Le nouvel archevêque de Dijon Antoine Hérouard a tissé des liens particuliers avec sainte Bernadette puisque, en 2019, le pape François l'a nommé délégué apostolique pour le sanctuaire de Lourdes.

Durant trois ans, il s'est rendu très régulièrement à Lourdes, non plus comme bénéficiaire mais comme évêque en fonction.

Ce lundi 21 février 2022, à quelques jours du début de son ministère au diocèse de Dijon, l'archevêque Antoine Hérouard témoigne de cette expérience.

Bernadette Soubirous, née en 1844, a rejoint le couvent Saint-Gildard à Nevers en 1866 pour y décéder en 1879. Elle a été canonisée en 1933. Son corps repose toujours dans une châsse de verre et de bronze au Sanctuaire Sainte Bernadette Soubirous de Nevers.

«Pourquoi est-ce Bernadette qui a été bénéficiaire de ces apparitions ?»

«J'ai découvert Lourdes de l'intérieur en voyant la diversité des gens qui venaient à Lourdes en pèlerinage, la présence des malades, la présence des petits, des pauvres, des gens modestes, l'expression de la piété populaire, il y a des choses qui m'ont beaucoup touché et qui m'ont appelé aussi à se dire 'comment est-ce qu'on annonce l’Évangile à des gens qui parfois ont des pratiques qui peuvent paraître un peu de superstition, qui ne sont pas forcément celles que l'on développe habituellement ?'»

«Il y a une foi profonde et simples des gens qui viennent à Lourdes, ça m'a permis de mieux découvrir la personne de Bernadette. Bernadette est une jeune femme à qui donc la Vierge est apparue. La question que l'on peut se poser, c'est 'pourquoi est-ce Bernadette qui a été bénéficiaire de ces apparitions ?' Parce qu'elle était d'une famille plutôt pauvre – en tous cas ruinée –, elle avait peu d'éducation, elle n'avait pas les codes sociaux, elle était un peu marginale dans son environnement et, en même temps, elle avait un désir profond de faire sa première communion à l'époque et une foi très profonde.»

«Ce qui apparaît dans la personnalité de Bernadette, c'est une grande simplicité, une grande humilité (…) mais, en même temps, une grande ténacité, parce qu'elle va connaître tout de suite connaître des oppositions, des railleries, des moqueries.»

«Ce n'est pas toujours facile d'être chrétien aujourd'hui mais il y a un témoignage à porter»

«Son axe est de dire 'on m'a pas chargé de vous le faire croire, on m'a chargé de vous le dire'. Elle transmet son témoignage et ce témoignage fait son chemin, plus ou moins bien, dans le cœur et dans la vie des autres. Ce double aspect d'une grande simplicité-humilité et puis ténacité est quelque chose qui peut éclairer notre position aujourd'hui. Ce n'est pas toujours facile d'être chrétien aujourd'hui, dans un monde qui ne l'est plus largement, mais il y a un témoignage à porter. Ce témoignage, il ne s'agit pas de prouver des choses par A+B mais il s'agit plutôt de montrer en quoi est-ce que la foi va changer la vie de ceux qui l'embrassent.»

«C'est à cela que Bernadette nous appelle et elle-même a vécu dans la difficulté. Elle avait à la fois cet attachement très fort à la Vierge Marie et cet attachement aussi au lieu où les choses ce sont passé, à la grotte de Massabielle. Finalement, en entrant dans la vie religieuse et ensuite elle a compris très vite qu'elle ne pourrait pas rester là et qu'elle allait devoir vivre le reste de sa vie ailleurs. C'est comme ça qu'elle va partir à Nevers. Pour elle, c'est aussi un déchirement parce qu'elle comprend très bien qu'elle ne reverra jamais Lourdes et la grotte.»

«J'étais à Lourdes le 18 février pour la fête de Sainte-Bernadette et des personnes m'ont dit 'vous allez faire le chemin de Bernadette, vous allez vers la Bourgogne'. Ce n'est pas dans les mêmes conditions ni dans la même situation mais je pense qu'il y a quelque chose de beau à garder cette présence de Bernadette ici en Bourgogne, sachant ce que j'ai un peu vécu, découvert et partagé au long de ces trois années.»

«La foi chrétienne reste aussi une composante importante de la culture et de la société française», déclare le nouvel archevêque de Dijon Antoine Hérouard