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01/05/2023 21:23

1ER MAI : Une manifestation sous le signe de l'opposition à la réforme des retraites

La mobilisation intersyndicale a rassemblé, ce lundi 1er mai, à Dijon, 7.000 personnes selon la police, 15.000 selon les syndicats. Des «black blocs» ont bombardé de peinture des agences bancaires au long du parcours.
Actualisé : Un policier a été blessé rue Rameau. Solidaires 21 appelle à un rassemblement, ce mercredi 3 mai.
La Journée internationale de lutte pour les droits des travailleurs, ce lundi 1er mai 2023, a pris localement une coloration de contestation de la loi sur la réforme des retraites dont, tout particulièrement, la mesure de recul de l'âge de départ à 64 ans.

Depuis la crise financière de 2008, le 1er-Mai n'avait plus été unitaire. C'est donc un tour de force des principales organisations syndicales que d'avoir maintenu cette unité depuis le mois de janvier dernier et de persister alors que la loi a été promulguée par le président de la République après validation de l'essentiel par le Conseil constitutionnel.


«L’exécutif a le pouvoir de suspendre l’application de la loi», selon l'intersyndicale


Alors que les manifestants se regroupent autour de la fontaine de la place Wilson dans une ambiance printanière, les prises de parole débutent avec force revendications.

Clara Privé, présidente de l'UNEF Bourgogne, est désignée porte-parole de l'intersyndicale : «depuis 3 mois, le rejet de la réforme des retraites est toujours aussi massif. Après avoir promulgué la loi le lendemain de la décision du Conseil Constitutionnel, le Président de la République a confirmé dans son allocution, son mépris à la fois envers les organisations syndicales et envers les jeunes et l’ensemble de la population».

«L’exécutif a su user de toutes sortes de procédés pour empêcher le débat parlementaire, jusqu’au 49.3. L’exécutif a le pouvoir de suspendre l’application de la loi comme le précédent du CPE l’a montré en 2006. Il a le pouvoir de faire abroger la loi réformant les retraites : il doit le faire !», clame-t-elle.

La CGT fustige «la radicalisation du gouvernement qui ne tient plus que par sa force sécuritaire»


Pour la CGT, Geneviève Duc enchaîne, le verbe haut : «cette journée est également la treizième journée de mobilisation en intersyndicale contre cette violente réforme des retraites imposée par un gouvernement de plus en plus totalitaire qui refuse d'écouter les propositions alternatives que nous lui avons faites et qui refuse d'entendre le peuple qui dit 'non'».

«Après plusieurs mois de grèves, luttes et mobilisations, la radicalisation du gouvernement qui ne tient plus que par sa force sécuritaire est visible de tous et toutes», poursuit-elle en fustigeant l'autorisation de filmer la manifestation avec des drones (lire notre article) et en incitant à adresser des doigts d'honneur aux engins volants, ce dont plusieurs manifestants ne se priveront pas en cours de route.

Prenant exemple sur les luttes du mouvement ouvrier menées au XXème siècle, la syndicaliste appelle à «réamorcer collectivement une stratégie gagnante et remettre la paralysie de l'économie au centre du jeu, des intentions et de nos ambitions».

Pour la CFDT, «64 ans, c'est toujours non !»


«Fermer la porte aux organisations syndicales pendant la mobilisation sociale et refuser l'obstacle du vote de la loi au parlement sont deux symboles forts de la crise démocratique», analyse la représentante de la CFDT pour qui «64 ans, c'est toujours non !»

«Ce 1er-Mai a une saveur particulière», pour Franck Laureau de FO, «comme tous les 1er-Mai, cette journée est celle de la solidarité ouvrière entre les travailleurs du monde entier».

«Depuis le 16 mars, le 49-3, ça ne passe pas», lance le syndicaliste en revenant à la situation française. «Le gouvernement est passé en force. (…) Jamais l'Assemblée nationale n'a voté cette loi. Le Sénat n'en a voté qu'une partie après le recours par le parlement au vote bloqué. (…) Le président s'entête malgré le divorce complet avec l'opinion, la majorité de la population et l'intersyndicale.»

«Nous lutterons contre l'extrême-droite», anticipe la FSU


Sans note, Fabian Clément prend le micro à son tour et s'exprime au nom de la FSU : «le pouvoir a réussi à unir l'intersyndicale depuis le mois de janvier et nous céderons pas !»

«Quand Macron disparaîtra, parce que ses jours sont comptés, en réalité, il a déjà perdu, il en est réduit à se cacher dans les couloirs du Stade de France, ses ministres ne peuvent pas mettre un pied dehors sans être accueillis par des casseroles, ce gouvernement, ce parti est fini, mais quand viendra l'heure de la relève, nous serons là également pour dénoncer les sirènes de l'extrême-droite qui, jamais, ne se sont battues pour le bien des travailleurs et des travailleuses et nous lutterons contre l'extrême-droite», anticipe le syndicaliste.

«Au camion Solidaires, nous offrons des parapluies pour vous protéger de la vidéosurveillance»


«Il va falloir être solidaire», abonde Théo Contis pour Solidaires 21 en annonçant une prochaine visite ministérielle à Dijon «le week-end prochain» et un rendez-vous, le 3 mai prochain, en lien avec la réponse du Conseil constitutionnel à la seconde demande de référendum d'initiative partagée.

«La préfecture met en place des mesures liberticides avec l'usage de deux drones pour surveiller tous les manifestants et manifestantes», indique-t-il sous les huées. «Au camion Solidaires, nous offrons des parapluies pour vous protéger de la vidéosurveillance.»

Parallèlement, le syndicaliste regrette que la circulation routière autour de la place Wilson n'ait pas été interrompue le temps de l'arrivée des manifestants.

«Ce gouvernement déroule chaque jour un peu plus le tapis aux extrêmes-droites», selon la LDH


Dans ce contexte, l'intersyndicale transmet le micro à Cécile Ropiteau qui s'exprime au nom de la Ligue des droits de l'Homme : «nous sommes aujourd'hui face à un pouvoir de plus en plus autoritaire qui refuse d'écouter le peuple, qui refuse d'écouter les syndicats, qui contourne le vote des parlementaires et qui fait le choix de la violence pour passer des réformes illégitimes».

«Ce gouvernement, à force de diaboliser et de criminaliser tous et toutes ses opposants opposantes de gauche déroule chaque jour un peu plus le tapis aux extrêmes-droites», poursuit la militante associative. «Pour résister à cette répression, nous appelons à la nécessaire convergence», lance-t-elle en évoquant la création d'un «comité de vigilance pour les libertés publiques» (lire le communiqué).

7.000 manifestants selon la police


Derrière la banderole de l'intersyndicale qui a quitté la place Wilson autour de 11 heures 15, la CGT fournit un impressionnant contingent de manifestants, bien que défilant de façon très espacée en empruntant la rue d'Auxonne, qui chantent derrière le véhicule de sonorisation.

De nombreuses personnes sont venues en famille. Les âges sont variés, des enfants en poussette jusqu'aux retraités.

La police recensera 7.000 participants quand l'intersyndicale en comptera 15.000. Au niveau national, en fin de journée, le ministère de l'Intérieur indiquera 782.000 manifestants (contre 116.500 en 2022) et la CGT 2,3 millions.

De nombreuses personnalités politiques


Après la CGT, suit le camion sono de Solidaires Étudiants qui restera néanmoins aphone jusqu'à la place de la République. Autour du véhicule, un «black bloc» d'une trentaine de personnes habillées de noir, le visage dissimulé et brandissant des parapluies sous un soleil radieux.

Alors que la banderole bifurque boulevard Voltaire, de nombreux manifestants sont encore place Wilson. C'est le cas des sections de la CFDT, la CFTC, l'UNSA, la FSU, FO et des partis politiques dont Lutte ouvrière.

Le Parti socialiste est plus représenté que les manifestations précédentes : certains élus marchent au cœur du cortège, les MJS forment un petit groupe.

Quelques membre du Parti communiste français agitent des drapeaux au milieu des manifestants.

La banderole de la coordination de la NUPES 21 ferme la marche avec les représentants de différentes composantes : Parti socialiste, Génération.s, Europe Écologie Les Verts ou encore La France insoumise.

Une trentaine de «black blocs»


Place du 30-Octobre, peu avant 12 heures 30, sous le regard du drone, les «black blocs» jettent rapidement quelques pochons de peinture sur la façade de l'agence du Crédit agricole dont le distributeur automatique de billets avait déjà été vandalisé précédemment. Des tirs de mortiers d'artifice ciblent également les vitrines.

Le groupe reflue tout aussi vivement quand des policiers s'approchent depuis les rues adjacentes. Les activistes anticapitalistes poursuivent leurs actions en taguant les murs et brisant les vitres des supports publicitaires du mobilier urbain.

Tentative d'accès à la place de la Libération


Place de la République, les tirs de mortier d'artifice viseront cette fois un drone, sans succès. Zappant l'Hôtel de préfecture, les activistes reprennent leur chemin jusqu'à la place du Théâtre puis la rue Rameau non sans avoir bombardé de peinture l'agence du Crédit mutuel de la rue Lammonoye.

À 13 heures 15, l'accès à la place de la Libération et l'Hôtel de Ville apparaît dégagé mais des policiers se positionnent pour barrer la rue Rameau. Des pochons de peinture fusent d'un côté, des grenades de gaz lacrymogène de l'autre. Les activistes rebroussent chemin en laissant nombre de «munitions» sur place.

Dispersion dans le calme


Le cortège syndical se scinde en deux durant quelques minutes, le temps que le vent disperse les gaz lacrymogènes. Les black blocs se défouleront par la suite sur l'agence LCL de la place Wilson.

À partir de 13 heures 30, la dispersion s'effectue dans le calme même si une centaine de personnes resteront durant plus d'une heure place Wilson alors que les policiers et gendarmes mobiles ont repris le traditionnel dispositif de sécurité pour empêcher tout retour vers le centre-ville.

Actualisé le 2 mai 2023 :

L'état-major de la direction départementale de la sécurité publique de la Côte-d'Or indique que, parmi la quinzaine de policiers ciblés par les activistes, rue Rameau, un policier a été blessé au bras par un jet de projectile. Il n'y a pas eu d'interpellation.

L'union syndicale Solidaires 21 appelle à un rassemblement à Dijon, place de la République, ce mercredi 3 mai, à 17 heures 30.

Jean-Christophe Tardivon

Le préfet justifie la surveillance de manifestations par drone






































































































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