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01/06/2021 18:27
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RÉGIONALES : «La formation, c'est le levier le plus important pour protéger l'emploi», analyse Marie-Guite Dufay

La présidente sortante s'est rendue le 25 mai dernier à l'audition du MEDEF Bourgogne-Franche-Comté en étant pressée de trouver une solution pour la reprise de MBF Aluminium. Devant les représentants des entrepreneurs, la socialiste a indiqué vouloir poursuivre les actions engagées pour accompagner le développement des entreprises.
La voix chargée d'émotion, Marie-Guite Dufay (PS) débute son audition devant les représentants du monde de l'entreprise ce mardi 25 mai 2021 à Dijon. La présidente sortante alterne temps de campagne pour la liste «Notre région par cœur» et gestion de la collectivité puisque la mandature n'est pas achevée.

En l’occurrence, avant de venir à la réunion organisée par le MEDEF Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay s'est penchée sur un dossier sensible : éviter la fermeture de la fonderie MBF Aluminium, principal employeur de Saint-Claude, dans le Jura, avec 300 salariés.


La socialiste est remontée jusqu'au plus haut niveau de l’État pour débloquer le dossier mais le liquidateur judiciaire a dû écarter le seul repreneur, principalement pour des motifs fiscaux.

Pour éviter la liquidation du principal employeur de Saint-Claude (Jura), la présidente a travaillé à «une alternative public-privé permettant d'attirer les investisseurs avec une sécurité publique et puis, petit à petit, un projet industriel qui repart». «Entrer au capital d'une entreprise, c'est ce qui me manquait», confie-t-elle devant le panel d'entrepreneurs (lire notre article).

«Accompagner les entreprises à tous les stades de leur développement»


Avec ce propos, l'oratrice a déjà largement empiété sur son temps d'expression libre sans pour autant répondre aux attentes de l'assistance qui semble peu sensible à une forme de preuve par l'exemple de gestion des dossiers économiques.

«J'ai toujours été dans une dynamique pour pousser les feux le plus possible pour accompagner les entreprises à tous les stades de leur développement», souligne Marie-Guite Dufay pour revenir pleinement dans le thème du rendez-vous, ajoutant que «la Région un arc d'interventions très important».

La présidente sortant insiste sur la dimension industrielle de la Bourgogne-Franche-Comté où «les emplois se recréent, pas autant qu'on en perd», dans les industries lourdes du secteur de l'automobile et de l'énergie. En revanche, d'autres filières apparaissent, notamment dans les secteurs des biomédicaments, de l'hydrogène ou de l'agroalimentaire.

Dans ce contexte de «grandes mutations», «il nous appartient de faire le maximum pour que votre initiative qui est la plus importante pour créer l'emploi et participer au développement économique trouve un terreau le plus fertile qui soit», indique-t-elle en s'adressant à l'assistance, «la Région doit être à l'écoute».

Parmi les mutations, celle de l'énergie viendra faire «de l'économie d'énergie un vecteur de développement économique». La mutation numérique des entreprises doit, elle aussi, «avancer».

«Amener des fonds propres dans les entreprises»


La présidente sortante annonce se situer dans le prolongement de la mandature qui s'achève avec une priorité : «sortir de la crise». D'où une attention portée aux «filets de sécurité» alors que l’État va progressivement alléger ses dispositifs de soutien aux entreprises.

«L'investissement est le moteur du développement économique. (…) Une des grandes responsabilités que nous avons au niveau de la Région, c'est de pousser tous les fonds d'investissement que nous avons pour amener des fonds propres dans les entreprises», prône Marie-Guite Dufay. La garantie bancaire de la Région s'appuyant sur le fonds de la Banque Européenne d'Investissement est ainsi mise en avant.

Miser sur les clusters de compétences


Toujours dans le contexte de la crise sanitaire, la présidente sortant fait part de sa «préoccupation» pour les jeunes et souligne l'enjeu de «relancer la création d'entreprise par des jeunes» en instaurant un fonds idoine.

Renvoyant à son bilan, Marie-Guite Dufay joue la carte affective en rappelant aux têtes connues dans l'assistance qu'elles ont travaillé avec l'institution régionale dans le cadre de la formation professionnelles. «Nous avons fait un travail extrêmement précis pour traquer qu'elles sont les formations qu'il faut faire évoluer», signale-t-elle.

Face aux chocs que subissent les acteurs régionaux, la collectivité dispose de «leviers et d'outils pour accompagner les entreprises à tous les stades de leur développement par rapport à ces enjeux, soit écologique, soit numérique». La présidente sortant signale le plan de l'usine du futur ou les mesures en faveur de l'économie de proximité pour les artisans qui numérisent leur activité.

«Nous avons des difficultés à faire venir des compétences», concède la présidente sortante sur l'enjeu de l'attractivité, trouvant une réponse dans les clusters de compétences : agroalimentaire à Dijon ou microtechniques à Besançon par exemple. «Il y a des entreprise qui viennent de loin, qui viennent là et pas ailleurs parce qu'il y a ces écosystèmes», signale-t-elle.

«Notre industrie n'a pas terminé son cycle de restructuration»


La Bourgogne-Franche-Comté étant à la fois industrielle et rurale, selon Marie-Guite Dufay, «il faut miser sur notre ADN industriel, rural, d'une région où il fait bon vivre, où il y a un art de vivre. (…) C'est simple mais on en a besoin de plus en plus».

«Notre industrie n'a pas terminé son cycle de restructuration», alerte la socialiste qui veut miser sur des technologies d'avenir : moteur électrique, moteur à hydrogène, métallurgie, énergie ou biomédicament. «À l'échelle du monde, on a cinq ans d'avance», insiste-t-elle à ce sujet, «ces biothérapies, ça débouchera dans dix ans».

Des règlements d'intervention différenciés selon les SCOT


Alors que des entrepreneurs ont fait remonter dans les enjeux du «livre bleu» un sentiment d'éloignement du monde rural des centres de décisions, Marie-Guite Dufay rappelle avoir établi «un pacte avec chaque communauté de communes pour que ce ne soit pas la Région qui délivre l'accompagnement financier des entreprises mais que ce soit au niveau local que ça de décide».

La candidate se prête à envisager des règlements d'intervention différenciés selon les bassins d'emploi en instaurant un «mécanisme de solidarité» à l'échelle des schémas de cohérence territoriale, avec un binôme élu régional-référent technique par SCOT.

«On fera plus de train»


Les représentants du monde de l'entreprise étant donc mécontents du «strapontin» qui leur est accordé dans les instantes de concertation, la candidate concède que «peut être faut-il renforcer les espaces de dialogue ?» tout en s'empressant de signaler que les chefs d'entreprise ont été associés «étroitement» au travail mené en matière d'orientation professionnelle.

Un travail que la candidate entend «poursuivre» en plaçant «les chefs d'entreprise au cœur de ce sujet». Selon Marie-Guite Dufay, «la formation, c'est le levier le plus important pour protéger l'emploi».

L'oratrice aborde le chapitre des infrastructures en étant pressée par le temps : «on fera plus de train, on a déjà fait beaucoup, on a beaucoup augmenté non seulement les cadences mais aussi le nombre de trains». Reste le «goulot d'étranglement» au nord de l'Yonne en direction du bassin parisien pour lequel une piste de réflexion a été proposé à la dernière session de l'assemblée régionale.

Venant du public, la question de l'écotaxe régionale fait réagir la candidate : «il y a beaucoup trop de poids lourds étrangers qui sortent de l'autoroute pour ne pas payer les taxes. (...) Je serais assez favorable à une écotaxe à partir du moment où on établit comment une partie permettrait d'aider nos entreprise de transport à se décarboner et à améliorer leur compétitivité».

Jean-Christophe Tardivon

Le MEDEF auditionne des candidats sur les enjeux économiques



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