«Il faut qu’on joue sur l’attractivité», a déclaré Pierre N'Gahane, ce mercredi 29 novembre, à Dijon, alors que les concours enseignants ne font pas le plein.
Faute de candidats suffisamment nombreux, les inscriptions aux concours de recrutement d'enseignants (CRPE, Agrégation, Capes, Capeps, Capet et CAPLP), sont prolongées jusqu’au jeudi 7 décembre 2023, midi, heure de Paris.
Dans ce contexte, le recteur de l'académie de Dijon Pierre N'Gahane s'est rendu sur le site de l'Institut national supérieur du professorat et de l'éducation, ce mercredi 29 novembre 2023, sur le campus de l'université de Bourgogne. Le recteur a été accueilli par la directrice de l'INSPE Bourgogne Elsa Lang-Ripert.
Une visite où le recteur a souhaité rencontrer les étudiants en master qui se projettent vers le métier d'enseignant ou de CPE. À l'heure où l'on manque cruellement de professeurs, Pierre N'Gahane a eu l'occasion de discuter avec des jeunes passionnés, qui ont tous hâte de débuter cette carrière pleine de sens.
Pierre N'Gahane
Recteur de l’Académie de Dijon
« L’éducation nationale fait partie de la société, donc nous ne pouvons pas imaginer que nous soyons épargnés d'un phénomène qui touche toute la société, la menace terroriste est bien présente. Ces enjeux de sécurité, nous les prenons en compte parce que nous avons connu deux situations dramatiques. Samuel Pathy et Dominique Bernard, deux professeurs qui ont subi malheureusement les attentats atroces que nous connaissons. Mais n'en demeure pas moins que le métier de professeur reste un métier de vocation.
Aujourd'hui, on a une grande partie de professeurs qui viennent par vocation. On a aussi un public en reconversion, c’est à dire un public qui a eu une première trajectoire et qui, pour des choix personnels, décident de venir dans l'enseignement, parce qu'ils se disent que ça redonne du sens à leur parcours. Enseigner, c'est quand même former le citoyen de demain, c'est travailler sur la pâte humaine qui va faire la société de demain. C’est une belle mission.
Et puis bien sûr, il y a certaines personnes qui par opportunité ont choisi cette carrière. »
« On est convaincu que ce n'est pas une crise de vocation, notre conviction c'est qu'il faut qu’on joue sur l’attractivité. C’est à dire qu'il faut qu’on travaille sur ce qui fait que les gens pourraient renoncer, soit à repousser une vocation qui était la leur depuis le début, soit à se reconvertir chez nous, au seul motif qu’on n'est pas suffisamment attractif sur le plan des rémunérations.
Il faut qu'on y travaille, ce n'est pas simple à faire, mais vous savez que la revalorisation a été engagée. Alors elle peut être contestée parce qu'elle n'est pas à la hauteur des enjeux, mais elle a été faite. Aujourd'hui un professeur qui est recruté a au moins 2000€ net par mois, ça c'était un engagement présidentiel, ça a été tenu. Et puis les débuts de carrière ont été revalorisés.
Alors peut être pas à la hauteur de ce que chacun aurait souhaité, mais c'est un effort sans précédent qui a été fait depuis 20 ans donc il faut quand même qu'on le reconnaisse, on ne peut pas ne pas le reconnaître. Mais il n'y a pas que ça, il y a tout le travail que nous faisons pour accompagner selon le profil de nos professeurs, accompagner les parcours individuels de nos professeurs. Nous sommes une grande maison, donc on peut travailler avec ces personnes pour que dans un premier temps elles deviennent professeur, mais dans un 2eme temps elles peuvent chefs d'établissements ou même être inspecteurs. »
« On a cette mission de conforter et renforcer tout ça pour rendre le métier encore plus attractif qu'il ne l'a été par le passé et bien sûr de rassurer les professeurs en leur disant : « En venant chez nous, vous allez pouvoir prendre des initiatives. »
Tous ces enjeux où il y a à travailler sur le bien être des élèves, tous ces enjeux là doivent donner aussi plus de sens au métier de professeur. Donc il n'y a pas que le salaire, il y a aussi l'environnement et ce qu'on peut faire.
Donc on dit aux gens qui veulent nous rejoindre : « On peut vous accompagner dans votre vocation, dans votre conversion, dans l'opportunité que vous saisissez. On peut vous accompagner à avoir une trajectoire qui soit extrêmement intéressante pour vous. » L'enjeu pour nous, c'est d'être aussi attractif que les autres. »
Mélinda Da Cruz
M2 - Parcours mathématiques
« Tout a commencé quand j’étais petite, je jouais toujours à la maitresse dans ma chambre avec de faux élèves et avec ma petite soeur. Ce n’est pas du tout une vocation dès le départ, j’ai toujours voulu être vétérinaire jusqu'à mon entrée au lycée où j'ai fait la rencontre d'un enseignant à qui je dois mon choix de parcours. Il a su me transmettre sa passion et me faire me rendre compte moi-même de mon intérêt pour les mathématiques mais surtout mon intérêt pour la transmission. J’aime cette idée de pouvoir transmettre cette passion, d’apprendre des choses à d’autres.
J’ai eu le chance de faire le parcours « AED pré-professionnalisation » depuis ma deuxième année de licence en 2019. Je suis entrée dans un collège de Dijon où j’ai pu observer dans un premier temps et ensuite pratiquer grâce à un tuteur qui m’accompagnait. J’ai pris en charge ses classes avec les quelles je faisais cours. Ce parcours là a duré jusqu’à la fin de mon Master 1. En plus de ce parcours là j’ai pu réaliser 6 semaines de stages en temps complet ce qui était très enrichissant. Et maintenant je suis en responsabilité donc je travaille dans un collège de Dijon, je suis professeur et j’ai mes classes d’élèves.
Je pense qu’il faudrait que les jeunes n’hésitent pas à se renseigner réellement. Ce qui peut se voir sur internet ou dans les médias, c’est des images qui ne cesse de se véhiculer et de prendre une grande ampleur. On parle beaucoup des on-dit mais il s’avère qu’être enseignant c’est un métier magnifique. Quand on est sur le terrain et qu’on partage avec nos élèves c’est très enrichissant. Donc il ne faut vraiment pas s’arrêter aux idées reçues, il faut suivre notre coeur et aller voir, essayer. Personnellement, quand j’étais dans ma dernière année de lycée, j’ai demandé à aller faire un stage dans un collège, de mon plein gré et sur mon temps libre pour me rendre compte réellement ce qu’était ce métier. Je pense qu’il faut foncer et surtout, il faut réussir à montrer ce qu’est réellement ce métier, sur le terrain, et le valoriser. »
Maéva Desfête
Master 1
« Pour moi ce n’était pas du tout une vocation, je ne voulais pas du tout devenir professeur. Que ce soit à l’école, au collège ou au lycée j’ai toujours eu énormément de mal avec mes professeurs. Mais je me suis dis : « puisque j’ai eu une mauvaise expérience, pourquoi ne pas essayer de contre-balancer et essayer de donner une bonne expérience à des élèves? ».
Personnellement, la menace terroriste m’affecte énormément. Je me demande comment c’est possible. Les professeurs sont là pour aider et éveiller les consciences. C’est notre devoir d’être là pour les élèves. Il faut leur expliquer que malgré ces événements très tristes, la vie doit continuer et il faut garder espoirs. J’ai vraiment l’impression que les professeurs doivent être là pour apprendre aux élèves à être fort face à toutes ces épreuves. »
Manon Bollery