
Ce dimanche 5 octobre, au centre-ville de Dijon, un rassemblement a été dédié à la mémoire des victimes du 7-Octobre. Lors des attaques terroristes, «les nazis du XXIème siècle ont surgi, animés de la même idéologie antisémite», a estimé la militante iranienne des droits de l'Homme Sepideh Pooraghaiee.

Alors que plusieurs dizaines de Français ont été tués à la suite des attaques terroristes islamistes du 7-Octobre en Israël, un collectif a organisé un rassemblement, ce dimanche 5 octobre 2025, à Dijon, pour commémorer ce massacre.
Une centaine de personnes se sont réunies, place Darcy, à l'appel notamment des antennes locales du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA), de l'association France-Israël, du centre communautaire Beth 'Habad et de Tous 7-Octobre. Se sont associés également le Centre culturel juif de Dijon (CCJD) et l'Association cultuelle israélite de Dijon (ACID).
Plusieurs élus de la Ville de Dijon, de la majorité comme de certains groupes d'opposition, ont participé à la commémoration – le Département a été excusé – qui s'est déroulée dans le calme, sous la discrète surveillance de quelques policiers.
45 Français tués suite aux attaques du Hamas et deux Français tués par des bombardements israéliens
Le 7 octobre 2023, tôt le matin, le Hamas et des groupes armés palestiniens lancent des salves de milliers contre Israël depuis la bande de Gaza. Des miliciens de la branche militaire du Hamas et des civils gazouis franchissent la barrière entre la bande de Gaza et Israël et attaquent des bases militaires, le festival Nova et des kibboutzim.
Les massacres durent jusqu'au 9 octobre. Ils font 1.200 tués – dont 350 soldats et policiers israéliens –, des hommes, des femmes et des enfants, ainsi que plus de 4.800 blessés.
Ces attaques marquent le début de la guerre entre Israël et le Hamas. L'armée israélienne riposte alors par des bombardements et une invasion terrestre de la bande Gaza.
251 personnes ont été emmenées en otages dont une quarantaine d'enfants. 45 Français ont été tués, 4 libérés après avoir été gardés en otages et 6 blessés. En tout, 148 otages ont été libérés, 57 corps ont été rendus. Néanmoins, il reste 48 otages – peut-être 20 encore en vie – aux mains des islamistes mais plus aucun Français.
À ce jour, selon des satellites du Hamas, le conflit aurait fait 60.000 morts et 151.000 blessés côté gazaoui et, selon les autorités israéliennes qui contestent le bilan précédent, 2.000 morts et 13.500 blessés côté israélien.
Selon la Ligue des droits de l'Homme, deux Français de 6 et 9 ans auraient été tués à Gaza – un bébé de deux ans et demi aurait été blessé – par des bombardements israéliens.
Triplement des actes antisémites en France après le 7-Octobre
«En France, l'antisémitisme a progressé de manière énorme depuis le 7-Octobre», constate Émilie Sananes en lançant le temps de discours officiels, «le nombre d'actes antisémites s'est envolé, passant de 436 actes en 2022 à 1.570 en 2024». «Depuis deux ans, nous, les juifs, ici, en France, nous ne sommes pas entendus dans notre souffrance d'avoir perdu les nôtres, dans notre peur d'être de nouveau ciblés. Nous sommes trop souvent disqualifiés d'emblée et mis à part.»
La vice-présidente du CRIF Bourgogne-Franche-Comté appelle à «la libération des otages encore retenues» à Gaza et déplore que «les femmes victimes de viol le 7 octobre ne [soient] pas reconnues comme victimes par les associations féministes».
«Nous soutenons Israël qui est un état démocratique, imparfait, comme les autres, mais certainement pas fasciste, génocidaire ou pratiquant l'apartheid, toutes choses qu'on ne pourrait pas garantir dans les territoires palestiniens qui rejettent tout accord de pays depuis 1947», déclare-t-elle. «Le Hamas, qui tue ses opposants, souhaite la disparition d'Israël.»
«Nous apportons notre soutien et notre solidarité aux Israéliens et aux familles d'otages», ajoute-t-elle.
Le 7-Octobre a délivré un «permis de haïr»
«Le peuple juif a connu l'infamie sous le nom de peuple déicide pendant 2.000 ans», rappelle Israël Cemachovic, «désormais, on est passé au peuple génocidaire». «Nous respectons les victimes palestiniennes, les femmes et les enfants, qui ont été utilisées essentiellement comme boucliers humains. Néanmoins, le fait d'ériger les Palestiniens en victimes ultimes n'a qu'un but, c'est de diaboliser les juifs et le peuple d'Israël.»
Regrettant cette «obsession antisémite» ainsi que la confusion entre juifs et sionistes, le président de l'ACID considère qu'avec le 7-Octobre un «permis de haïr a été délivré à toute la population mondiale». «Même si vous n'êtes pas pro-israélien, vous êtes un sioniste parce que vous êtes juif.»
Israël Cemachovic assure que «les troupes d'assaut sont prêtes» au regard de «toutes les manifestations avec des gens très excités qui en veulent à Israël et qui veulent faire la peau aux sionistes». «Si, par malheur, ce type de gouvernement prend la tête du pays, ils seront prêts à venir vous cherchez chez vous si vous ne pensez pas comme, eux, ils veulent.»
«Trouver une solution pacifique à ce terrible conflit»
«Le paysage politique a changé», constate Israël Cemachovic au regard de la situation israélienne depuis la fin du XXème siècle, avec la montée de la contestation des accords d'Oslo, en 1993, et le développement du Hamas, ce qui a mis à mal le processus de paix à l'époque porté par les travaillistes, au premier chef par Yitzhak Rabin, et l'Organisation de libération de la Palestine, conduite par Yasser Arafat.
«On est en face d'un gouvernement qui est moins enclin à donner ce que les Palestiniens demandent», déclare-t-il pour évoquer les coalitions successives opérées par Benyamin Netanyahou, comprenant des sionistes religieux depuis 2009. «C'est compliqué le chemin vers la paix. On est tous, nous, ici, les juifs de France et d'ailleurs, pour trouver une solution pacifique à ce terrible conflit.»
L'antisémitisme ou «la partie visible d'un conflit de civilisation»
En prenant le micro, Françoise Tenenbaum (PS, FP), fait d'emblée appel à la «conscience» et à l'«éthique» de l'assistance. L'élue dijonnaise et régionale intervient en tant que présidente de la section de Dijon de la LICRA pour invoquer l'«universalisme» de la cinquantaine de nationalités dont relevaient notamment les victimes du festival Nova : «les victimes nous obligent dans notre façon de voir la vie et de voir notre présence dans la vie». «Ensemble, rappelons leur mémoire et souhaitons la paix aujourd'hui. (…) et que les 48 otages encore détenus soient libérés dès aujourd'hui.»
Considérant que l'antisémitisme est «la partie visible du phénomène» relevant d'un «conflit de civilisation» dont les feux sont attisés par des «réseaux islamistes dans le monde occidental», Françoise Tenenbaum considère «les juifs [ne sont] que les porteurs identifiables des valeurs de nos démocratie car le judaïsme porte en lui l'universalisme». «Quand on veut s'attaquer à la République, on s'attaque d'abord à ses juifs.»
«Les nazis du XXIème siècle ont surgi, animés de la même idéologie antisémite»
«Le 7 octobre 2023, l'humanité a de nouveau été frappée par l'horreur», se désole Sepideh Pooraghaiee, «ce jour-là, les nazis du XXIème siècle ont surgi au cœur du Moyen-Orient, déguisés sous d'autres couleurs mais animés de la même haine, de la même idéologie antisémite et meurtrière».
Iranienne née dans une famille musulmane, journaliste réfugiée en France en 2010 et représentante locale de l'association Renaissance au Moyen-Orient, la militante des droits de l'Homme établit un lien entre les terroristes du Hamas et le régime des mollahs.
«Dès les premiers jours qui ont suivi la tragédie du 7-Octobre, le peuple iranien et la diaspora iranienne ont exprimé leur solidarité avec le peuple d'Israël», rappelle Sepideh Pooraghaiee considérant que les «Iraniens patriotes» sont opposés au «fondamentalisme antisémite».
La militante poursuit en rendant hommage à la «résistance» et au «courage» des Iraniennes qui ont défié les dirigeants pour pouvoir marcher dans les rues de certaines grandes villes sans hijab.
«L'antisémitisme est alimenté par les incitations incessantes des islamistes»
«Nous avons tous le devoir d'empêcher que les adolescents et les jeunes Français, par ignorance ou sous l'influence de la propagande, soit séduits par des courants toxiques et antisémites comme celui des Frères musulmans», martèle Sepideh Pooraghaiee. «Les victimes du régime de la terreur, en Iran, en Afghanistan et à Gaza, doivent avoir la possibilité de transmettre leur témoignage à la jeune génération française.»
«Si l'antisémitisme a une longue histoire, son moteur principal dans le monde occidental, y compris en France, est, aujourd'hui, alimenté par les idées et les incitations incessantes des islamistes», analyse-t-elle. «Ne cédez jamais aux accusations de l'islamophobie lorsqu'il s'agit de dire la vérité ! Ne laissez pas cette étiquette vous faire taire ! (…) Nous devons prendre au sérieux le lavage de cerveau que subissent tant de jeunes sur les réseaux sociaux.»
Réminiscence de la charte de Cyrus le Grand
«Le lien historique entre le peuple d'Iran et Israël plonge ses racines dans la culture et l'histoire les plus profondes», considère l'exilée en remontant rien moins qu'au premier grand empire perse, dont le territoire couvrait l'actuel Proche-Orient.
Selon la Bible, au Vème siècle avant notre ère, le roi perse Cyrus le Grand a édicté la libération des Juifs exilés à Babylone et autorisé leur retour en Judée, province de l'empire.
L'espoir de la libération des derniers otages détenus par le Hamas
Revenant au présent, au nom de l'association France-Israël, Monique Thébault dénonce «deux ans de désinformation par un groupe terroriste inhumain» en insistant sur le sort des otages dont les noms sont prononcés.
La commémoration se termine alors par un temps de recueillement durant lequel sont déposés au sol les portraits des derniers otages, accompagnés de bougies à LED, en symbole d'espoir de leur libération.
Jean-Christophe Tardivon








































