Plus gros, plus puissant, équipé pour la navigation aux instruments – permettant ainsi de traverser les brumes du Morvan – le nouvel hélicoptère attribué par l'ARS au CHU Dijon Bourgogne peut rayonner sur toute la Bourgogne-Franche-Comté, à commencer par la Nièvre. Son inauguration s'est déroulée ce mercredi 26 mai sur l'aéroport de Dijon.
Depuis le 1er mars 2021, un nouvel hélicoptère est affecté au CHU Dijon-Bourgogne, un Airbus H145 T2 destiné aux transports de patients mis en oeuvre par le SAMU 21-58. Plus gros et plus puissant que les précédents, il permet également le vol aux instruments, ce qui rendra possible le survol du Morvan dans les nuages.
L'inauguration de l'hélicoptère sanitaire a eu lieu ce mercredi 26 mai 2021 à l'aéroport de Dijon en présence des autorités compétentes et des équipes médicales ayant travaillé sur les aspects techniques.
Le propos de Pierre Pribile, directeur général de l'Agence Régionale de Santé de Bourgogne-Franche-Comté, a pris une tonalité préfectorale pour défendre la politique de santé menée par l’État dans la région, conduisant à la dotation de ce nouvel appareil.
Un million d'euros pour un cinquième hélicoptère régional
En 2017, l'Agence Régional de Santé de Bourgogne-Franche-Comté a décidé de renouveler le marché public concernant les hélicoptères sanitaires de la région. En 2019, la société Mont-Blanc Hélicoptères, basée à Annemasse (Haute-Savoie), a été retenue par le groupement de commande régional. Le marché est décliné opérationnellement par la filiale MBH SAMU.
À la suite de la décision du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté d'engager 1,5 million d'euros pour rénover les hélistations du CHU Dijon Bourgogne et du CHU de Besançon ainsi que des centres hospitaliers de Chalon-sur-Saône, Auxerre et Nevers, l'ARS a décidé de passer de quatre à cinq le nombre d’hélicoptères sanitaires en fonction dans la région en mobilisant à ce titre un financement d'un million d'euros.
Le cinquième hélicoptère régional a été implanté à Nevers, sous la forme d'un Airbus H135 T3H arrivé en 2020. Il est opérationnel tous les jours, de 8 heures à 20 heures. Le reste du temps, c'est l'appareil du CHU Dijon Bourgogne qui prend le relais, opérationnel 24h/24.
«Chaque minute est précieuse»
Première à prendre la parole pour cette inauguration, la directrice générale du CHU Dijon Bourgogne, Nadiège Baille, vante les qualités de l'appareil, à commencer par sa puissance et son volume. La directrice évoque «une première française» avec la possibilité de vol aux instruments ce qui «vient conforter l'offre du CHU».
L'hélicoptère interviendra tout particulièrement pour les urgences traumatologiques, cardiovasculaire et néonatales. Le transport de patients en devient plus «sécurisé» notamment avec la possibilité d'entrer directement le brancard dans l'appareil. «Chaque minute est précieuse», rappelle Nadiège Baille.
La directrice salue le travail de collaboration qui a permis de définir les caractéristiques techniques de l'hélicoptère et son équipement : personnel SAMU 21, centre régional des urgences, ARS et service achats du CHU.
Le maire de Dijon, François Rebsamen (PS), est également président du conseil de surveillance du CHU Dijon Bourgogne. À ce titre, François Rebsamen souligne «une avancée exceptionnelle dans la modernisation du dispositif de santé et de secours de Bourgogne-Franche-Comté en réduisant le temps de transport des patients pour permettre d'accéder aux meilleurs soins en gagnant en confort mais aussi en chances de survie pour les cas les plus graves».
«Sauver un maximum de vies grâce à ce magnifique oiseau»
La présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay (PS), indique avoir conscience que «grâce à ce travail de coopération, nous franchissons un pas important pour l'amélioration de la santé de nos concitoyens».
Marie-Guite Dufay salue également «une vice-présidente qui ne ménage pas sa peine» pour trouver des moyens d'intervenir sur les questions de santé bien que cela ne figure pas dans les compétences spécifiques de la Région. Il s'agit de Françoise Tenenbaum (PS) dont François Rebsamen a également souligné la «ténacité».
Les interventions se font donc par le biais des formations sanitaires, de l'aménagement du territoire et par le soutien à des investissements conséquents en mobilisant des fonds européens notamment.
Avec cet appareil «très riche de technologies», Marie-Guite Dufay souhaite donc aux équipes médicales de «sauver un maximum de vies grâce à ce magnifique oiseau».
«Intensifier le recours aux moyens de transports héliportés»
«On a sous les yeux un bel exemple de ce à quoi sert un Projet Régional de Santé», glisse Pierre Pribile. Mine de rien, le directeur de l'ARS – le «préfet de la santé» en quelque sorte – renvoie ainsi au fait que les élus du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté s'étaient exprimés en défaveur du PRS en 2018, un avis consultatif.
«Chantier majeur du Projet Régional de Santé, il fallait intensifier résolument le recours aux moyens de transports héliportés dans le cadre de la médecine d'urgence dans notre région», rappelle Pierre Pribile. Le marché public a ainsi été dimensionné au niveau régional : «la région, ça a du sens, le territorial régional aujourd'hui montre l'impact sur le quotidien de nos concitoyens», martèle le directeur de l'ARS.
Le renouvellement du marché a donc conduit à l'implantation d'un hélicoptère supplémentaire à Nevers conduisant à une offre de cinq hélicoptères sanitaires renouvelés dont deux un peu plus gros que les autres – du fait de missions particulières en néonatalité notamment – pour les CHU de Dijon et de Besançon. «Ces appareils sont bien à disposition de tous les habitants de la région», insiste Pierre Pribile.
«Nous avons aujourd'hui dans la région une doctrine d'emploi extrêmement offensive des appareils qui consiste à ne pas lésiner en sorte sur les moyens et à faire en sorte qu'à chaque fois que l'hélicoptère permet de gagner du temps, pour les malades comme pour les professionnels, on prend l'hélicoptère», indique le directeur de l'ARS. Le nombre d'heures de vol annuelles est passé de 3.000 en 2018 à 3.500 en 2020 (voire 4.000 attendues à moyen terme).
«On pourra décoller à la masse maximum même en été»
Cet hélicoptère Airbus H145 T2 rassemble plusieurs premières nationales en matière de transports sanitaires urgents : navigation aux instruments et définition d'un itinéraire spécifique (en l'occurrence pour relier Dijon à Nevers dans la plupart des conditions climatiques).
Au niveau de l'aéroport de Dijon, exploité par Edeis et dirigé Luis Da Cunha, est basée une équipe de six pilotes de MBH SAMU. Alors que Renaud Blanc, PDG de Mont-Blanc Hélicoptère, et Fabrice Barreau, directeur d'exploitation, sont venus d'Annemasse pour participer à l'inauguration, deux pilotes évoquent pour
Infos Dijon les particularités de l'Airbus H145 T2.
Pascal Pichot et Alastair March sont pilotes au sein de Mont-Blanc Hélicoptère : «Cet hélicoptère est un peu plus gros, un peu plus puissant. Il n'y pas de problème d'emport, on pourra décoller à la masse maximum même en été. Il est équipé de climatisation pour le confort des patients l'été. En termes d'avionique, il est beaucoup mieux équipé que les autres hélicos donc on peut en IFR faire tout ce qui est percée au GPS, le vol aux instruments dans les nuages sans référence extérieure aussi bien de nuit que de jour.»
«Tous les pilotes sont déjà qualifiés pour le vol aux instruments ou le vol de nuit. On a suivi des formations types liées à l'hélicoptère lui-même. Actuellement, on vole déjà de nuit mais sous règle de vol à vue, on doit toujours avoir une référence extérieure donc avec des minimas météo qui sont différents. Le vol aux instruments nous autorise à aller dans les nuages, de jour ou de nuit, et nous permet de décoller quand il y a une très mauvaise météo.»
«La puissance permet d'emporter plus de carburant qui permet un plus grand rayon d'action. Quand on revient sur le toit pour ramener le patient, on peut réenchaîner sur un autre vol, il nous suffit juste de prendre un autre brancard et on est tout de suite opérationnel sur une autre intervention. L'hélicoptère précédent devait attendre le transfert sur un autre brancard puis attendre de ravitailler. C'est un gros gain de temps.»
Jean-Christophe Tardivon