de Développement Régional (FEDER) pour développer de nouvelles molécules de RIV ciblant les cancers digestifs. L’objectif est de pouvoir proposer ces nouveaux traitements aux patients d’ici 5 ans.

A propos du CGFL

100 % expert du cancer, le Centre Georges-François Leclerc est l’un des 18 Centres français de Lutte Contre le Cancer, membres du réseau UNICANCER, seul groupe hospitalier exclusivement dédié à la cancérologie. Il assure des missions de service public dans le domaine du diagnostic et du traitement des malades, de la recherche et de l’enseignement en cancérologie.

Au service de 26 000 patients soignés chaque année, ses équipes s’appuient sur le développement d’activités innovantes multiples : médecine moléculaire, génomique, immunothérapie, imagerie préclinique et clinique, développement précoce de nouveaux médicaments, radiothérapie de haute précision, radiothérapie interne vectorisée, ....

Son équipe de médecins-chercheurs, reconnue au plus haut niveau international, offre une médecine personnalisée sans dépassement d’honoraires ni activité libérale, et développe une recherche qui bénéficie directement aux patients, s’appuyant sur ses plateformes de recherche translationnelles labellisées et son Centre de Recherche Clinique certifié pour conduire des travaux allant de la recherche fondamentale à la recherche clinique et incluant la recherche en qualité de vie.

Etablissement hospitalo-universitaire reconnu d’utilité publique, le CGFL est habilité à recevoir des dons et legs.

Le CGFL compte 1000 salariés dont 162 médecins et 115 chercheurs. Son budget annuel est de 130M€ dont 10 % consacrés à la recherche et l’innovation.

Qu'est-ce que la RIV ?

La Radiothérapie Interne Vectorisée (RIV) est une innovation thérapeutique de rupture pour le traitement de certains cancers métastatiques. Elle consiste en l’administration aux patients de petites molécules porteuses d’un atome radioactif, qui vont reconnaitre et se fixer sur une « cible » exprimée ou surexprimée par les cellules tumorales. La radioactivité ainsi délivrée directement sur les cellules tumorales va provoquer des dommages sur leur ADN et ainsi stopper la progression de la maladie. Ces traitements sont administrés sous la responsabilité des médecins nucléaires, en étroite collaboration avec les oncologues médicaux.

La RIV en 4 actes



Prise en charge et fonctionnement

En pratique ces traitements sont administrés sous forme de perfusion lente de 20 à 30 minutes, suivie d’une surveillance de quelques heures, en hospitalisation de jour. Ils sont généralement mieux tolérés que les traitements conventionnels bien que des effets secondaires soient possibles. Le traitement est répété en 4 à 6 cycles d’injection, toutes les 4 à 8 semaines.

Cette technique combine donc les caractéristiques de la radiothérapie (effet thérapeutique via la radioactivité) et de la chimiothérapie (administration simple par perfusion, effet thérapeutique ciblé uniquement sur les cellules tumorales quelle que soit leur localisation).

L’autre avantage majeur de la RIV est la possibilité de combiner ces traitements avec des outils diagnostiques « compagnons » : la même molécule qui cible la tumeur peut être utilisée pour obtenir des images en Tomographie par Emission de Positons (TEP), permettant de vérifier que la cible est bien exprimée par les tumeurs.

On parle d’approche « théranostique » (« théra » étant la contraction de thérapie et « nostique » la contraction de diagnostique). Ces images réalisées avant RIV vont permettre de prédire l’efficacité du traitement, et donc de ne le proposer qu’aux patients susceptibles d’en bénéficier. Cette stratégie théranostique s’inscrit donc dans une démarche de médecine personnalisée.



Quelles sont les applications actuelles et futures ?

Jusqu’à récemment ce type de traitement était disponible uniquement pour certains cancers plutôt rares (cancer de la thyroïde, tumeurs neuro-endocrines). Mais depuis début 2022 et l’obtention d’une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) pour le Pluvicto®, une molécule de RIV ciblant le cancer de la prostate, la demande pour ce type de traitement a fortement progressé.

Dès début 2022, le CGFL a été le premier établissement de la région et un des premiers en France à proposer ce traitement. Dans un proche avenir de nombreuses nouvelles molécules de RIV seront disponibles, ciblant d’autres types de tumeurs (tumeurs cérébrales, cancer du sein, cancer du pancréas...).

Si du point de vue du patient l’administration de ce type de traitement est plutôt simple, la RIV est très complexe à mettre en œuvre sur le plan organisationnel et réglementaire. L’unité RIV du CGFL va permettre de répondre à ces difficultés tout en faisant face à l’augmentation de la demande, et en offrant un meilleur confort de soin pour les patients, et un meilleur confort de travail pour les équipes soignantes.

Le déploiement de la RIV nécessite également un changement radical des métiers de santé impliqués (médecins nucléaires, manipulateurs en radiologie, radiopharmaciens, radiophysiciens).

Le CGFL s’inscrit dans cette démarche, les professionnels de santé formés dans l’établissement bénéficiant désormais systématiquement d’une double formation diagnostique et thérapeutique.

La recherche

Au-delà de l’organisation des soins, le CGFL est également fortement impliqué dans des projets de recherche sur la RIV. Avec nos partenaires académiques et industriels (laboratoire de l’Institut de Chimie Moléculaire de l’Université de Bourgogne et société Oncodesign Precision Medicine), le CGFL a récemment obtenu un financement de plus de 7M€ par le biais de Fonds Européens de Développement Régional (FEDER) pour développer de nouvelles molécules de RIV ciblant les cancers digestifs. L’objectif est de pouvoir proposer ces nouveaux traitements aux patients d’ici 5 ans.





La médecine nucléaire au CGFL

L’équipe est composée de 7 médecins représentant 5.4 ETP (équivalent temps plein), 15 manipulatrices en électroradiologie médicale (MERM) ce qui représente 10.65 ETP, 2 PCR (Personne Compétente en Radioprotection) qui interviennent dans tous les services, 2 physiciens, 3 radiopharmaciens (2ETP), 1 ARC (Attachée de Recherche), 7 secrétaires médicales (6.6ETP), 1 technicienne de laboratoire, 1 Assistane Médicale Principale, 1 cadre adjointe, 1 cadre de santé.

L’ACTIVITÉ ET LES ÉQUIPEMENTS

La médecine nucléaire est orientée autour de 5 activités :
•Activité de scintigraphie :
-3 gammas caméras (dont 1 exclusivement dédié à la cardiologie)
-Scintigraphies osseuses, rénales, thyroïdiennes, pulmonaires, DaTSCAN, Fraction d’Ejection
Ventriculaire, MIBG, scintigraphies myocardiques...
-1 MERM pour préparer les MRP (médicaments radiopharmaceutiques) au laboratoire de marquage
-1 MERM qui injecte le médicament radiopharmaceutique
•Activité de TEP-scanner :
-2 TEP scan avec 3 injecteurs automatiques
-Plusieurs traceurs sont utilisés
•Activité RIV (radiothérapie interne vectorisée), activité en hôpital de jour :
-Traitement pour les patients ayant un cancer de la thyroïde et pathologie thyroïdienne non
cancéreuse
-Traitement par radio-embolisation
-Traitement pas LUTHATERA pour les tumeurs neuro-endocrine
-Traitement pas PSMA et Xofigo pour les tumeurs de prostate
•Activité d’hématologie supervisée par un radiopaharmacien et en collaboration avec la
technicienne de laboratoire :
-Mesure du volume sanguin, Clairance....
•Activité de recherche clinique :
-Projets de recherche médicale sur chacune des activités du service

L’équipe travaille également en collaboration avec les différents médecins du CGFL, des médecins traitants et avec le CHU de Dijon Bourgogne.

Témoignage : le premier patient de l'unité

Jean-Jacques Carré, 74 ans, de Mouthier-en-Bresse (Saône-et-Loire), a été le premier patient à bénéficier de la radiothérappie interne vectorisée au CGFL, le 10 février 2022. Il raconte :
«Je vis avec un cancer de la prostate depuis 1999. J’ai eu plusieurs sortes d’hormonothérapie. Puis, dès 2009, on a commencé la chimiothérapie, avec différentes molécules et aussi des rayons en 2021. Malheureusement, même en ayant tout essayé, cela n’a plus donné de résultats, et, il y a trois ou quatre ans, le cancer s’est metastasé.[...] Quand on m’a parlé de la radiothérapie interne vectorisée, que j’étais potentiellement un «bon candidat», j’ai tout de suite voulu en être. A mes yeux, c’est un peu le traitement de la dernière chance et c’est surtout de l’espoir.[...] Je suis parti de chez moi hier, j’ai été hospitalisé la nuit et au matin, on m’a fait l’injection par voie intraveineuse. Cela n’a pas duré longtemps et je suis resté la journée pour me reposer et éliminer un peu de radioactivité avant de retourner à la maison tout à l’heure. Tout roule, même si je suis un peu fatigué. Mon ressenti de l’expérience est très positif».

Communiqué