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15/06/2022 18:29

VAGUE DE CHALEUR : «L'hydratation des résidents, c'est le travail de tous»

Depuis 2003, des protocoles ont été instaurés dans les maisons de retraite pour accompagner les résidents face aux fortes chaleurs. Ce mercredi 15 juin, le directeur de l'ARS Bourgogne-France-Comté et le préfet de la Côte-d'Or ont visité un EHPAD de la Mutualité française à Quetigny.
Une vague de chaleur précoce se déroule progressivement sur la France depuis ce mardi 14 juin. Depuis la canicule particulièrement mortelle de 2003, des protocoles de prévention ont été établis à destination des établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD).

«Ils sont activés à la moindre alerte», selon l'Agence Régionale de Santé Bourgogne-Franche-Comté dont le directeur général, Pierre Pribiile, a effectué une visite, ce mercredi 15 juin 2022, de la résidence médicalisée Le Cromois, située à Quetigny, ouverte en 2005 et exploitée par la Mutualité française Bourguignonne Services de soins et d’accompagnement mutualistes (MFB-SSAM), filiale du groupe Vyv.


Le directeur de l'ARS était accompagné d'Emmanuel Coint (LR), vice-présidente du conseil départemental de la Côte-d'Or, Rémy Détang (PS), maire de Quetigny, Fabien Sudry, préfet de la Côte-d'Or, et Lionel Meunier, directeur de la MFB-SSAM.

Pièce à vivre rafraîchie et climatiseurs mobiles


La MFB-SSAM gère 19 EHPAB en Bourgogne dont 16 en Côte-d'Or. Tous suivent les protocoles présentés ce jour au Cromois. «Il y a aussi beaucoup d'accompagnement et de solidarité», signale Lionel Meunier, directeur de la MFB-SSAM. La mutuelle gère également un service à domicile, sous l'enseigne Atôme, où de tels protocoles sont déclinés.

La délégation a été accueillie par Océane Millier, directrice depuis 2019 du Cromois. La résidence mutualiste est au complet avec 65 résidents ayant entre 65 ans et 104 ans. La structure compte 34 équivalents temps-plein dont 12 aides-soignantes et 10 agents de collectivité polyvalents. Quatre postes vacants sont en attente de recrutement, compensés par des personnels non-diplômés faisant fonction d'aide-soignant.

Océane Millier pointe les limite du lancement d'alerte quand il se transforme en une polémique globalisante qui réduit l'attractivité des métiers : «cet EHPAD-bashing peut desservir des belles initiatives qui sont dans les établissements».

La direction a une vision d'ensemble de l'établissement, de l'accueil accordé à la personne âgée jusqu'à l'adaptation des locaux. Sur son budget propre, l'établissement a installé des films solaires sur des vitres de la façade orientée sud-ouest. En 2021, l'ARS a financé six nouveaux climatiseurs mobiles, placés à chaque extrémité des couloirs des étages.

Dans le cadre du «plan bleu» départemental, une pièce à vivre au rez-de-chaussée a été climatisée pour être maintenue à 24° en période de fortes chaleurs. Une fontaine à eau plate et eau gazeuse a notamment été installée dans la salle du restaurant.

«Tout le monde propose à boire en permanence»


Quelle que soit leur fonction, tous les personnels sont sensibilisés à l'accompagnement des résidents : «les équipes savent que les périodes de fortes chaleurs sont à partir de tel moment, on est déjà tous beaucoup plus vigilants sur la population des personnes âgées parce qu'on sait qu'elles boivent et l'on développe beaucoup plus de choses plus rapidement».

«L'hydratation des résidents, c'est le travail de tous. C'est le travail du directeur, de l’infirmière de coordination (IDEC). (…) Tout le monde propose à boire en permanence. (…) Une dame qui ne veut pas forcément d'eau, on va lui proposer peut-être un thé, un café, un sorbet. C'est à nous de pouvoir nous adapter», assure Océane Millier.

Vigilance quant aux conséquences des troubles neuroévolutifs


«On a appris depuis 2003 à être prioritairement dans la prévention», analyse le Docteur Jean-Christophe Alixant, médecin coordonnateur du Cromois, «on a appris beaucoup de choses sur la clinique des troubles médicaux chez la personne très âgée face à des canicules». «Nous savons aujourd'hui mieux détecter, mieux prendre en soin nos patients très fragiles parce que c'est 80% de la population de nos résidents.»

Le soignant attire notamment l'attention sur les conséquences des troubles neuroévolutifs : les patients peuvent ne pas prendre conscience de la température et ne pas avoir conscience des risques qu'elles encourent. «Nous sommes extrêmement vigilants», assure-t-il.

Au cours de la visite, la délégation fait notamment étape dans la chambre de Michèle, 78 ans, qui partage volontiers son témoignage en évoquant plus son goût des thés dansants que les conséquences de la vague de chaleur. En attendant le goûter de 15 heures, Michèle confie également préférer l'eau gazeuse aux fruits pour se désaltérer.

«L'enjeu est de remobiliser tous nos gestes de prévention»


«L'enjeu est de remobiliser tous nos gestes de prévention et que ces gestes se diffusent dans la vie quotidienne de tous nos concitoyens, évidemment à commencer par les personnes les plus fragiles mais c'est valable pour tout le monde parce qu'un enfant, un sportif, un travailleur à l'extérieur peut être victime d'un gros coup de chaleur et il s'agit de s'en prévenir», indique Pierre Pribile.

Boire régulièrement, passer du temps dans des espaces rafraîchis, préserver son logement de l'entrée de la chaleur... sont les principaux conseils pouvant s'appliquer à tous sans oublier de «réactiver les gestes de solidarité» en prenant des nouvelles de ses proches et du voisinage.

«Ces réflexes doivent être ceux de la société dans son ensemble, le risque canicule concerne les résidents, les personnes seules plus ou moins fragiles et tout en chacun dans sa vie quotidienne», insiste le directeur de l'ARS, «les EHPAD, parfois si décriés, montre en fait l'exemple pour activer les bons gestes de prévention».

«Il est nécessaire que chacun intègre ce temps plus chaud», insiste le préfet, «cela suppose que chaque citoyen adopte ce comportement». «Cela suppose aussi que chaque organisateur public, chacun dans son domaine de responsabilité prenne les dispositions utiles pour s'occuper des personnes vulnérables. (…) On voit ici l'immense travail qui a été fait depuis quelques années pour prendre en compte ces épisodes qui deviennent plus fréquents plus tôt.»

«Quand les conditions climatiques sont plus dures, il y a une règle de comportement», complète Fabien Sudry, «c'est l'attention à ses concitoyens, c'est la vie citoyenne et les valeurs républicaines».

Le Département est attentif au bilan énergétique d'une rénovation


«Chaque fois qu'il y a une rénovation [bâtimentaire], nous avons beaucoup d'attention au bilan énergétique de tous les établissements sociaux et médico-sociaux et au fait qu'il y ait une pièce rafraîchie dans chaque EHPAD», souligne Emmanuelle Coint. «À domicile, les gens sont très mobilisés depuis 2003 avec des protocoles qui s'améliorent au fur et à mesure de nos connaissances et des solutions qui sont proposées comme l'eau gélifiée.»

Installé en bordure d'un espace de verdure, sur lequel il empiète de 400 m², Le Cromois fait la «fierté» du maire de Quetigny. «Cette alerte canicule nous interpelle et doit interpeller les urbanistes qui doivent intégrer effectivement ces îlots de verdure pour diminuer les températures. Ce concept-là a été mis en place à Quetigny dès l'origine, c'est un concept de construction de cette ville», indique Rémy Détang, «Quetigny est parsemée de ce que les urbanistes appellent des chambres vertes».

Jean-Christophe Tardivon

Possible vigilance jaune à la canicule dès ce jeudi 16 juin


Les conseils préventifs de l’Agence régionale de santé en cas de fortes chaleurs


Le Département de la Côte-d'Or est mobilisé pour limiter l’impact sanitaire des fortes chaleurs sur les publics fragiles











































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