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29/05/2023 19:24

ARCHÉOLOGIE : Au musée de Gergovie, l'histoire de la victoire de Vercingétorix face à César

«De Bibracte ou d'Alésia, on a beaucoup à apprendre», estime le directeur du musée de Gergovie. Alors que l'équipement auvergnat aborde la saison estivale, un élargissement est en réflexion pour «faire rayonner l'ensemble des sites régionaux qui traitent de la civilisation gauloise».
Du haut du plateau de Gergovie, plus de 2.000 ans d'histoire contemplent Clermont-Ferrand. En 52 avant notre ère, s'est déroulée une bataille où Vercingétorix l'a emporté face à Jules César. Quelques mois plus tard, le chef gaulois rendait les armes face au général romain à la suite du siège d'Alésia.

L'histoire de la conquête de la Gaule par les Romains relie donc le musée de Gergovie et le MuséoParc Alésia sans oublier le musée de Bibracte, du nom d'un autre oppidum où la tribu gauloise des Éduens avait sa capitale et où Jules César aurait finalisé ses «Commentaires sur la guerre des Gaules».


Une «plongée au cœur de la bataille de Gergovie»


Situé sur l'emplacement du siège de Gergovie, le musée propose, sur 600 m² d'exposition, de découvrir les connaissances autour de la bataille entre Vercingétorix et César, l'histoire du peuple des Arvernes et la géographie du plateau.

L'équipement culturel assure au visiteur une «plongée au cœur de la bataille de Gergovie» au gré de la découverte des collections archéologiques – avec plus de 250 objets présentés dans l'exposition permanente – avec l'appui de dispositifs de médiations classiques et numériques.

Depuis les espaces côté est, grâce à de larges baies vitrées, les visiteurs ont également une vue directe sur la géographie du territoire des Arvernes et sur les paysages façonnés par les habitants d'aujourd'hui.

Le recours aux techniques numériques


Dans une salle obscure, un spectacle combine projection sur écran et maquette géante pour aider à se figurer l’affrontement entre les deux camp.

À la fin du parcours, une grande table numérique tactile propose trois niveaux de cadrage : l’Europe, le monde arverne et le territoire élargi autour du plateau de Gergovie.

Selon le concepteur On situ, «la table permet au visiteur de naviguer librement dans le plan comme s’il le survolait en avion. Il se déplace dans le paysage, zoome, découvre des points d'intérêts. Le relief du terrain en 3D accentue l’effet d’immersion dans la scène».

Ces dispositifs sont complétés par des «cartels numériques» : des tablettes tactiles accompagnant la présentation des cartes et objets.

Un bilan archéologique avec «César à Gergovie»


Jusqu'au 17 septembre prochain, le musée propose l'exposition temporaire «César à Gergovie» afin de livrer «un bilan actualisé des travaux archéologiques passés et en cours qui ont permis de retrouver les vestiges du siège romain de Gergovie».

La scénographie de l'exposition temporaire se mêle à celle du parcours permanent. Des vestiges archéologiques inédits provenant des dernières fouilles sont exposés dans des vitrines qui viennent enrichir le propos sur la bataille de Gergovie.

Un film en 3D, conçu par David Geoffroy, permet de présenter «une reconstitution et un plongeon dans la vie des légionnaires romains juste avant la bataille».

Compter une heure de visite pour l'ensemble des salles d'exposition.

À l'automne, une exposition sur les Gergoviotes


Une nouvelle exposition temporaire est prévue à partir du 20 octobre 2023. Elle portera sur le 80ème anniversaire de la rafle par la Gestapo des Gergoviotes.

Le nom était donné à un groupe d'étudiants et de professeurs de l'université de Strasbourg qui, durant la Seconde Guerre mondiale, sous couvert de fouilles archéologiques sur le plateau de Gergovie, menaient des actions de résistance contre l'occupant.

Articulation entre le musée et le plateau


À plus de 700 mètres d'altitude, le bâtiment est implanté en bord de plateau, le regard embrassant la plaine de l'est au sud où s'étalent les villes de la périphérie de Clermont-Ferrand.

Autour du musée, au sud, les visiteurs peuvent découvrir le «belvédère de la bataille», avec des dispositifs de médiation en plein air faits de panneaux et maquette permettant de se repérer dans l'histoire et la géographie. Ils sont complétés par une application pour smartphone, Puy-de-Dôme Terre d'archéologie.

Depuis 1900, un édifice à la gloire de Vercingétorix, réalisé en lave de Volvic par l'architecte clermontois Jean Teillard, marque l'extrémité orientale du plateau.

Entre le belvédère de la bataille et le musée, prend place «la stèle de Napoléon III» élevée en 1862 par des villageois après une visite de l'empereur.

En s'orientant vers le nord-ouest, la silhouette massive du Puy de Dôme surplombe l'espace où cheminent les randonneurs et s'égaient les amateurs de cerfs-volants.

Compter 20 minutes de marche pour «le circuit de la bataille» et deux heures de randonnée pour «le circuit du rempart».

Objectif Grand site de France


Le site basaltique de 70 hectares est classé aux monuments historiques depuis 2018 et classé en tant que patrimoine historique et pittoresque au titre de la loi de 1930 depuis 2022. Par ailleurs, les versants du plateau relèvent des zones Natura 2000.

À présent, est visé le label Grand site de France – comme Bibracte et Solutré notamment – pour conjuguer histoire et paysage.

Navette relais gratuite


Du 15 juin au 15 septembre, une navette gratuite est mise en place pour accéder au musée depuis la Maison des étudiants où se situe un parking de 150 places (pour en savoir plus).

Au départ et à l'arrivée une équipe de médiation conseille et oriente les visiteurs au sujet du stationnement et des principaux aspects du plateau de Gergovie.

Le dispositif, créé avec la commune, la communauté des communes, le Département et la DRAC, est financée par la Région.

Le petit dernier des musées sur les batailles entre Vercingétorix et Jules César


Le centre archéologique de Bibracte au mont Beuvray (Saône-et-Loire), a été inauguré en 1995, le centre d'interprétation du siège d'Alésia à Alise-Sainte-Reine (Côte-d'Or) en 2012 et le musée archéologique de la bataille de Gergovie à La Roche-Blanche (Puy-de-Dôme) en octobre 2019.

Les développements institutionnels ne correspondent pourtant pas avec la chronologie des batailles entre Vercingétorix et Jules César qui tient entre 58 et 52 avant notre ère.

Durant l'année 52 en particulier, Vercingétorix remporte la bataille de Gergovie en juin, puis s'impose à Bibracte comme chef de guerre de la coalition gauloise mais subit la défaite du siège d'Alésia en septembre.

Côté géographie, à vol d'oiseau, 230 km séparent les oppida de Gergovie et d'Alésia. Bibracte étant étonnamment situé exactement sur la ligne reliant les deux sites de batailles entre Vercingétorix et Jules César.

Un projet porté par Mond'Arverne Communauté


Le bâtiment du musée de Gergovie, en pierres de lave et acier Corten, dessiné par l'architecte clertmontois Jean-Paul Reuillard, et la présentation des collections, conçue par le scénographe parisien Richard Beaudemont, ont nécessité un investissement de 6 millions d'euros financé par la communauté de commune Mond'Arverne Communauté, porteuse du projet, le conseil départemental du Puy-de-Dôme, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, l’État et l'Union européenne.

Le budget de fonctionnement du musée s'établit à 800.000 euros annuellement, financé à hauteur de 35% par Mond'Arverne Communauté et complété par les ressources propres dont la boutique.

La structure qui exploite le site est une association de gestion privée soumise au code des marchés publics est présidée par Pascal Pigot (PS), également à la tête de la communauté de communes, et dirigée par Frédéric Nancel.

Un contrat pluriannuel d'objectifs et de moyens (CPOM) a été passé avec Mond'Arverne Communauté afin de développer les recettes spécifiques au musée.

En 2022, le musée a reçu 45.000 visiteurs et le plateau 400.000.

De plus en plus de visites qui «mêlent l'histoire et la nature»


Le directeur du musée de Gergovie revendique «plus de 200 animations de médiation par an». Le musée connaît la fréquentation la plus importante entre les Journées de l'Archéologie, mi-juin, et les Journées européennes du Patrimoine, fin septembre.

«Ce que le musée développe de plus en plus, ce sont les visites qui mêlent l'histoire et la nature, notamment sur le plateau de Gergovie», signale Frédéric Nancel.

Ainsi, l'Archéobus, petit bus de 22 places, plonge les visiteurs «en immersion» en territoire arverne. Pendant quatre heure, avec une guide-conférencière, les passagers découvrent les oppida de Gergovie, Corent et Gondole ainsi que les sites des anciens camps romains.

Grâce au soutien de l’État, du Département et de la Maison des sciences de l'Homme notamment, une période de fouilles triennale, conduites par l'INRAP, a été entamée en 2022 pour reprendre les recherches initiée en 1941 dans «le quartier des artisans».

«De Bibracte ou d'Alésia, on a beaucoup à apprendre»


«Il y a un lien historique avec Bibracte», signale Frédéric Nancel, qui estime que Vincent Guichard, actuel directeur général de l'établissement chapeautant le musée et le centre archéologique du mont Beuvray, a été «précurseur sur les fouilles et la façon de comprendre ce qui se passe à Gergovie et Corent».

«C'est un de ceux qui ont travaillé le plus pour donner à comprendre ce territoire et cette archéologie», ajoute-t-il.

«Quand le musée s'est créé, Vincent Guichard était encore actif à bien des titre sur le site de Gergovie, il a été membre d'une association de recherche de l'archéologie de l'âge de fer, il a été très impliqué dans le conseil scientifique du musée», développe Frédéric Nancel.

«De Bibracte ou d'Alésia, on a beaucoup à apprendre», résume Frédéric Nancel. «Avec Alésia, on a des liens de partage d'histoire et de médiation», poursuit le directeur du musée de Gergovie.

Ainsi, en septembre dernier, France 3 Bourgogne-Franche-Comté et France 3 Auvergne-Rhône-Alpes se sont associées autour d’une émission spéciale intitulée «Alésia-Gergovie, le combat des chefs !», avec deux plateaux coanimés simultanément dans les deux régions.

À noter qu'une prochaine émission «Secrets d'histoire», présentée par Stéphane Bern, sera consacrée à Vercingétorix. Diffusion sur France 3 au début de l'été.

Ancien directeur du MuséoParc Alésia, Michel Rouger s'est rendu au musée de Gergovie. À présent, Frédéric Nancel envisage de rencontrer le nouveau directeur Laurent Bourdereau à Alise-Saint-Reine et d'organiser un séminaire au MuséoParc Alésia dans les prochaines années.

Par ailleurs, les médiateurs des trois musées participent au Réseau Archéologie Médiation antique (RAM), association qui a organisé récemment une de ses réunions à Gergovie.

Qui plus est, le musée d'Archéologie nationale, situé à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), projette de créer un réseau de sites emblématiques renforçant l'«approche touristique».

Au-delà du plateau, le projet touristique Gallicité


Entre le succès de la figure du Gaulois dans la culture populaire – comme le prouvent les BD d'Alix et d'Astérix – et les recherches archéologiques, il semble émerger un intérêt du grand public pour la découverte de médiations accessibles reposant sur un ancrage historique et territorial.

Depuis plusieurs années, l'équipe qui a donné naissance au musée de Gergovie et les collectivités locales envisagent de développer un projet touristique. Nom de code : «Gallicité».

«Il y a deux ambitions concomitantes», explique Frédéric Nancel. «Tout d'abord, la nécessité d'avoir une approche de valorisation, de préservation du paysage et de la nature. Ensuite, la nécessité de continuer le travail de mise en valeur des sites archéologiques qui racontent l'histoire des Arvernes et l'histoire gauloise».

«On a vu que le public en redemandait»


Cette réflexion a débouché sur «un plan de gestion mêlant à la fois la préservation de la faune et de la flore sur l'ensemble des sites archéologiques».

Dans ce cadre, l'actuel musée de Gergovie a d'emblée été pensé comme la «première pierre de l'édifice» à partir d'un équipement portant sur «la seule victoire gagnée par les Arvernes».

«Quand le musée de Gergovie a ouvert, on a vu tout de suite que le public était là et en redemandait», se félicite Frédéric Nancel. «Comment on peut faire connaître l'ensemble de cette histoire, qui est au-delà d'un seul site, dans une région très riche au niveau archéologique, et comment tenir compte des aspects environnemental et économique ?», demande-t-il.

Accueil, médiation et reconstitution dans la plaine


D'un point de vue touristique, la notion d'accueil d'un public local, national et international est au centre de la réflexion. Si le plateau de Gergovie restera «l'épicentre d'attractivité», comme le qualifie Frédéric Nancel, l'enjeu est de délocaliser le centre d'accueil et les parkings tout en tenant compte de l'évolution des mobilités dans les années à venir.

Ce «centre d'accueil» pourrait être situé dans la plaine de Sarlièvre, à proximité des axes autoroutiers – Clermont-Ferrand est desservie par l'A71 venant d'Orléans, par l'A75 allant à Béziers et par l'A89 reliant Lyon à Bordeaux – et d'une future desserte de bus électriques dans le cadre du projet Inspire de Clermont Auvergne Métropole. Des «moyens de transport décarbonés» feraient la jonction avec les différents oppida et camps romains.

Toujours dans cette plaine, un site de médiation pourrait être édifié : «tout ce qu'on n'a pas pu raconter dans le musée de Gergovie, on va le raconter dans un plus grand musée qui va être plus transversale sur la civilisation gauloise».

Le musée de Gergovie étant un musée de site, l'équipement établi dans la plaine pourrait être «un musée global sur la civilisation gauloise au sens large avec un focus sur notre région».

Constatant avec les retours des visiteurs du musée de Gergovie que «la technologie matche très bien», «on ajoutera des espaces immersifs importants pour que le visiteur puisse embrasser des grands moments d'émotion comme se retrouver dans un banquet gaulois ou observer une partie de la bataille de Gergovie».

À cela pourrait s'ajouter «un espace de reconstitution pour comprendre la vie des Gaulois», de façon similaire à ce que propose le château de Guédelon, dans l'Yonne, en matière d'archéologie expérimentale portant sur les techniques d'édification d'un château fort au XIIème siècle.

«Faire rayonner l'ensemble des sites régionaux qui traitent de la civilisation gauloise»


L'association de préfiguration de Gallicité rassemble la commune de La Roche-Blanche, Mond'Arverne Communauté, Clermont Auvergne Métropole, le Département du Puy-de-Dôme, la Région Auvergne-Rhône-Alpes et AURA Tourisme.

La validation de l'emplacement du centre d'accueil, du site de médiation et du chantier d'archéologie expérimentale est prévue d'ici la fin 2023. L'aboutissement de la totalité du projet est envisagée en 2029 avec des expérimentations qui échelonneront le calendrier d'ici-là.

«L'objectif est de faire rayonner l'ensemble des sites régionaux qui traitent de la civilisation gauloise», synthétise Frédéric Nancel qui ne manque pas de signaler que, «dans le projet, il y a une partie de soutien à la recherche et aux fouilles».

Jean-Christophe Tardivon

Informations pratiques
Musée de Gergovie
Plateau de Gergovie
63670 La Roche–Blanche
Horaires
Ouvert mercredi, samedi et dimanche, de 13h à 18h
Vacances scolaires :
Tous les jours, de 13h à 18h
Vacances d’été, de 11h à 19h
Tarifs
Adulte : 8 euros
Jeune de 6 à 25 ans : 5 euros
Famille (2 adultes + 2 jeunes) : 20 euros
www.musee-gergovie.fr

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