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28/09/2022 03:53

TOURISME : François Rebsamen défend la Cité de la Gastronomie et cible le MuséoParc Alésia

Enjeu politique, la fréquentation de la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin a fait l'objet d'un âpre débat entre le maire de Dijon et ses oppositions lors du conseil municipal de ce lundi 26 septembre.
Depuis le début du projet en 2012, François Rebsamen (PS, FP), maire de Dijon, a fait de la fréquentation de la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin un enjeu politique. D'abord 600.000 visiteurs étaient espérés annuellement puis un million en tenant compte des cinéphiles.

La crise sanitaire a profondément marqué le secteur du tourisme en 2020 et 2021 et, même si la fréquentation touristiques rebondit en Bourgogne-Franche-Comté en 2022, les touristes asiatiques sont toujours absents.

Pour autant, le maire de Dijon maintient son objectif, précise même l'enjeu et trouve des comparaisons avec d'autres sites touristiques du département. Au hasard, le MuséoParc Alésia. Sans le dire explicitement.

«Beaucoup de gens ont découvert la Cité de la Gastronomie»


Le 26 septembre dernier, se déroulait l'événement Show les papilles à la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin. La Ville de Dijon revendique 6.000 participants. Une actualité qui réconforte l'équipe municipale.

«Les Dijonnais sont là, tous les records battus depuis l'inauguration. Beaucoup de gens ont découvert la Cité de la Gastronomie. Les Dijonnais étaient moins présents cet été parce que c'étaient les vacances», a analysé François Rebsamen face à la relative «absence» des habitants constatée cet été.

Gratuité de la Chapelle des Climats


Du fait de l'afflux des visiteurs, et leurs protestations, la Ville instaure la gratuité temporaire de la Chapelle des Climats, jusqu'à la fin de l'année. 2.800 visiteurs sont revendiqués pour la journée du 26 septembre.

«Ça prouve un attrait», a réagi le socialiste, «ne serait-ce que parce qu'il y a beaucoup d'anciens hospitaliers qui connaissent ces lieux». «Toute la partie culturelle fonctionne bien», a insisté le maire, «[le 26 septembre], il y avait plus de monde au 1204  qu'au cinéma [Pathé Dijon]».

Nouveaux tarifs


Lors du conseil municipal, ce lundi 26 septembre, François Deseille (Modem), adjoint en charge de la Cité de la Gastronomie, a brandi de nouveau la fréquentation de 200.000 visiteurs en quatre mois et s'est trouvé conforté dans la «stratégie événementielle» désormais orientée en direction des Dijonnais (lire notre article).

L'assemblée municipale a voté une révision des tarifs avec une baisse de 10% du passe annuel et 5% de réduction sur les livres de la boutique du pôle culturel pour les détenteur de ce passe.

Le forfait visite guidée d'une seule exposition passe à 4 euros en plein tarif, 3,50 euros en tarif réduit et 3 euros pour les revendeurs professionnels.

Un tarif pour les revendeurs professionnels participant aux ateliers découvertes organisés par des prestataires a été créé ainsi que des tarifs pour les ateliers de médiation culturelle, y compris pour les scolaires. Ainsi, il sera compté à l'établissement scolaire dijonnais ou non 2 euros par élève participant à un atelier de médiation culturelle, 4 euros en cas de dégustation de produits.

Le forfait journée pour les centre de loisirs ou les classes participant à des activités avec des médiateurs est de 8 euros par enfant (hors pique-nique).

Dans le hall principal et en ligne, la billetterie est gérée par la société Ingenie qui permet la répartition automatique des billets couplés entre les propositions du pôle culturel et celles des partenaires.

Dans les cartons, un projet d'une tour de quinze étages


«La Cité de la Gastronomie et du Vin ne rencontre pas le succès escompté», a commenté Emmanuel Bichot (LR). L'opposant a partagé sa préoccupation concernant le déficit de fonctionnement de l'équipement : «la CIGV devait s'autofinancer, nous en sommes très loin».

Alors que le budget de fonctionnement est envisagé à 3,5 millions d'euros en 2022, Emmanuel Bichot estime les recettes à 500.000 euros. Soit un déficit potentiel de 3 millions d'euros.

L'élu des Républicains s'inquiète également que des événements puissent être organisés à la Cité de la Gastronomie en lieu et place d'autres structures métropolitaines.

Enfin, Emmanuel Bichot a alerté sur «la construction d'une tour de quinze étages» qui pourrait se faire à la place des quelques bâtiments plus petits prévus par Eiffage sur l'emplacement restant à construire en bord de l'Ouche : «la densification est déjà très forte sur ce secteur.»

«Un site archéologique qui coûte très cher dans le nord du département»


En réponse, le maire de Dijon a appelé à attendre douze mois d'exploitation pour faire le bilan de l'équipement et contre-attaqué en ciblant un autre site.

Le bilan après quatre mois apparaît comme «une réussite» pour François Rebsamen. «Je n'aurais pas l'outrecuidance de comparer à d'autres lieux où l'on voit, de temps en temps, plus de journalistes que de visiteurs en une journée. Ce n'est pas très loin, à une quarantaine de kilomètres, vous voyez ce que je veux dire», a-t-il ajouté, énigmatique.

Quel équipement touristique se situerait donc à 40 km de Dijon ? Le trésor de Vix est à 80 km, à Châtillon-sur-Seine. À Alise-Sainte-Reine, le MuséoParc Alésia est certes à 60 km mais il a été financé en 2012 par le conseil général de la Côte-d'Or, présidé par François Sauvadet (LCOP) avec lequel François Rebsamen a régulièrement maille à partir.

«Combien il y a de visiteurs sur un site archéologique qui coûte très cher chaque année dans le nord du département ? 110.000 ? 120.000 ? Des écoliers à 90% ! S'il y en a 200.000 tant mieux. Il y a des muséums de province où il y a plus de visiteurs. Le Jardin de l'Arquebuse, c'est 120.000 visiteurs», a abondé le premier édile.

La flèche indique encore un peu le MuséoParc Alésia en pointant ainsi «un site archéologique». Après des débuts en fanfare liée à la communication du lancement, le centre d'interprétation des fouilles de la bataille d'Alésia a connu une érosion avant de rebondir pour atteindre 80.000 visiteurs en 2019 (données Bourgogne-Franche-Comté Tourisme). À la suite de la crise sanitaire, le site ne comptait plus que 47.000 visiteurs en 2021.

Rivaliser avec l'Hôtel-Dieu de Beaune


«On va finir l'année, à la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin, il y aura peut-être plus de 400.000 visiteurs. 400.000 visiteurs, c'est l'Hôtel-Dieu de Beaune, c'est le musée des Beaux-arts quand il fonctionne bien en année pleine, sans la Covid. (…) Vézelay, c'est un lieu historique. À part Vézelay, nous sommes dans les plus hautes fréquentations de touristes et d'habitants», a lancé François Rebsamen.

Par ses propos, le maire de Dijon confirme une ambition initiale de la Cité de la Gastronomie : apparaître comme le principal site touristique de Bourgogne-Franche-Comté. Un enjeu d'affichage revu à la baisse du fait de la crise sanitaire avec l'objectif de pouvoir, au moins, rivaliser avec l'Hôtel-Dieu des Hospices civils de Beaune.

Là encore, les fréquentations 2021 sont très éloignées de celles d'avant l'épidémie de la Covid-19 du fait de l'absence des touristes asiatiques. Effectivement, seule la basilique de Vézelay se maintient en première place en Bourgogne-Franche-Comté avec 820.000 visiteurs en 2019 et 777.000 en 2021 (après avoir connu jusqu'à un million de touristes annuellement).

Le principal site de Côte-d'Or est désormais le circuit de Dijon-Prenois avec un étonnant indicateur de 300.000 passages revendiqués en 2021. Suivent l'Hôtel-Dieu de Beaune (269.000 visiteurs), le musée des Beaux-arts de Dijon (147.000 hors exposition temporaire) et, plus loin, le Jardin de l'Arquebuse (81.000) ou le musée François Rude (52.000) qui devance l'abbaye de Fontenay (49.000).

«Oui, il y aura sûrement un déficit»


«Nous avons fait la réhabilitation d'un lieu qui, dans beaucoup de villes, est une friche hospitalière», s'est défendu le maire de Dijon sur un terrain économique. «Ça marche bien et ça ne nuit pas à l'activité commerciale du centre-ville parce que le centre-ville a battu aussi des records historiques de fréquentation cet été», a-t-il poursuivi.

«Tout va bien ! Oui, il y aura sûrement un déficit, on l'assumera, le moins élevé possible, on fait tout pour ça», a concédé François Rebsamen. «On verra le budget général le moment venu.»

«Le Village gastronomique souffre d'un manque de lisibilité»


À son tour, Laurent Bourguignat (LR-Libres) a déclaré avoir constaté durant l'été «peu de monde dans les allées» sans vouloir «se moquer» : «il est encore temps de rectifier, (…) nous voulons que ça marche».

«La Cité de la Gastronomie et, singulièrement, le Village gastronomique souffre d'un manque de lisibilité : on ne sait pas vraiment quand il faut y aller», a considéré l'opposant. Et d'inciter à créer un food court à la française.

«C'est un outil d'attractivité énorme»


La majorité a eu beau jeu de répondre que cette approche était déjà mise en œuvre depuis l'été par l'équipe animant le Village gastronomique avec 300 couverts le samedi (lire notre article).

«C'est un outil d'attractivité énorme», selon François Deseille, signalant que la fréquentation estivale du site «a profité aux restaurants de la place de la Libération, de la place Émile-Zola et d'ailleurs».

«Dijon, c'est la ville de la gastronomie, ce n'est pas la seule en France, on le sait très bien. Ce n'est pas que l'escargot, ou les œufs en meurette. Les escargots, c'est très bien. (…) Regardez tous les chefs cuisiniers qui sont ici d'origine japonaise, personne ne s'en plaint. Ils sont étoilés. Ils sont honorés partout dans notre pays et on est très fier de les avoir. Nous formons avec l'école Ferrandi des jeunes qui vont aller à travers le monde», a tempêté le premier édile.

Les Verts proposent une «cité de l'autonomie alimentaire»


Se voulant «ni ambassadeur, ni fossoyeur», Olivier Muller (EELV) est intervenu pour le groupe écologiste d'opposition en incitant à «repenser l'offre de services proposée» pour s'orienter vers une «cité de l'autonomie alimentaire». C'est à dire «un équipement de la vie quotidienne garant des droits à une alimentation de qualité pour toutes et pour tous» et «un lieu de vente pour les producteurs locaux et biologiques».

Le propos a fait bondir François Deseille qui a mis en avant l'assiette de produits de la mer à 15,37 euros, pain et beurre inclus mais le vin en sus. «Il y a des produits locaux, (…) il y a du circuit court», a-t-il martelé, «il y a du 100% Côte-d'Or à peu près partout».

Entre fouilles archéologiques et 100% Côte-d'Or, le Département s'est décidément retrouvé convié en bonne place à la table des débats de ce conseil pourtant municipal.

Jean-Christophe Tardivon

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