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08/10/2025 19:54

TRAVAIL : «La France joue le jeu de l'intégration»

«L'apprentissage de la langue, c'est aussi l'apprentissage des us et coutumes du pays dans lequel on vit», a déclaré le sous-préfet Denis Bruel, ce lundi 6 octobre, à Ahuy pour évoquer un des principaux freins à l'emploi des ressortissants étrangers autorisés à s'installer durablement en France.
«L'intégration par le travail ne marche que grâce aux entreprises, (…) quand on crée de l'activité économique, qu'on a de la croissance.» Le ton est donné par Denis Bruel pour lancer la 5ème Semaine de l'intégration, ce lundi 6 octobre 2025, à Ahuy. 

Le secrétaire général de la préfecture de la Côte-d'Or a retenu l'Association régionale pour l'insertion et la qualification dans dans le bâtiment et les travaux publics en Bourgogne-Franche-Comté (ARIQ BTP BFC) pour organiser une table-ronde sur le thème : «Intégration par l’emploi des bénéficiaires d’une protection internationale et primo-arrivants».

Autour de la table figurent des représentants de service de l'État, d'entreprises et d'associations ainsi que des réfugiés.

Le contrat d'intégration républicaine vise à favoriser l'insertion dans la société française


Les ressortissants étrangers souhaitant s'installer durablement en France peuvent recourir à deux voies légales : la demande d'un titre de séjour et la demande d'asile. Cette dernière concerne plusieurs profils en fonction de la situation dans le pays d'origine : les réfugiés, les bénéficiaires de la protection subsidiaire ou les bénéficiaires de la protection temporaire pour les déplacés d'Ukraine.

En 2016, le contrat d'accueil et d'intégration, géré par l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII), a évolué pour devenir le contrat d'intégration républicaine (CIR). 

Selon les services de l’État, le CIR est conclu entre l'État français et tout étranger non européen admis au séjour en France et souhaitant s'y installer durablement, sauf exceptions. Le signataire s'engage à suivre des formations pour favoriser son insertion dans la société française. 

Une formation civique est obligatoire. Elle vise à faciliter l'appropriation des principes de la République par les étrangers primo-arrivants, à faire connaître les règles de vie en France et répondre aux besoins pratiques des étrangers ainsi qu'à informer sur les dispositifs d'accompagnement vers l'emploi.

Une formation linguistique peut être demandé aux personnes en fonction de leur niveau de français.

Renforcement des exigences

  
La loi pour Contrôler l'immigration, améliorer l'intégration (CIAI) de 2024 a créé un examen à l'issue de la formation ont la réussite conditionne l'obtention de la carte de séjour pluriannuelle et la carte de résident. Cette même loi a également renforcé les attentes en matière de maîtrise du français.

En France, en 2024, on a recensé 110.000 signataires d'un CIR, dont 811 en Côte-d'Or.

«L'apprentissage de la langue, c'est aussi l'apprentissage des us et coutumes du pays dans lequel on vit»


«L'intégration passe par l'apprentissage de la langue qui permet d'accéder à un emploi», souligne Denis Bruel, «l'accès à l'emploi, c'est l'accès aux ressources, un moyen d'intégration, de faire société». «L'apprentissage de la langue, c'est aussi l'apprentissage des us et coutumes du pays dans lequel on vit.»

«Qui dit intégration ne veut pas dire abandonner sa culture, son passé, c'est simplement s'intégrer à un pays», insiste-t-il, «les Français acceptent que des personnes viennent en France, s'installer en France, fassent souche en France, mais, pour ça, il faut que ces personnes acceptent les règles de la communauté nationale».

«Il faut avoir une politique équilibrée», poursuit le représentant du préfet de la Côte-d'Or, «c'est tout l'enjeu voulu par l’État : mieux reconduire pour pouvoir mieux intégrer». «C'est deux piliers qui sont indispensables pour que la vie en société soit harmonieuse. (…) On ne saura bien accueillir que si on sait réguler les flux.»

Le parcours de Mohamed, venant du Soudan


Directrice adjointe du GIEQ Industrie 21, Élodie Nguyen ouvre la table-ronde en évoquant un exemple de parcours professionnel d'un réfugié : Mohamed, originaire du Soudan, est arrivé à Sochaux où il a travaillé comme agent de fabrication à PSA, puis est venu à Dijon pour s'orienter vers de la maintenance. 

Mohamed a suivi une première formation pour acquérir les bases puis a entamé une alternance en entreprise pour valider son certificat. Dans la foulée, il est embauché durablement dans une entreprise du secteur de la pharmacie, située dans l'agglomération dijonnaise. Il choisit alors de déménager pour habiter à proximité du site de production.

La motivation des réfugiés


«Ce sont des personnes extrêmement motivées, qui progressent vite en langue, surtout quand elles ont appris l'anglais dans leur pays», signale Myriam Sba, responsable de pôle à Maisons et services, qui intervient dans le secteur des services à la personne. 

Tous les intervenants par la suite insisteront également sur le fait que les réfugiés font généralement preuve d'une grande motivation : «elles ont généralement un projet de vie et l'intégration se fait assez rapidement».

En revanche, la situation est plus problématique avec «des personnes qui ont un niveau scolaire court – surtout les femmes de certains pays – ce qui fait qu'apprendre le français est plus compliqué» mais «si tout le monde est de bonne volonté, on y arrive».

De l'hôtellerie de luxe dans le pays d'origine jusqu'aux services à la personne en France


Dans le secteurs des services à la personne, il est important de pouvoir comprendre les étiquettes des produits ménagers, notamment pour des enjeux de sécurité sanitaire.

«Certaines personnes ont travaillé dans des hôtels de luxe», relève Myriam Sba, dans ce cas «c'est facile» pour elles. «C'est plus difficile pour les personnes qui ne sont pas passées par l'hôtellerie-restauration.»

«Le niveau de français est très limitatif»


«Le monde de l'industrie continue d'évoluer», constate Pierre Mandote, directeur de l'agence Valmy de Manpower, «aujourd'hui, pour rentrer dans une entreprise, vous avez beaucoup de conditions pour accéder aux postes».

«Le niveau de français est très limitatif», relève le professionnel de l'intérim qui insiste sur l'importance de la capacité à s'exprimer en français durant un entretien d'embauche.

«Le niveau de langue augmente avec la loi CIAI : pour obtenir une première carte de résidence en France, il faut un niveau de langue plus important», indique Denis Bruel, «l'idée est que si la personne arrive en France et n'écrit pas le français et ne fait pas les démarches pour apprendre le français, elle ne pourra pas s'intégrer.»

Autre enjeu : la mobilité au moment où de plus en plus d'entreprises refusent de recruter les personnes qui se déplacent en trottinette car considérée comme un moyen de locomotion trop dangereux.

«Le sujet de la mobilité concerne aussi nos compatriotes partout sur le territoire», réagit le sous-préfet, «avec les collectivités, on essaie de trouver les bons vecteurs pour refavoriser les mobilités».

«Consacrer les moyens» aux réfugiés arrivés légalement


Nathalie Loiselet, conseillère en insertion professionnelle du programme Agir de Coallia, pointe la rapide bascule des cours de français du présentiel au distinciel, ce qui ajoute l'enjeu de l'accès aux outils numériques.

«Sans le niveau de français, on n'accède même pas au Code de la route», glisse-t-elle. «On a plein de gens qui attendent, qui ont envie de travailler.»

Denis Bruel renvoie à la logique de «diminuer le nombre de primo-accédants» pour pouvoir «consacrer les moyens à ceux qui sont là dans le cadre légal». «On va avoir besoin de plus en plus du réseau associatif ; (…) les cours d'apprentissage, c'est la première façon d'aider les personnes à trouver de l'emploi.»

Apprendre le français, c'est aussi apprendre «ce qu'est travailler en France»


Comme le signale Djamila Oudiette, directrice départementale adjointe de France Travail, il existe un dispositif de préparation opérationnelle à l'emploi qui peut comprendre un module de français langue étrangère (FLE).

La représentante de France Travail insiste sur le fait que le FLE peut également être source d'apprentissage à la culture française, ce qui demande du temps, en somme «ce qu'est travailler en France».

«Dans le cadre de l'immigration économique, le législateur a voulu faire appel à des gens qui maîtrisent déjà les bases», rappelle Denis Bruel. 

En fonction du niveau de français, le volume d'heures oscille de 600 heures en présentiel à quelques heures de cours en ligne.

«Permettre l'intégration sociale et culturelle pour pouvoir sécuriser les trajectoires professionnelles»


Aline Paindavoine, directrice générale du CESAM, signale de l'association a contracté avec la Métropole de Dijon de façon à favoriser l'intégration des primo-arrivants. 

Via, une plateforme de positionnements de niveau évalue le niveau de 1.000 personnes chaque année mais «les actions de formation ne permettent pas d'accueillir toutes ces personnes».

Aline Paindavoine suggère donc d'enseigner le FLE en amont de l'entrée en formation des demandeurs d'emploi.

De façon connexe, le dispositif Ensemble – soutenu par la Métropole de Dijon avec des fonds de l’État – vise à accompagner 200 personnes par an pour aller à la découverte du territoire de vie avec des activités et des sorties. Ensemble comprend 70 bénévoles qui font bénéficier leur expériences aux nouveaux arrivants.

«Il faut permettre l'intégration sociale et culturelle pour pouvoir sécuriser les trajectoires professionnelles», résume la directrice du CESAM.

Témoignages de réfugiés ayant signé un contrat d'intégration républicaine


Nasroudine est arrivé du Soudan en 2017 en étant titulaire d'une licence. Il a été affecté au centre d'accueil des demandeurs d'asile de Coallia, à Dijon, et est devenu bénéficiaire du dispositif Ensemble. Il a suivi des cours de français, a été intégré au dispositif amont de la qualification (DAQ) et a passé des test à l'AFPA.

Son souhait était de devenir technicien en fibre optique mais il n'avait pas le permis, il a donc repris des cours de français pour passer l'examen. Il a suivi une formation à l'AFPA et a été recruté en CDI.

L'entreprise a dû opérer des licenciements économiques après avoir perdu un marché. Nasroudine s'est donc reconvertit dans un métier de l'électricité appliqué au BTP. Il est devenu bénévole auprès d'Ensemble pour faire des traductions et donner des cours de code de la route.

Abdallah est arrivé du Tchad en 2021. Il a suivi des cours de français avec l'OFII puis avec le GRETA avant d'enchaîner avec une formation dispensée par Online Formation. Il a suivi plusieurs stages puis a trouvé une formation en alternance au sein de l'entreprise Baffy avant de se tourner vers l'intérim.

En 2022, Dorine est arrivée de la République démocratique du Congo, où elle était agent hospitalière, avec une fille âgée de trois ans. Elle a été orientée à Dijon et enfin à Châtillon-sur-Seine.

Dorine a intégré le DAQ en 2023 et a quitté Châtillon-sur-Seine pour re venir à Dijon. Elle a suivi le dispositif Agir en 2024 puis s'est rendue à Paris pour travailler dans un hôtel tout en ayant une enfant scolarisée à Dijon.

En 2025, Dorine a intégré le chantier d'insertion du CESAM et travaille désormais dans un EHPAD de l'agglomération dijonnaise. Elle souhaite devenir aide-soignante, ce qui passe par le suivi d'une formation, l'amélioration de son niveau de langue et l'obtention du permis de conduire en 2026.

«On accompagne des personnes qui ont développé dans leur pays des compétences utiles pour les métiers des services à la personne notamment», précise Athénaïs Daval, chargée de projet du chantier d'insertion CESAM Autonomie.

Murtaza est arrivé d'Afghanistan. Il a été orienté vers Lyon puis Dijon. Il suit une formation en alternance sur le site dijonnais d'un grand groupe pour devenir technicien de maintenance.

Khalil est arrivé du Soudan en 2018. Il a habité Chalon-sur-Saône avant de venir à Dijon. Il a appris le français avec des bénévoles et des vidéos sur Internet puis a suivi une formation à l'AFPA avant d'être recruté au sein de l'entreprise Baffy. Il a repris des cours de français pendant un an pour passer le permis de conduire.

«L'entreprise Baffy a eu envie de l'accueillir», glisse Franck Bréon, directeur technique d'ARIQ BTP BFC, «il a fait l'effort, l'entreprise a fait l'effort aussi». «Après trois de contrat pro, il a évolué.»

En 2022, Aïssa est arrivée du Sénégal où elle dirigeait un restaurant. Elle a été affectée à Dijon qu'elle connaissait de réputation pour sa moutarde. Passant un an dans un centre d'accueil des demandeurs d'asile de la Croix-Rouge française, elle créé une activité de cuisine au sein du centre.

Aïssa a intégré le dispositif d'Accompagnement global et individualisé des réfugiés (AGIR) puis a suivi une formation de création d'entreprise avec la BGE pour lancer la production d'une gamme des mélanges d'épices, de sauces exotiques et de marinades – certaines avec de la moutarde de Dijon – vendus en ligne.

«C'est du donnant-donnant, il faut avoir la volonté de s'intégrer»


«Il y a beaucoup d'initiatives, il y a énormément d'entreprises citoyennes», réagit Denis Bruel à l'écoute de ces témoignages, «on n'a vraiment rien à gagner à opposer les gens, à opposer les situation, on a plutôt intérêt à jouer collectif». 

«La France, dans son ensemble, joue le jeu de l'intégration», conclut le sous-préfet, «c'est du donnant-donnant, il faut avoir la volonté de s'intégrer ; (…) en règle générale, il y a quand même des portes qui s'ouvrent».

Jusqu'au 10 octobre, dans le cadre de la Semaine de l'intégration, une quinzaine événements sont programmés en Côte-d'Or, parmi les 800 organisés dans toute la France.

Jean-Christophe Tardivon

Le dossier du ministère de l'Intérieur sur la Semaine de l'intégration 2025





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