Le Président de la République a réussi là où d’autres avaient échoué
avant lui, à commencer par Nicolas Sarkozy et François Hollande. Même si
ses adversaires veulent minimiser sa victoire, elle n’est pas
contestable. Mais elle l’oblige ainsi qu’il l’a affirmé dès dimanche
soir.
Il est toujours délicieux d’entendre ceux qui ont perdu claironner
qu’ils ont gagné. Mais dans une élection présidentielle, il n’y a qu’un
vainqueur. Et c’est donc Emmanuel Macron qui, ce dimanche 24 avril l’a
remporté face à Marine Le Pen.
Même si certains ont voulu jouer à se
faire peur, la victoire d’Emmanuel Macron ne faisait guère de doutes…
depuis 2017. Il faut en effet se souvenir qu’il y a cinq ans beaucoup
avaient prédit sa victoire en 2022.
A cette même place, il y a cinq
ans, nous avions écrit que le nouveau Président de la République se
devait de réussir son quinquennat pour éviter que Marine Le Pen, battue
en 2017, prenne sa revanche en 2022.
En cela, le Président de la
République a donc réussi. Comme en 2002 et comme en 2017, le ou la
candidat(e) d’extrême droite a manqué la dernière marche. Mais qui a
vraiment cru que Marine Le Pen pouvait gagner ? Les médias nationaux ont
repris quasiment les mêmes refrains que ceux que l’on a entendus en
2002 comme en 2017. Et puis le résultat est tombé. Sans appel. Même si
évidemment il est politiquement bien joué d’expliquer que la victoire de
2022 est moins large que 2017. Ca fait plaisir à ses amis, à ses
partisans. Mais après…
Bien évidemment les oppositions, ou ce
qu’il en reste, tant elles sont fragmentées, ont beau jeu depuis une
quinzaine de jours et encore plus depuis le 24 avril au soir,
d’expliquer qu’Emmanuel Macron a remporté une petite victoire.
C’est
vrai qu’elle est moins large que celle remportée par Jacques Chirac en
2002 et par le même Emmanuel Macron en 2017. Les chiffres en la matière
sont implacables. Leur réalité justifie les propos qu’Emmanuel Macron a
tenu dimanche soir en expliquant que cette victoire l’oblige. C’est bien
le moins. Il est, par la constitution, le Président de tous les
Français, comme d’autres l’ont été avant lui.
Son premier
quinquennat a été triplement marqué. Par la crise des gilets jaunes qui
n’aura été vraiment réelle que pendant un mois, avant qu’elle devienne
si politisée que la défaite promise aux élections européennes, ne l’a
pas été pour le Président de la République, mais en premier lieu,
faut-il le rappeler, pour Les Républicains, pour le Parti Socialiste et
pour Jean-Luc Mélenchon et ses Insoumis.
Des trois, seul Jean-Luc
Mélenchon a su rebondir. En faisant le gros dos aux élections
municipales pour mieux revenir dans la course à la présidentielles. Mais
la 3ème place est comme la 4ème place aux Jeux Olympiques, elle
n’attribue qu’une médaille en chocolat.
Par la volonté de Lionel
Jospin qui a imposé le quinquennat en lieu et place du septennat, iol y a
donc désormais une session de rattrapage. Jean-Luc Mélenchon espère
donc tirer les marrons du feu en juin prochain, pour peu que le Parti
Socialiste et d’autres partis de gauche embarquent sur son navire, que
le PC a lui quitté avant la Présidentielle. Allez donc savoir pourquoi.
La
deuxième marque du premier quinquennat d’Emmanuel Macron aura été la
pandémie, dont il est difficile de lui attribuer la responsabilité, même
si le brouhaha médiatico-politique a donné le sentiment de le faire.
Mais au bout du compte les Français ont fini par se lasser et même
s’exaspérer...
Troisième péril, la guerre en Ukraine, qui a
bouleversé tous les ordres et en la matière le discours du Président de
la République a été parmi les plus audibles.
C’est donc cet improbable cocktail qu’Emmanuel Macron est parvenu à digérer pour aller conquérir la victoire.
Les
spécialistes, mais pas que, remarqueront que depuis quatre décennies –
ce n’est pas rien – Emmanuel Macron est le seul à avoir été réélu sans
être passé par la case cohabitation, comme avant lui François Mitterrand
et Jacques Chirac. Les autres, faut-il le rappeler, ont échoué. Nicolas
Sarkozy a été battu par François Hollande en 2012. Et ce même François
Hollande, torpillé par les frondeurs, lui n’a pas été en mesure de se
représenter.
Toute la question maintenant est de savoir si les
Français donneront une majorité au Président de la République en juin
prochain. Jean-Luc Mélenchon l’a bien compris en leur demandant de
l’élire Premier Ministre. Il voudrait en cela faire démentir la logique
qui veut que le pays offre une majorité au Président qu’il a élu.
Mais
au-delà de ce schéma, le Président de la République sait aussi que son
deuxième quinquennat sera obligatoirement plus turbulent que le premier.
En 2017, nombreux avaient parié sur sa réélection en 2022. Mais cette
année, on n’attendra pas l’hiver prochain pour voir les prétendants à la
victoire en 2027 déjà jouer des coudes. A gauche, à droit, et au
centre. Et évidemment aux extrêmes.
Et puis Emmanuel Macron va
aussi devoir éviter l’écueil du troisième tour social que certains lui
promettent sans avoir les garanties que la France y est prête. Car ils
savent aussi que ce Président contre qui ils ont tiré à boulets rouges, a
quand même été réélu. Et puis du côté du PS et des Républicains qui
sont majoritairement aux affaires dans les Régions, les Départements,
les Intercommunalités et les communes, on va avoir d’autres chats à
fouetter que de courir après les extrémistes de toujours.
Pas
certain, par exemple que la future réforme des retraites voulue par le
Chef de l’Etat mette autant de monde dans la rue que la réforme Fillon,
sans d’ailleurs de gros résultats. Reste la question du pouvoir d’achat
et la question de l’environnement que le Président de la République a
dit vouloir mettre au cœur de ses politiques. Le vouloir c’est bien.
Convaincre une majorité de Français sera une autre paire de manche. Car
ainsi va la France. Son peuple aime revendiquer, mais a parfois ou
souvent du mal a accepter les conséquences de ce qu’il a voulu ou
souhaité.
Alain BOLLERY
(Photo Manon BOLLERY)