Circonscription par circonscription, retour sur les résultats de la présidentielle et présentation des forces actuellement en présence en Côte-d'Or.
Réélu président de la République avec un score sans appel ce dimanche 24 avril 2022, Emmanuel Macron va entraîner dans son sillage les candidats de la majorité présidentielle aux prochaines élections législatives prévues les 12 et 19 juins prochains.
En Côte-d'Or en particulier, l'ensemble des résultats territoriaux permettent aux députés sortants de la majorité présidentielle de nourrir de solides espoirs en ce qui concerne leur réélection.
Dans le détail, en l'état actuel des forces en présence, les circonscriptions à forte composante urbaine apparaissent plus acquises aux tenants d'Emmanuel Macron que les circonscriptions principalement rurales.
Première circonscription
En 2017, Didier Martin (LREM) a été élu avec 54,14% des voix face à François-Xavier Dugourd (LR) avec 45,86% des voix.
Le premier tour de la présidentielle 2022 a placé Emmanuel Macron largement en tête, suivi de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen (respectivement 33,48%, 21,39% et 15,62%). Le second tour a été en ligne avec 69,12% pour Emmanuel Macron et 30,88% pour Marine Le Pen.
L'affiche du second tour 2022 pourrait donc bien ressembler à l'édition 2017. L'implantation de François-Xavier Dugourd, vice-président délégué du conseil départemental de la Côte-d'Or, devrait compenser la débâcle de Valérie Pécresse, candidate de son parti, les Républicains, à la présidentielle. À voir si les militants déjà, les électeurs ensuite se mobiliseront suffisamment pour concurrencer véritablement le député sortant.
La candidate du Rassemblement National, Frédéricka Desaubliaux, pourrait pâtir d'une candidature de Reconquête, le parti d’Éric Zemmour.
Du côté des Insoumis, il se murmure qu'un parachutage pourrait être effectué depuis Paris, ce qui aurait pour principal effet de déstabiliser les militants locaux.
Deuxième circonscription
En 2017, Rémi Delatte (LR-Libres) a été élu avec 52,44% des voix face à François Deseille (Modem) avec 47,56%.
Le premier tour de la présidentielle 2022 a placé Emmanuel Macron en tête, suivi de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon (respectivement 28,03%, 23,27% et 21,31%). Le second tour a vu un sursaut des électeurs d'Emmanuel Macron face à Marine Le Pen avec 59,04% et 40,96%, accentuant légèrement les écarts du niveau national.
Rémi Delatte entretient le flou sur sa candidature tandis que son suppléant, Ludovic Rochette, annonce ce 24 avril, vouloir «participer pleinement» aux législatives. S'il était adoubé par le député sortant, le maire de Brognon pourrait donc se lancer sous la bannière de Horizons, le parti fondé par Édouard Philippe.
La situation de la circonscription nourrissant les appétits, Jean-Philippe Morel (Parti radical) et Claire Vuillemin (Horizons) ont indiqué solliciter l'investiture de la majorité présidentielle.
Le Rassemblement National a investi Mélanie Fortier qui pourra prendre appui sur sa situation de conseillère régionale de Bourgogne-Franche-Comté mais aura à cultiver sa notoriété dans une circonscription où cependant la partie rurale a particulièrement voté pour la candidate de la droite nationale à la présidentielle.
En 2017, Franck Gaillard était candidat pour le FN (13,37% des voix). Aujourd'hui passé chez Reconquête, le soutien d’Éric Zemmour est fortement tenté de candidater.
Pour les Insoumis, Dominique Guidoni-Stoltz a sollicité l'investiture.
Après avoir parrainé Jean-Luc Mélenchon, Hamid El Hassouni, adjoint au maire de François Rebsamen, a sollicité l'investiture du Parti Socialiste.
Si Rémi Delatte ne se représentait pas, François Deseille, lui aussi adjoint au maire de Dijon, apparaîtrait alors en position de force pour aborder l'édition 2022 tandis que les Républicains auraient à trouver un autre candidat à soutenir.
Troisième circonscription
En 2017, Fadila Khattabi (LREM) a été élue avec 65,31% des voix face à Jean-François Bathelier (FN) avec 34,69%.
Le premier tour de la présidentielle 2022 a placé le trio de tête à quelques points d'écart : 27,42% pour Emmanuel Macron, 24,22% pour Marine Le Pen et 23,11% pour Jean-Luc Mélenchon. Le second tour a clarifié les positions avec 58,65% pour Emmanuel Macron et 41,35%% pour Marine Le Pen, en phase avec les scores nationaux.
La circonscription qui apparaît comme très urbaine car comprenant Quetigny, Longvic ou encore Chenôve (commune qui a placé Jean-Luc Mélenchon en tête avec 39,36% des voix), apporte néanmoins des suffrages importants à la droite de la droite.
Présidente de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, Fadila Khattabi figure parmi les ministrables du département. Durant le quinquennat, nombre de déplacements ministériels ont fait étape dans la circonscription. La député sortante aborde donc les législatives 2022 en position de force.
Conseillère municipal d'opposition à Longvic, Valérie Grandet a été investie par les Républicains.
Le Rassemblement National a investi Dominique Alexandre Bourgois, conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté.
Candidate aux départementales et régionales, Patricia Marc a sollicité l'investiture de La France Insoumise.
Ces deux candidatures auront sans doute à compter respectivement avec un représentant de Reconquête et un représentant de l'Engagement. Ce dernier mouvement, fondé par Arnaud Montebourg, est tenté de présenter un candidat soutenu par une précédente députée de la circonscription, Kheira Bouziane.
Quatrième circonscription
En 2017, Yolaine de Courson (alors LREM) a été élue avec 51,29% des voix face à Charles Barrière (LR) avec 48,71%.
La présidentielle a été favorable à Marine Le Pen sur cette circonscription avec 30,17% des voix au premier tour et 52,08% au second, la positionnant en tête devant Emmanuel Macron (24,60% au premier tour, 47,92% au second) et distançant Jean-Luc Mélenchon (16,02% au premier tour).
Dans cette circonscription, Éric Zemmour a effectué son score le plus important avec 7,94% au premier tour. Un résultat qui pourrait néanmoins avoir douché les ardeurs de potentiels candidats de Reconquête qui espéraient mieux.
La députée sortante aborde l'élection législative en étant fragilisée par son parcours durant la mandature. Ayant quitté LREM pour rejoindre l'éphémère groupe parlementaire Écologie Démocratie Solidarité, Yolaine de Courson a ainsi pris ses distances avec François Patriat (LREM), sénateur de la Côte-d'Or. Devenue orpheline, parlementairement parlant, avec la disparition du groupe EDS, Yolaine de Courson a rejoint le groupe Modem pour terminer son travail législatif.
Entre temps, Laurence Porte est entrée en piste. Proche du centriste François Sauvadet (LCOP), président du Département, Laurence Porte est maire de Montbard et vice-présidente du conseil départemental de la Côte-d'Or. Elle a rejoint le parti Horizons et figurait au premier rang du meeting dijonnais de soutien à Emmanuel Macron auquel a participé Éric Dupont-Morreti, meeting où Yolaine de Courson était absente.
Horizons contribuant à la majorité présidentielle qui va se mettre en place avec la réélection d'Emmanuel Macron, le sort de ces deux candidates pourrait être tranché par les investitures nationales de la majorité présidentielle. Sans oublier qu'Alain Chrétien, délégué régional de Horizons en Bourgogne-Franche-Comté, a signalé que le parti pourrait se lancer dans certaines circonscription en dehors des investitures de la majorité présidentielle.
Investi par les Républicains, Hubert Brigand (divers droite), maire de Châtillon-sur-Seine et vice-président du conseil départemental de la Côte-d'Or, devrait officialiser prochainement sa candidature. Déjà présent au premier tour en 2017 (17,70% des voix), il bénéficiera d'un ancrage territorial rivalisant avec celui de Laurence Porte.
Maire de Boussenois, au nord d'Is-sur-Tille, Stéphane Guinot a sollicité l'investiture de La France Insoumise (9,30% des voix au premier tour en 2017).
Le Rassemblement National a investi Myriam Péronne, commerçante à Montbard.
Les concurrences au sein de la majorité présidentielle et le poids du vote pour la droite nationale et l'extrême-droite pourrait conduire à une triangulaire dans cette circonscription. Les jeux apparaissent donc très ouverts.
Cinquième circonscription
En 2017, Didier Paris (LREM) a été élu avec 53,78% des voix face à Hubert Poullot (LR) avec 46,22%.
Au premier tour de la présidentielle, Emmanuel Macron (29,03%) et Marine Le Pen (28,34%) se sont retrouvés dans un mouchoir de poche. Jean-Luc Mélenchon (14,27%) et Éric Zemmour (7,89%) arrivant loin derrière. Au second tour, les résultats sont restés serrés avec 52,75% pour Emmanuel Macron et 47,25% pour Marine Le Pen.
Lui aussi ayant bénéficié de nombreuses visites ministériels, Didier Paris aborde cette élection en bonne position. Le travail accompli aux côtés des acteurs économiques pourrait avoir convaincu un électorat précédemment enclin à voter à droite voire très à droite.
Déjà candidat en 2017 (17,14% des voix au premier tour), René Lioret, délégué départemental du Rassemblement National et conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, a été investi par le parti de Marine Le Pen. Sa relative notoriété devrait lui assurer un bon transfert de voix entre la présidentielle et cette élection législative.
Adjointe au maire de Beaune Alain Suguenot (LR) et conseillère départemental de la Côte-d'Or, Charlotte Fougère a été investie par les Républicains.
Pour les cinq circonscriptions, l'état des forces en présence devrait sensiblement évoluer dans les prochains jours. Les sortants auront à officialiser rapidement leur candidature tandis que les négociations portant sur un rassemblement de la gauche radicale et de l'écologie politique pourraient retarder l'annonce de nouvelles investitures.
Jean-Christophe Tardivon
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