L'Union européenne, le gouvernement, les représentants des motards ainsi que des associations de riverains et environnementales rivalisent dans un bras de fer à quatre mains concernant le contrôle technique des deux-roues motorisés.

Voulu par le Parlement européen au travers d'une directive de 2014, approuvé par le gouvernement de Manuel Valls en 2015 pour être appliqué au plus tard en 2022, le contrôle technique notamment des motos a été repoussé à 2023 une fois Emmanuel Macron élu président de la République.

Ce calendrier gouvernemental a été annulé par le Conseil d’État, en juillet dernier, car postérieur à la date butoir fixée par le Parlement européen. La plus haute instance de justice administrative avait été saisie par les associations Respire, Ras-le-Scoot et Paris sans voiture.


Depuis, la Fédération française des Motards en colère est montée au créneau en organisant, ce samedi 22 avril 2023, des manifestations dans une quarantaine de villes de France, dont Dijon avec 250 motards, pour maintenir la pression sur les pouvoirs publics afin de «déroger au contrôle technique par l’instauration de mesures alternatives».

Les motards renvoient aux causes des accidents

Pour contrecarrer les actions des associations hostiles aux véhicules à moteurs thermiques, les motards mettent en avant une série de statistiques dans l’objectif de relativiser les causes des accidents.

Selon les motards, qui se réfèrent l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière, l'état des infrastructures est impliqué dans 30% des accidents mortels. Toutefois, il ne s'agit de la seule cause que dans 1% des accidents mortels.

La FFMC s’appuie également sur une étude du World Economic Forum pour insister sur le fait que la France perd des places dans le déclassement concernant l’état des routes, passant de la première à la 18ème place en dix ans.

«Le problème, c’est l’état des routes»

Les motards l'ont clamé durant la manifestation : «le problème, c'est l'état des routes», pas l’état de leurs motos qui seraient vérifiés régulièrement. Les statistiques attestent effectivement peu d’accidents liés à des problématiques techniques.

La coordinatrice de la FFMC Christelle Audigier a indiqué avoir rencontré le député de la Côte-d'Or Benoît Bordat (FP), membre de la commission de l'Assemblée nationale sur le thème de la sécurité routière, pour porter le point de vue de l'association à ce sujet. La question des zones à faible émission de particules fines a également été abordée au cours de l'entretien.

Une satisfaction à la suite des échanges avec la préfecture

En amont de la manifestation, ce vendredi, une délégation de la FFMC a été reçue à la préfecture de la Côte-d'Or.

Devant l'hôtel de préfecture même, ce samedi, Christelle Audigier en a retracé les différents temps, micro à la main : «on a eu un bon accueil de la part du cabinet, on a eu également quelqu’un de la DREAL [NDLR : direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement] qui s’occupe aussi des contrôles techniques, cela a été un échange assez constructif».

En revanche, quand il s'agit d'évoquer les échelons supérieurs de l'exécutif, le ton a changé : «c’est un gouvernement qui n’écoute personne». Et de glisser une référence aux «concerts de casseroles» animés par les opposants à la réforme des retraites : «il faut qu’on se fasse entendre et nous on a le moyen de faire du bruit avec nos motos».

Pour l'heure contraint d'appliquer le droit européen, le ministère des Transports envisage une mise en application de ce contrôle technique d'ici la fin de ce premier semestre 2023 en incluant des véhicules à moteur de deux, trois ou quatre roues de cylindrée supérieure à 125 cm3, donc également les quads et autres scooters.