Le préfet de la Côte-d'Or a suivi, ce jeudi 20 juillet, l'entraînement d'un chien policier ayant récemment permis une saisie notable de stupéfiants. «Il y a eu un plan national décidé par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin pour augmenter le nombre de chiens et de maîtres-chiens», a-t-il signalé.
À peine entré en fonction, Oxmo, chien policier spécialisé dans la recherche de stupéfiants, a fait récemment une belle prise avec la saisie de 22,5 kg de résine de cannabis dans un box de garage souterrain de l'agglomération dijonnaise.
Ce jeudi 20 juillet 2023,Franck Robine, préfet de la Côte-d'Or, est allé féliciter la brigade canine de la Côte-d'Or et suivre une démonstration des compétences de la nouvelle recrue.
Le troisième plus grand chenil de la police en France
La brigade canine de la direction départementale de la sécurité publique de la Côte-d'Or a été créée dans les années 1970. En périphérie de Dijon, elle héberge une quinzaine de chiens – dont de nombreux bergers belges malinois – et compte trois conducteurs de chien. En termes de superficie, il s'agit du troisième plus grand chenil de la police en France.
La plupart des chiens sont recrutés au sein d'une SPA. Depuis dix ans, les conducteurs de chiens privilégient les chiens aptes au jeu afin que l'animal puisse vivre la recherche de stupéfiants, d'explosifs ou de billets comme une activité sportive et ludique.
Tout ce que doivent apprendre les animaux est apporté lors d'une formation spécifique à la fin de laquelle ils sont rejoints par des humains. Le moniteur référent forme alors les binômes le temps d'un stage avant de le valider.
«C'est un renfort que l'on avait demandé en début d'année»
Seuls deux chiens sont actuellement en service dans le département. Bruno Gallo, directeur départemental de la sécurité publique en Côte-d'Or se félicite de l'arrivée d'Oxmo en mars dernier : «ça nous fait un deuxième chien, ça nous permet d'être encore plus efficace dans la lutte contre les stupéfiants, (…) une priorité pour la DDSP de Côte-d'Or».
«C'est là-dessus que j'ai vraiment fait porter mes efforts : obtenir un chien supplémentaire», signale le préfet. «C'est un renfort que l'on avait demandé en début d'année. (…) Il va apporter une activité supérieure.»
Un plan national voulu par le ministre de l'Intérieur
«Il y a beaucoup de trafics de drogues, plus on a de moyens, mieux ça vaut. (…) Il y a eu un plan national décidé par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin pour augmenter le nombre de chiens et de maîtres-chiens», explique le représentant de l’État.
«Ce sont des effectifs supplémentaires. [Les chiens] font un travail policier. On rentre dans une salle et ils sont capables de détecter où se trouve la drogue donc, grâce à eux, on peut, de façon matérielle, établir que la drogue est là», commente Franck Robine.
«Oxmo a été ciblé au centre national comme super-performant»
«Il est très très fort», s'enthousiasme Yvan, policier conducteur de chien, à propos d'Oxmo, berger hollandais de trois ans. «Il a été ciblé au centre national comme super-performant».
«Il a tout compris tout seul. (…) On a sauté plein d'étapes avec lui ; pour lui, c'est logique, c'est facile. (…) Tout est dans le jeu, dans la douceur, il n'y a quasiment aucune contrainte. (…) On pourra lui apprendre encore plein de choses», envisage Yvan.
Extrait d'un élevage, passé par une SPA avant d'être recruté par la police
Oxmo a été extrait d'un élevage du Nord qui a fait l'objet d'une procédure judiciaire tellement les traitements réservés aux animaux était déplorables. Remis à une SPA à Troyes, l'association est entrée en contact avec un moniteur de la Police nationale à Lyon qui l'a testé et recruté en février dernier.
Depuis, Yvan et Oxmo ont effectué une douzaine de perquisitions. «C'est une aide pour les services d'enquête, ça fait gagner du temps», explique Yvan. «Si on a un marquage net du chien, c'est reconnu, c'est judiciaire, après c'est l'enquêteur qui décide», ajoute-t-il. «Ça apporte une très grande sécurité juridique», insiste le préfet.
Oxmo participe également à des opérations de patrouille, notamment dans les trains. «Il a fait ses preuves», note Bruno Gallo. «La meilleure formation, c'est le travail ; plus il va travailler, meilleur il va être», complète Yvan.
Saisie de 22 kg de cannabis, «un travail d'équipe»
L'enquête étant encore en cours, Yvan ne peut guère dévoiler les circonstances de la saisie de 22,5 kg de cannabis, représentant 180.000 euros à la revente, réalisée grâce au flair d'Oxmo.
«On avait des renseignements sur un lieu où possiblement ça pouvait stocker», explique-t-il toutefois. «C'étaient deux garages souterrains. (…) Les chiens peuvent prendre à travers les portes de box. (…) Le but était de passer dans les communs, ce que l'on a le droit de faire, de faire travailler le chien sur les portes. (…) Je lui ai désigné une porte, il s'est couché. (…) Je le fais travailler ailleurs, je le fais revenir, il remarque une deuxième fois. (…) Les enquêteurs ont fait le travail, on fait venir les gens qui faut pour ouvrir. Je refais travailler le chien à l'intérieur, il trouve un carton enfoui au fond, caché dans du plastique.»
«C'est un travail d'équipe. On a eu un renseignement, les enquêteurs veulent le travailler. On a été faire une perquisition chez le monsieur dans la foulée», souligne Yvan. «Ça fait beaucoup de boulot !»
Lors d'autres perquisitions, Oxmo a également trouvé de l'héroïne, des balances pour peser les produits à la revente ainsi que des pochons vides ayant transporté des stupéfiants.
Le préfet participe à un entraînement d'Oxmo
La brigade canine propose alors une démonstration d'un entraînement d'Oxmo. Alors que le chien est encore dans son box, le préfet est invité par le major Fabrice Botte, adjoint au chef de la brigade canine, à positionner de la résine de cannabis, manipulée avec une pince, dans des pièces simulant des caches potentielles de trafiquants de drogue.
Yvan équipe alors Oxmo de son harnais et commence à le guider dans sa recherche au travers des pièces successives. À chaque fois, le chien marque rapidement l'emplacement. Chacune des découvertes est suivie d'un temps de détente. «Bravo au maître chien», lance Franck Robine à l'issue de l'entraînement.
Jean-Christophe Tardivon