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08/10/2021 16:59

TRAVAIL : «L'apprentissage est la première façon de trouver des salariés», selon Élisabeth Borne

Ce vendredi 8 octobre, la ministre du Travail a passé en revue les différents ateliers de l’École des Métiers de Dijon Métropole. Pour le président du CFA, il y a «une vision de l'apprentissage qui a complètement changée suite à la réforme de l'apprentissage».
«On a eu une grande réussite au cours de l'année 2020 en battant des records historiques avec plus de 520.000 contrats et je pense que l'année 2021 s'annonce bien», déclare Élisabeth Borne ce vendredi 8 octobre 2021, un mois après la rentrée dans les établissements de formation. En 2017, au niveau national, moins de 300.000 contrats avaient été enregistrés.

La ministre du Travail a choisi l’École des Métiers de Dijon Métropole (ex-CFA La Noue à Longvic) pour venir échanger avec des jeunes. Au passage, Élisabeth Borne rend un hommage appuyé au travail de la députée LREM Fadila Khattabi, «une grande défenseure de l'apprentissage» qui «connaît très bien cet établissement».

Dans la délégation sont également présents Rémi Delatte (LR), député de la Côte-d'Or, Emmanuelle Coint (LR), première vice-présidente du conseil départemental de la Côte-d'Or, Océane Charret-Godard (PS), conseillère de Dijon Métropole déléguée à l'emploi, Anne Gutierrez-Vigreux (PS), adjointe au maire de Longvic, et Jean-Paul Durand (PS), conseiller municipal de Dijon et administrateur du CFA.

Un engouement pour les formations post-bac en alternance


À cette rentrée 2021, le CFA accueille 1.300 apprentis et une centaine de stagiaires de formation continue. Cela correspond à une augmentation d'environ 10% des effectifs.

Depuis 2016, Christophe Le Mesnil préside l’École des Métiers de Dijon Métropole. Il constate «un engagement des jeunes sur les formations post-bac», cela révèle «une vision de l'apprentissage qui a complètement changée suite à la réforme de l'apprentissage» qui permet de concilier la poursuite d'études et une rémunération.

Coiffure, fleuriste, optique, carrosserie, mécanique auto, pâtisserie, boulangerie... Christophe Le Mesnil conduit une visite qui aborde des métiers variés, en lien avec la palette de formations proposées dans l'établissement.

«L'apprentissage, c'est bien souvent un emploi à la clé»


La ministre du Travail compte sur l'engouement retrouvé pour l'apprentissage afin de résorber la difficulté de recrutement dans des métiers en tension. «La première façon de trouver des salariés, c'est bien l'apprentissage», insiste Élisabeth Borne, «c'est de faire découvrir des métiers à des jeunes et de leur permettre de se former».

«De se former dans les entreprise», développe la ministre, «c'est bien pour le jeune parce qu'il a un contrat de travail pendant qu'il se forme ; il est rémunéré, il découvre le monde professionnel et c'est bien souvent un emploi à la clé. C'est vraiment une voie qu'il faut faire connaître».

Le gouvernement entend faire de l’apprentissage un pilier du plan «1 jeune, 1 solution», plan qui prévoit des aides allant de 5.000 euros pour le recrutement d’un apprenti mineur à 8.000 euros pour le recrutement d’un jeune majeur en contrat d’apprentissage. Selon le ministère du Travail, le nombre de contrats signés en Côte-d’Or a ainsi augmenté de 62% depuis 2017. Les aides du plan « 1 jeune, 1 solution » sont prolongées jusqu’en juin 2022. Le gouvernement a mis en place un simulateur d'aides financières (lire le communiqué).

«Les enjeux de rémunération, ça compte aussi»


La ministre du Travail pose une pierre dans le jardin des chefs d'entreprise de l'hôtellerie-restauration notamment qui peinent à retrouver des employés au sortir de la crise sanitaire : «une fois qu'on a formé des jeunes, il faudra aussi que ces secteurs réfléchissent à l'attractivité de leurs métiers. Ça vaut même pour les apprentis, certains se découragent en cours de route donc c'est important en termes de management. Le secteur a engagé des discussions sur la revalorisation du métier, la prise en compte des contraintes qui sont importantes dans ces métiers donc les enjeux de rémunération, ça compte aussi».

«Une palette de solutions pour répondre à la situation de chaque jeune»


La Garantie Jeunes «monte en puissance» assure la ministre. Après 100.000 contrats en 2020, 200.000 contrats sont attendus en 2021. «Dans la crise que l'on traverse, on a réussi à protéger les jeunes. Si on se rappelle ce qui s'est passé dans la crise de 2008-2009, on a eu une augmentation de 30% du chômage des jeunes. Là, on est au niveau d'avant-crise», explique Élisabeth Borne.

«Il faut continuer à regarder tous les jeunes», alerte-t-elle, «ceux qui peuvent rentrer en apprentissage, c'est très bien qu'ils le fassent. Au contraire, on développe des dispositifs pour amener vers l'apprentissage des jeunes qui n'ont pas forcément tous les codes, toutes les connaissances de base dans un dispositif de prépa-apprentissage. Il faut être capable d'aller chercher tous les jeunes y compris ceux qui ne viennent pas spontanément vers les missions locales et c'est toute la logique de l'accompagnement qu'on développe de ne laisser aucun jeune sur le bord de la route donc on doit avoir une palette de solutions pour répondre à la situation de chaque jeune».

L'opposition socialiste notamment est revenue récemment à la charge pour inciter le gouvernement à instaurer un «RSA jeunes», ce qui fait bondir la ministre : «ça sera non, définitivement non. Ce que les jeunes attendent, ce n'est pas qu'on leur donne une allocation, c'est qu'on les aide à choisir un métier, ensuite qu'on les aide à se former quand c'est nécessaire pour accéder au métier».

Présidente de la commission des affaires sociales à l'Assemblée nationale, Fadila Khattabi partage cette approche et défend le principe de «l’égalité des chances» (lire le communiqué). En mai dernier, le gouvernement a élargi les critères d’accès de la Garantie Jeunes en concertation avec les Missions Locales (lire le communiqué).

«J'ai récupéré 100% de mes salariés»


En s'adressant à la ministre du Travail à l'issue de la visite, Christophe Le Mesnil remercie l’État – ainsi que la Région et la Métropole – pour avoir soutenu le secteur de l'hôtellerie-restauration. Chef d'entreprise spécialisé dans le monde de la nuit, Christophe Le Mesnil gère notamment le Bal'tazar à Dijon. Fermée en mars 2020, la discothèque a timidement rouvert en juin 2021 avant de retrouver une véritable activité à partir de septembre dernier.

«J'ai récupéré 100% de mes salariés», explique le gérant de discothèque, «d'abord mes salariés, parce que j'espère que je suis un bon patron, puis le reste des salariés qui ne sont pas à temps complet, des étudiants. Ils ont pendant cette transition, ils ont quand même touché le chômage partiel ? J'avais deux postes à pourvoir, je les ai pourvus à la rentrée avec une augmentation». Christophe Le Mesnil se dit «heureux» d'être à la sortie de crise.

Jean-Christophe Tardivon