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07/11/2023 20:17

CÔTE-D'OR : Le Département lutte contre le harcèlement à l'école

«Il faut que les parents écoutent leurs enfants et participent de la libération de la parole», a déclaré François Sauvadet, ce mardi 7 novembre, en présentant les actions du Département et du Conseil départemental des Jeunes dans les collèges.
Les situations de harcèlement entre élèves ayant conduit à des suicides d'enfants ont marqué les esprits ces derniers mois. «J'ai fait de la lutte contre le harcèlement scolaire ma grande cause», déclarait le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal, le 16 septembre dernier, tandis que la Première ministre Élisabeth Borne présentait, le 27 septembre dernier, un plan de lutte contre le harcèlement scolaire en appelant à la «mobilisation générale».

À quelques heures de la Journée nationale de lutte contre le harcèlement, le président du conseil départemental de la Côte-d'Or François Sauvadet (UDI) a présenté, ce mardi 7 novembre 2023, les actions de la collectivité concernant cette «cause départementale».


«Le Département agit aux côtés de l’Éducation nationale et de nombreux partenaires pour sensibiliser les jeunes, libérer la parole et accompagner les victimes de harcèlement», signale la collectivité.

Des soirées-débats impliquant les adultes dans tous les collèges, une campagne de communication et une grande consultation destinée aux élèves seront déployées au cours de l'année scolaire 2023-2024.

Dans l'académie de Dijon, 130 situations de harcèlement entre élèves en un an


Selon un sondage Opinion Way commandé par les Apprentis d'Auteuil, le phénomène est de grande ampleur : au niveau national, 71% des jeunes adolescents déclarent avoir subi une forme de harcèlement lors de leur cursus au collège.

En particulier, selon l’Éducation nationale, 18% des collégiens affirment avoir subi au moins une atteinte pour harcèlement sur les médias sociaux.

Durant l'année scolaire 2022-2023, les chefs d'établissements scolaires de l'académie de Dijon ont relevé 130 situations relevant du harcèlement entre élèves (actualisé le 16 novembre : et non à l'échelle de la Côte-d'Or comme nous l'avions écrit par erreur), majoritairement des cas de cyberharcèlement via les médias sociaux.

Présentation au collège Clos de Pouilly


Le président du Département a retenu le collège Clos de Pouilly, à Dijon pour cette présentation. Avec Catherine Louis (LCOP), vice-présidente du Département, il a été accueilli par Xavier Balland, principal du collège depuis la rentrée de septembre dernier.

Le collège Clos de Pouilly accueille 750 élèves. Il propose notamment une section internationale et des sections sportives : foot, futsal et athlétisme.

L'annonce des actions pour l'année 2023-2024 s'est faite en présence des partenaires : autorités académique, Police nationale, Gendarmerie nationale, MGEN, Ligue de l'Enseignement, Maison des adolescents, fédérations de parents d'élèves et responsables sportifs.

«La première chose à faire, c'est d'abord en parler»


«Je voudrais vraiment saluer la prise de position ferme du ministre de l’Éducation nationale de faire de cette lutte contre le harcèlement une cause nationale en pensant aux parents, aux enfants», déclare François Sauvadet en préambule. «La première chose à faire, c'est d'abord en parler. Dès qu'il y a un problème, il faut l'exprimer. (…) Il faut libérer la parole, on ne peut pas rester silencieux. Il faut que les parents aussi écoutent leurs enfants et participent de cette libération de la parole.»

«Il faut travailler le contexte et le climat pour que l'enfant puisse oser parler», abonde Hanane Zaara, représentant les parents d'élèves de la FCPE.

Présente dans les collèges, la Maison des adolescents est «un bon levier pour permettre aux jeunes de s'exprimer», comme le signale François Jung, président de la structure. «La Maison des adolescents essaie de redonner une place aux parents dans leur rôle éducatif pour contrer ces problèmes liés au harcèlement scolaire.»

«Il n'y a pas de secret dans un portable»


«La lutte contre le harcèlement, c'est naturellement une cause nationale. C'est aussi une grande cause départementale depuis des années. (…) On n'a pas attendu effectivement les récents drames de l'actualité pour se saisir de cette question et sensibiliser les jeunes au respect de l'autre et tout simplement apprendre à vivre ensemble», reprend le centriste.

«Il faut bien nommer les choses si l'on ne veut pas ajouter au malheur du monde», poursuit François Sauvadet en paraphrasant Albert Camus, «c'est un fléau qui ne se limite pas aux seules enceintes des collèges». «On le voit dans la rue ; on assiste à du cyberharcèlement sur les réseaux sociaux.»

«Il faut remercier la police et la gendarmerie qui font un gros travail de prévention et de sensibilisation aux risques de l'usage trop personnel des portables. (…) Il n'y a pas de secret dans un portable, tout peut être diffusé, porté à connaissance. Il faut vraiment prévenir nos jeunes, on est dans un monde connecté, dans un monde où l'on a beaucoup changé dans les relations avec les autres», développe le président du Département.

«La loi est là pour protéger avant de punir»


«Dès lors qu'il y a des événements qui sont connus, ils doivent être sanctionnés et réprimés. C'est le travail d'investigation de la police et de la gendarmerie», note le président du Département.

Depuis mars 2022, le harcèlement scolaire est devenu un délit pouvant être puni jusqu'à 10 ans de prison et 150.000 euros d'amende en cas de suicide ou de tentative de suicide de la victime harcelée (lire le communiqué).

Cependant, celui qui est chargé de l'aide sociale à l'enfance préfère insister sur la «prévention» : «il y a des comportements à risques qu'il faut surveiller, dénoncer et accompagner ; il y a des personnes qui sont en très grande fragilité qui parfois, à cause de leur fragilité, se mettent en posture, eux-mêmes, de harceler».

«La loi est là pour protéger avant de punir», abonde l'adjudant-chef Bruno Colin, commandant de la Maison de protection des familles de la gendarmerie de la Côte-d'Or (lire notre article).

«Tout le monde est lié pour lutter contre ce fléau», enchaîne le brigadier-chef Jérémy Bruchon, policier intervenant en milieu scolaire. «Les parents vont avoir un rôle majeur ; quand les chefs d'établissement expliquent aux parents que leur enfant fait subir du harcèlement à une autre personne, il faut que les parents comprennent et l'entendent.»

Durant l'année scolaire 2023-2024, les élèves de sixième de dix collèges recevront la visite d'un référent de la police ou de la gendarmerie pour aborder le sujet du harcèlement entre élèves et, plus spécifiquement, le cyberharcèlement.

Des vidéos anti-harcèlement et anti-discriminations


Pour définir une partie des actions à mener, la collectivité a impliqué le Conseil départemental des Jeunes composé de collégiens élus par leurs pairs parmi les 54 collèges publics et privés en Côte-d'Or.

En 2022-2023, en lien avec l’Éducation nationale, les membres du CDJ ont réalisé «Les Ciblés», quatre courts-métrages portant sur des situations de harcèlement ou de discrimination entre élèves en insistant sur «les solutions» existantes pour rompre l'engrenage du harcèlement.

«Ces quatre films témoignent de la réalité de ces situations auxquelles sont confrontés beaucoup trop de jeunes», commente François Sauvadet.

Les vidéos restent accessibles et continueront d'être diffusées auprès des collégiens en étant relayées par une affiche «Ensemble contre le harcèlement» qui sera apposée sur du mobilier urbain et déclinée en une plaquette distribuée dans les établissements.

Durant la présentation, six membres actuels du CDJ et un ancien membre évoquent leur engagement pour «sensibiliser, informer et prévenir» face au phénomène de harcèlement : «Nous faisons cela dans le but de toucher, de sensibiliser et d'ouvrir les yeux à la population côte-d'orienne».

Les collégiens insistent sur les «gestes contre le harcèlement» : parler, soutenir, refuser de participer, signaler et se sensibiliser.

Une soirée-débat sur le harcèlement dans chaque collège


Les élus du CDJ seront également mobilisés pour participer aux actions de la collectivité dans le cadre du programme Phare de l’Éducation nationale qui prévoit 10 heures annuelles dédiées à la prévention du harcèlement.

D'ici juin 2024, dans chacun des 54 collèges, une soirée-débat sera organisée afin de «sensibiliser élèves, parents et personnels». Cela sans aborder de cas personnel. Il s'agira plutôt d'exposer l'approche de chaque établissement en lien avec ses partenaires.

De plus, chaque élu du CDJ se rendra dans les classes de ses camarades pour des échanges sur ce thème.

«Tous les collèges sont engagés», rappelle Benoît Clair, référent de l'académie de Dijon pour la lutte contre le harcèlement, «nous formons les adultes dans les établissements scolaires, nous formons des ambassadeurs collégiens».

«Le fléau existe et il est nécessaire de travailler ensemble»


De façon plus institutionnelle, le Département a créé un comité de réflexion, présidé par Catherine Louis, pour réunir une fois par trimestre les partenaires concernés afin de «mettre en place des actions pour lutter contre le harcèlement».

«L'ensemble des acteurs de la société sont présents», insiste la vice-présidente du Département, «le fléau existe et il est nécessaire de travailler ensemble pour voir les mesures qui seront nécessaires à mettre en place».

Référent de «l'école du foot» pour le district départemental, Dominique Guyon approuve : «nous sommes vecteurs de cette parole le mercredi avec les parents au bord des terrains».

Plus globalement, Bruno Lombard, président de la Ligue de l'enseignement de la Côte-d'Or, souligne le travail mené au travers de «la lutte contre les discriminations».

Une grande consultation «Bien être dans son collège»


Au-delà du sujet du harcèlement, le Département entend mener, sur l’année scolaire 2023-2024, une grande consultation auprès de tous les collégiens, en lien là aussi avec les membres du Conseil départemental des jeunes.

«À l’image de ce que nous avions réalisé en 2018-2019, il est important de consulter ceux qui vivent le collège, nos jeunes, pour toujours mieux répondre à leurs attentes» explique François Sauvadet.

Selon la collectivité, il s’agira d’interroger les quelque 23.700 élèves sur leurs attentes au collège, leur vision de l’avenir et leurs préoccupations sans oublier cependant d'inclure le harcèlement, toujours pour contribuer à cette «libération de la parole».

Jean-Christophe Tardivon

Informations pratiques

3018 : numéro national gratuit anonyme pour les victimes de harcèlement et pour les parents
Le 3018 est joignable 7 jours sur 7, de 9 h à 23 h, par téléphone, sur 3018.fr par tchat en direct, sur les messageries des réseaux sociaux et via l'application 3018

0 808 800 197 : numéro académique de signalement des situations de harcèlement pour joindre un référent dans l'académie de Dijon

Phare : programme de lutte contre le harcèlement à l'école

«Les ciblés» : courts-métrages anti-harcèlement et anti-discriminations du Conseil départemental des Jeunes de la Côte-d'Or


«La lutte contre le harcèlement est une priorité présidentielle», rappelle le recteur de l'académie de Dijon


Le Département de la Côte-d'Or assure être «plus que jamais mobilisé pour sécuriser les établissements et favoriser un enseignement de qualité en faveur des collégiens»


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