
«Les choses se sont accélérées ces dernières semaines», a déclaré, ce mardi 16 septembre, le président du groupe d'opposition Vivre Talant. «C'est une gabegie d'argent public», a pointé Christine Renaudin-Jacques.

Un terrain avec vue sur les collines boisées de Talant et de Fontaine-lès-Dijon pourrait bien constituer un enjeu des municipales à venir. Actuellement, le stade Gilbert Rude s'étend sur 5 hectares avec des vestiaires qui ont été rénovés récemment. La Ville de Talant envisage de céder cet équipement sportif de proximité à un promoteur immobilier.
Ce mardi 16 septembre 2025, à Talant, Stéphane Woynaroski (PS) et Christine Renaudin-Jacques (Générations), chefs de file du groupe d'opposition Vivre Talant, entourés de Karim Hani (sans étiquette) et Thérèse Foucheyrand (Générations), ont tenu une conférence de presse centrée sur le dossier du stade Gilbert Rude alors qu'un conseil municipal est prévu, le 22 septembre prochain.
«Le maire de Talant a perdu sa majorité»
Dans un premier temps, les deux socialistes reviennent sur le coup de tonnerre du 30 juin dernier. Alors que le maire de Talant Fabian Ruinet (LR) soumettait au vote le compte administratif 2024, le rapport a été rejeté par 17 voix contre 15 (réglementairement, le maire ne votant pas sur un tel dossier).
«Le maire de Talant a perdu sa majorité», cingle Stéphane Woynaroski, «le maire de Talant est paralysé, à six mois des élections municipales, avant de redonner la parole aux Talantaises et Talantais».
Seulement huit rapports sont programmés à l'ordre du jour de la prochaine assemblée municipal, ainsi qu'un point d'information sur la chambre régionale des comptes.
«La Ville est gérée, on remercie le personnel municipal», glisse l'opposant, «mais la Ville n'est plus administrée politiquement». «Le maire pourrait ne plus prendre de décisions.»
«Le seul responsable de la situation, c'est celui qui a poussé dehors sa tête de liste», analyse Stéphane Woynaroski en référence au coup de tonnerre du 23 mai 2020 qui avait vu Fabian Ruinet, numéro 3 sur la liste conduite par Adrien Guené (LR), recevoir les suffrages de la majorité et prendre la mairie. Adrien Guené basculait alors dans l'opposition avec le groupe Pour Talant.
De plus, le 3 avril 2024, Cyril Gaucher était destitué de ses délégations d'adjoint au maire après avoir été en Russie pour suivre les élections en tant qu'«observateur international». Il siège désormais en tant que non-inscrit.
«On est des élus responsables, on a l'a montré depuis 25 ans», martèle Stéphane Woynaroski, «on assumera notre mandat jusqu'au bout». «La situation est provoquée par la manière de gérer de Fabian Ruinet.»
En réaction, une démarche transpartisane des oppositions
Constatant que «les positions du groupe d'Adrien Guené étaient identiques», les deux opposants ont mené une démarche transpartisane – comme ils l'avaient déjà fait à propos de «l'avenir du centre commercial» – afin de critiquer communément l'attitude du maire de Talant (
lire le communiqué).
«Sur le rejet du compte administratif, on a pris position ensemble parce que c'est l'aboutissement de ce que nous dénonçons à savoir un comportement du maire insupportable avec les groupes d'opposition et sans doute avec sa majorité puisqu'un de ses adjoints a décidé de partir», développe Stéphane Woynaroski.
Le 30 juin dernier, Nicolas Marin (HOR) a également voté contre la majorité sans pour autant perdre ses délégation d'adjoint. Une élue du groupe majoritaire a donné son pouvoir à un membre du groupe Pour Talant.
«On ne s'est pas concerté pour voter contre», précise Christine Renaudin-Jaques, «on savait qu'il allait voter contre». «On a réagit pour dénoncer la même situation».
«L'explication qu'a donné Nicolas Marin allait dans le même sens que les deux groupes d'opposition», insiste Karim Hani.
«En catimini, le maire a lancé une procédure de session foncière»
«Malgré la fragilité qui devrait l'inciter à la prudence, le maire continue de porter des projets dont un qu'il semble vouloir faire avancer très vite», enchaîne Stéphane Woynaroski qui a constaté que l'emprise foncière sur laquelle le stade Gilbert Rude est implanté était en vente.
Sur 5 hectares, prennent place un terrain de foot synthétique, datant de 2019 et financé à hauteur d'un million d'euros, des vestiaires, rénovés en 2021 pour un montant de 800.000 euros, et des gradins plus anciens. 400 licenciés, dont de nombreux jeunes du quartier voisin du Belvédère, sont les usagers réguliers de l'équipement sportif.
«Il y a un an, on a appris que le maire voulait vendre ce terrain de foot pour faire des maisons et des bâtiments», explique le socialiste, «une pétition a rassemblé 600 signatures».
«Les choses se sont accélérées ces dernières semaines», considère l'opposant, «en catimini, le maire a lancé une procédure de session foncière pour réaliser une opération à vocation résidentielle et la sélection de trois potentiels acheteurs et lotisseurs».
«Le maire nous a menti en conseil municipal»
«Cette première phase s'est close le 18 juin, nous n'étions pas au courant», explique le président du groupe Vivre Talant qui a interrogé le maire, le 30 juin. Et Stéphane Woynaroski de lire la réponse de Fabian Ruinet inscrite dans le procès-verbal des débats : «la vente du terrain, ce n'est pas du tout d'actualité».
«Le maire nous a menti en conseil municipal et il a menti aux Talantaises et aux Talantais», estime l'opposant, «il est en train d'accélérer le mouvement sur la vente du stade sans concertation avec les habitants». «Il y a danger que le stade Gilbert Rude soit vendu.»
Pour autant, avant de réaliser éventuellement une telle opération immobilière, la commune devra étudier puis faire voter aux élus une modification du plan local d'urbanisme.
«Le quartier du Belvédère est un des plus denses de la métropole»
Les élus du groupe Vivre Talant se disent «totalement opposés à la vente et à la destruction d'installations sportives toutes neuves». «C'est une gabegie d'argent public», pointe Christine Renaudin-Jacques. «Il va falloir réinvestir pour réaménager un nouveau stade», envisage Karim Hani qui rappelle «le temps des Jeux olympiques où le maire vantait l'importance du sport».
Selon les opposants, le projet envisagerait la construction de 20.000 m² de surface plancher répartis en plusieurs immeubles et maisons.
«On n'est pas contre la construction de logements», précise Christine Renaudin-Jacques, «il faut des logements». «On sait qu'il y a des dents creuses qu'il faut explorer.»
«Le quartier du Belvédère est un des plus denses de la métropole», abonde Stéphane Woynaroski. Si une partie de ce quartier est inscrite en politique de la ville, le stade Gilbert Rude ne figure pas dans cette partie-là mais, non loin, au voisinage du lotissement des Logis de Bourgogne.
«Ce n'est que des petites rues tranquilles», souligne Christine Renaudin-Jacques. Un projet immobilier entraînerait probablement une modification des voiries pour accéder au nouvel ensemble.
«Chaque conseil municipal à Talant est une surprise»
«Ce sera un enjeu fondamental des prochaines élections municipales», déclare Stéphane Woynaroski qui n'est pas officiellement candidat. Suite à la pétition diffusée en 2024, le groupe Vivre Talant – composé de trois socialistes et de trois citoyens sans étiquette politique – assure engranger des soutiens.
«Chaque conseil municipal à Talant est une surprise», glisse le socialiste. Lors du prochain conseil municipal, le président du groupe d'opposition envisage d'aborder le dossier du stade Gilbert Rude dans son propos liminaire voire de déposer une question orale.
Jean-Christophe Tardivon





















