«Nous devons être unis pour vaincre le terrorisme, pour lutter contre les amalgames et faire gagner les valeurs d'universalisme et de respect de la personne humaine que porte la République française», a déclaré la présidente de la section de Dijon de la LICRA Françoise Tenenbaum, ce mardi 10 octobre.
Depuis ce lundi, plusieurs rassemblements permettent aux citoyens d'exprimer depuis la France leur «soutien» à l'État d'Israël qui a subi une attaque de la part de la branche armée du mouvement terroriste du Hamas, le samedi 7 octobre dernier.
À l'initiative de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme, un rassemblement a été organisé, ce mardi 10 octobre 2023 en début de soirée, place de la Libération, devant l'Hôtel de Ville de Dijon.
200 participants dont 2 sportifs de haut niveau
Selon la police qui sécurisait la manifestation, environ 200 personnes ont participé à ce temps de dénonciation des attaques du Hamas, de solidarité avec les victimes et de rappel des valeurs humanistes de la République française.
Parmi les participants, deux sportifs évoluant dans des équipes nationales israéliennes ont tenu à être présents : Uri Gail, rugbyman du Club sportif nuiton, et Nevo Medina, handballeur du Dijon Métropole Handball.
Pour prolonger cette action associative, un office œcuménique est prévu, ce mercredi, à la synagogue de Dijon en présence du préfet de la Côte-d'Or et de représentants de différents cultes (
lire le communiqué).
Un rassemblement pour dénoncer «la cruauté des attaques aveugles perpétrées par le Hamas»
Présidente de la section de Dijon de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA), Françoise Tenenbaum prend la parole pour remercier les participants venus dénoncer «la cruauté des attaques aveugles perpétrées par le Hamas, ce samedi 7 octobre 2023, contre la population israélienne».
Avec émotion, l'oratrice évoque les exactions visibles dans les images de propagande du Hamas : «enfants exposés dans des cages, vieillards et personnes en fauteuil tabassées et kidnappées, femmes violées et exhibées nues, jeunes tués parce qu'ils se trouvaient là à écouter un concert comme au Bataclan».
«Ceux qui soutiennent le terrorisme doivent être poursuivis»
«Réveillés par des terroristes ayant envahis leur logement, des femmes et des enfants ont eu la tête coupée. Des dizaines d'otages ont été fait prisonniers après avoir vu l'assassinat d'un proche. Ces actes de terreur font sortir de l'humanité leurs auteurs et révoltent la conscience universelle», poursuit la représentante de la LICRA. «Ceux qui soutiennent le terrorisme doivent être poursuivis, aussi bien en France qu'à l'étranger, au Moyen-Orient qu'en Occident, ou encore en Asie ou en Afrique.»
«Demain, viendront les analyses et les explications. Aujourd'hui, le temps est au deuil, à l'humaine solidarité, à la condamnation d'une injustifiable barbarie», appuie-t-elle. «Nous voulons tous exprimer, ensemble, l'émotion qui nous traverse, notre refus commun de ce qui révulse en chaque conscience le sentiment d'humanité.»
Et de rappeler les premiers signataires de l'appel de la section de Dijon de la LICRA à se rassembler : François Rebsamen (PS, FP), maire de Dijon et ancien ministre, Fadila Khattabi (REN) ministre, François Patriat (REN), sénateur, Didier Martin (REN), député, Benoît Bordat (FP), député, Philippe Frei (REN), député, François-Xavier Dugourd (LR), Laurent Bourguignat (LR), Emmanuel Bichot (LR, AD), Antoine Hoareau (PS), Catherine Hervieu (EELV), Carole Bernhard (EELV), Laurent Bauman (REN), François Deseille (Modem), Patrick Molinoz (PRG), Lydie Pfander-Mény (PRG), Jean-Philippe Morel (PR), Karine Savina-Huon (GE), Claire Vuillemin (HOR), Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme, France Israël, Ligue de l'enseignement de la Côte-d'Or, Club UNESCO de Dijon...
«Nous devons être unis pour vaincre le terrorisme, pour lutter contre les amalgames et faire gagner les valeurs d'universalisme et de respect de la personne humaine que porte la République française», conclut Françoise Tenebaum.
«L'horreur réveille l'imaginaire des pogroms»
Devant la «diversité» des signataires et personnes présentes, Alain David, vice-président de la section de Dijon de la LICRA, revient sur «l'horreur de samedi dernier» qui réveille «un imaginaire enfoui depuis le XXème siècle».
«L'imaginaire des pogroms, des camps, des êtres renvoyés à leur vulnérabilité de corps, non pour ce qu'ils auraient fait mais ce qu'on a supposé qu'ils étaient, des Israéliens. Non pas même des Israéliens puisque la nationalité n'a protégé personne, pour ce qu'en Israël, ils étaient supposés être, des Juifs. Tuer l'autre pour ce qu'on fantasme qu'il est, voilà une assez bonne définition de la déshumanisation et, au bout de ce parcours, du crime contre l'humanité», développe le philosophe.
Une représentante de France-Israël Dijon lit le message de la présidente Monique Thébault : «la cruauté des attaques aveugles perpétrées par le Hamas contre la population israélienne révolte la conscience mondiale».
Celle qui séjourne actuellement à Tel Aviv décrit alors le nouveau quotidien des habitants d'un pays entrant en guerre.
«Il faut rester rassemblés dans la République»
Pour la fédération de la Côte-d'Or du Parti socialiste, Michel Neugnot intervient en premier parmi les prises de parole républicaines. «Au niveau national, le Parti socialiste a été très direct dans son appréciation des choses», exprime le premier fédéral, «quelles que soient nos différences, face à l'horreur, face aux massacres, il faut rester rassemblés dans la République».
Se souvenant des récits d'un instituteur marqué par la Résistance et la Shoah, Michel Neugnot partage «en toute sympathie, [son] affection avec ce peuple qui a été martyrisé tout au long de l'histoire».
«La France a aussi des victimes»
Pour la fédération de la Côte-d'Or du Mouvement démocrate, François Deseille signale que, rapportée à l'échelle de la France, l'attaque de samedi aurait correspondu à 7.000 morts. «Stop à la barbarie ! (…) J'ai une pensée pour les personnes prises en otage, je pense aux familles, c'est une catastrophe...»
Pour la fédération de la Côte-d'Or du Parti radical, Jean-Philippe Morel considère qu'«Israël a connu un nouvel 11-Septembre, l'humanité a connu un nouvel 11-Septembre [NDLR : en référence aux attentats terroristes survenus aux Etats-Unis, le 11 septembre 2001]». «Nous sommes là, inspirés par une profonde solidarité envers le peuple israélien, le peuple juif, toute cette jeunesse internationale qui était là. La France a aussi des victimes, beaucoup de pays dans le monde ont des victimes. C'est un crime contre l'humanité.»
«Nous pleurons aujourd'hui nos frères en humanité»
Pour le parti Agir pour Dijon, présidé par Emmanuel Bichot, Laurence Gerbet exprime son «soutien» au peuple israélien. «Ça relève vraiment de la barbarie !»
Pour la fédération des Républicains de la Côte-d'Or, Laurent Bourguignat dénonce les «lâches exactions», «les exécutions sommaires» et «les enlèvements ignobles» menés par «les commandos du Hamas». «Nous condamnons avec une fermeté absolue ces attaques et nous apportons notre soutien au peuple israélien. Ceux qui frappent aujourd'hui Israël sont des terroristes, ce sont ceux qui ont frappé la France le 13 novembre 2015. (…) Nous pleurons aujourd'hui nos frères en humanité.»
«Aucune cause ne justifie ce qui s'est passé le 7 octobre»
Pour Europe Écologie Les Verts Côte-d'Or, Catherine Hervieu partage sa «tristesse infinie». L'intervention de celle qui participe à la coordination départementale de la NUPES 21 sera brièvement interrompue par quelques participants, associant avec rejet son propos à ceux de Jean-Luc Mélenchon.
Pourtant, Catherine Hervieu rappelle les valeurs de «la promotion de la paix» et de la «non-violence» portée par les Verts : «aucune cause ne justifie ce qui s'est passé le 7 octobre». «D'où la nécessité de se rassembler, de réaffirmer les valeurs de fraternité, de liberté, d'égalité», poursuit l'écologiste en espérant qu'«il n'y ait pas d'escalade».
Le propos contraste avec les différentes déclarations des cadres nationaux de La France insoumise, se refusant de condamner l'attaque du Hamas en Israël, préférant, par communiqué, le 7 octobre même, mettre en cause «la politique d'occupation israélienne» et se contentant de déplorer «les morts israéliens et palestiniens».
À noter que les cadres locaux de La France insoumise sont absents du rassemblement – idem concernant le Parti communiste français – tandis que certains militants oscillant entre LFI et PS se font discrets.
Si Générations, le mouvement fondé par Benoît Hamon qui participe à la NUPES, n'est pas représenté non plus, un communiqué du parti a condamné «de façon inconditionnelle» les attaques du Hamas (
lire le communiqué).
«Nous serons toujours du côté des démocraties»
Pour le bureau départemental de la Côte-d'Or de Renaissance, Laurent Baumann excuse les parlementaires retenus à Paris, exprime sa «solidarité envers les victimes en Israël» et dénonce «les attaques immondes, terroristes, barbares, incessantes qui touche des enfants, des adolescents, les civils». «Nous serons toujours du côté des démocraties.»
Une pensée pour «la communauté juive de Dijon»
Pour la coordination départementale de la Côte-d'Or d'Horizons, Claire Vuillemin dénonce «le Hamas terroriste». «Nous apportons notre soutien sans bémol, sans ''mais''», ajoute-t-elle avant d'exprimer une pensée pour «la communauté juive de Dijon».
Pour Génération Écologie Dijon, Karine Huon-Savina exprime, elle aussi, «[sa] profonde solidarité pour ce peuple» face «aux souffrances que subit Israël».
Bien que présent, René Lioret, délégué départemental en Côte-d'Or du Rassemblement national, ne s'exprime pas. Dans un communiqué, Julien Odoul, porte-parole du RN avait apporté son «soutien à Israël» et ciblé La France insoumise (
lire le communiqué).
À noter, ce mardi, l'absence des cadres locaux de Reconquête.
Une minute de silence «à la mémoire de toutes les victimes»
«On a le cœur gros», résume finalement Françoise Tenebaum qui propose une minute de silence «à la mémoire de toutes les victimes».
«C'est un moment très fort pour les valeurs de la République de s'être retrouvés pour lutter contre la barbarie» conclut la représentante locale de la LICRA avant la dispersion du rassemblement dans le calme.
Jean-Christophe Tardivon
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