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09/12/2021 03:27

ENVIRONNEMENT : Deux ministres pour inaugurer la réserve intégrale du parc national de forêts

Julien Denormandie et Bérangère Abba, les ministres chargés des questions d'agriculture et de biodiversité, ont inauguré officiellement ce lundi 6 décembre le secteur du parc national de forêts destiné à l'observation scientifique. Pour autant, ce ne sera pas un «refuge». De grands prédateurs, dont le loup, pourraient être «régulés».
L’événement vient ponctuer la création du parc national de forêts, à cheval sur la Haute-Marne et la Côte-d'Or, et constitue un aboutissement. Attendue depuis plus d'un an, la «réserve intégrale forestière» est enfin instituée.

Deux membres du gouvernement, Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, et Bérangère Abba, secrétaire d’État chargée de la Biodiversité, sont venus participer à l'inauguration, ce lundi 6 décembre 2021.

Les ministres ont tout d'abord effectué une étape à huis clos, à Arc-en-Barrois, pour s’entretenir avec les acteurs locaux de la filière forestière et les responsables du Parc National de forêts. L'objectif était de rappeler notamment le soutien du plan France Relance à la filière forêt-bois.


Guidés par Joseph Zimet, préfet de la Haute-Marne, les deux membres du gouvernement ont été ensuite accueillis au milieu de la forêt, au lieu-dit Les Essarts, notamment par Sylvain Templier, député de Haute-Marne, Marie-Claude Lavocat, maire de Châteauvillain, Philippe Fréquelin,  maire d'Arc-en-Barrois, et Nicolas Schmit, maire de Villiers-le-Duc en Côte-d'Or et président du parc.

«Une des plus vastes surfaces de forêts de plaine en libre évolution en Europe»


Crée en 2019 après un processus qui a duré dix ans, le parc national de forêts est représentatif des couverts de feuillus des plateaux du sud-est du Bassin parisien. Sur plus de 241.000 hectares, il s'étend en Haute-Marne et en Côte-d'Or. Une zone plus réduite, le cœur du parc, comprend plus de 56.000 hectares, constituée à 95% de forêts, en grande partie publiques.

La réserve intégrale forestière inaugurée ce lundi est un secteur encore plus réduit – 3.100 hectares d'un seul tenant – situé en Haute-Marne, dans la forêt domaniale d'Arc-Châteauvillain, au sud-ouest de Chaumont.

«À l’échéance des quinze premières années de mise en œuvre de sa Charte, le Parc national de forêts abritera l’une des plus vastes surfaces de forêts de plaine en libre évolution en Europe», indiquait à ce sujet le ministère de la Transition écologique et solidaire en 2019.

Annoncé par le ministère pour 2020, le décret de création s'est fait attendre. L'inauguration officielle a été fixée quelques jours avant la parution du dit décret au Journal Officiel (lire le décret publié le 10 décembre 2021).

Les ministres posent les premiers balisages


La forêt laissée en libre évolution permettra à des chercheurs de se pencher sur les relations entre la forêt et la grande faune sauvage et d'étudier la dynamique de peuplement forestier dans le contexte du changement climatique.

Le geste inaugural est constitué par la fixation des deux premières plaques de la signalétique dédiée à la réserve. Le balisage  sera déployé d'ici l'été 2022. Le plan France Relance a été mis à contribution pour ce balisage ainsi que pour des portes de «cœur du parc». 1,7 million d'euros issus du plan de relance national ont été fléchés pour le parc national de forêts.

Une notoriété «internationale»


Pour celle qui est native de Chaumont et qui a été élue députée LREM de Haute-Marne en 2017, il s'agit d'une «opportunité pour ce territoire». «En termes d'identité, on a d'ores et déjà, une notoriété de ce parc national qui rend la Haute-Marne extrêmement fière de ce patrimoine naturel. (…) Nous sommes également cités en modèle au niveau international à travers ce parc», assure Bérangère Abba.

«Cette forêt est un puits de carbone – donc qui lutte contre le réchauffement climatique –, cette forêt est un réservoir de biodiversité», s'enthousiasme la secrétaire d’État chargée de la Biodiversité. «C'est une vitrine de tout ce que la forêt peut et doit nous aider à nous adapter face au réchauffement climatique, face à l'érosion de la biodiversité.»

«Dans la dimension économique de la forêt multifonctionnelle, (…) la filière bois est très structurante pour nos territoires et est aussi une réponse à des questions d'aménagement d'habitat, de rénovation énergétique, de biomasse», ajoute-t-elle.

La filière sylvicole et le temps long


Selon Julien Denormandie, la réserve intégrale forestière va permettre de «mieux encore appréhender les enjeux d'aujourd'hui et de demain». «C'est non seulement un apport scientifique mais c'est, de manière générale, un apport à [la] gestion sylvicole».

«Cette forêt primaire est nécessaire aussi pour savoir comment, demain, on protège encore mieux nos forêts qu'aujourd'hui, pour pouvoir analyser scientifiquement les effets du changement climatique, pour pouvoir analyser scientifiquement qu'est-ce qui se passe quand une forêt primaire est recrée dans une telle zone», développe le ministre de l'Agriculture.

Environnement, production de bois, ouverture sociétale... «on arrive à faire toutes ces choses en même dans le domaine forestier», analyse Julien Denormandie, «on a toujours cette volonté d'avoir une vision du temps long, d'essayer d'imaginer comment va se passer notre société, notre environnement dans 20, 30 , 40, 50 ou 60 ans».

Constatant un «équilibre» trouvé autour de la création de cette réserve intégrale forestière, le membre du gouvernement salue «les élus locaux, les porteurs du parc national, avec des hommes et des femmes passionnés, et l'ensemble de cette grande famille sylvicole». En effet, la filière forêt-bois entre dans le périmètre du ministère de l'Agriculture.

Adapter les activités humaines


«On n'est plus sur le modèle de ces parcs qui sont mis sous cloche», signale Bérangère Abba à propos des usages au sein du parc national de forêts. «Ça fait neuf ans que ces concertations ont lieu, on a vraiment travaillé à ce que les activités humaines – les personnes qui ont dessiné ce paysage et ce territoire – se poursuivent en les aidant à s'adapter pour que certaines activités n'aient pas d'impact sur l'environnement.»

«Dans le cœur du parc, on peut se promener, on peut encore cueillir quelques champignons, on peut chasser. Il y a des nécessité de régulation qui sont respectées sur ce territoire. Dans la réserve intégrale, on est sur un espace vraiment à vocation purement scientifique avec des voies de circulation tout de même parce que c'est une grande réserve intégrale. On accepte tout ce qui est régulation et tout ce qui est nécessaire à un bon équilibre cynégétique», précise-t-elle.

Pas de «refuge» pour les grands prédateurs


«Régulation», le mot est lâché. Que la secrétaire d’État chargée de la Biodiversité assume les dérogations à des pratiques de chasse destinées à réguler des populations animales jusqu'au sein d'une réserve intégrale forestière risque de faire grincer bien des dents. C'était le compromis à trouver avec les fédérations de chasseurs pour avancer dans la concertation préalable à la création du parc. Des chasseurs qui ont dû céder sur l'agrainage dans la réserve, une pratique cynégétique controversée.

Un «refuge» pour les grands prédateurs ? La réponse de la ministre reste sans détour : «non». «Au niveau de la biodiversité et des grands prédateurs – qui sont nécessaires dans cette équilibre naturel – on se fixe quelques limites. Ces limites sont respectés dans le cadre d'une observation des populations de ces grands prédateurs qui, si elles devaient devenir trop importantes, seraient à ce moment-là régulées. Tant que l'on est dans ce cadre, tant qu'on est dans cet équilibre qui est respecté, chacun accepte que tout le monde doive trouver sa place dans cet écosystème», justifie Bérangère Abba.

«On a pas de loup dans le parc national de forêts»


«Pour l'instant, on a pas de loup dans le parc national de forêts», précise le directeur du parc national de forêts, «on est attentif à des mouvements d'individus isolés qui pourraient venir, on a mis en place un dispositif d'observation».

En octobre dernier, des attaques présumées de troupeaux de brebis par un loup ont eu lieu au nord de Chaumont. Un animal supposé être un loup avait même été filmé en juillet dernier.

En revanche, au sujet d'un autre grand prédateur, si le lynx est présent en petit nombre dans les Vosges voisines, son mode de colonisation et son rapport aux animaux d'élevage semblent moins problématiques pour ce territoire.

Jean-Christophe Tardivon

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