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12/05/2023 11:57

LOGEMENT : APF France handicap s'investit dans l'habitat inclusif

L'association a organisé des journées portes ouvertes, du 10 au 12 mai, à Dijon et Plombières-lès-Dijon, pour présenter les possibilités liées à l'aide à la vie partagée. «Il y a un professionnel tout le temps dans l’immeuble», a signalé la directrice territoriale.
L'habitat inclusif constitue une alternative à la vie à domicile isolée et à la vie collective en établissement : cela permet de «vivre chez soi sans être seul», selon l'association APF France handicap.

Une telle démarche répond à un besoin de mutualisation d’aide humaine tout en bénéficiant d’autonomie : «une présence rassurante est à proximité sans envahir le chez-soi». Les habitants vivent dans des logements privatifs tout en partageant des espaces communs et un projet de vie sociale.

Trois journées portes ouvertes


Pour présenter son projet d’habitat inclusif des personnes en situation de handicap, la délégation de la Côte-d'Or d'APF France handicap a organisé trois journées de portes ouvertes, du 10 au 12 mai 2023, sur trois sites répartis à Dijon et à Plombières-lès-Dijon. L'action s’inscrit dans le cadre des 90 ans de l’association nationale (lire notre article).


Des élues étaient présentes à ces rendez-vous, comme Emmanuelle Coint (LR), première vice-présidente du conseil départemental de la Côte-d'Or, Céline Vialet (LCOP), conseillère départementale, Monique Bayard (sans étiquette), maire de Plombières-lès-Dijon, et Stéphanie Vacherot (PS), conseillère municipale déléguée de Dijon.

Ont également participé Aline Guibelin, déléguée territoriale en Côte-d’Or de l’agence régionale de santé Bourgogne-Franche-Comté (ARS), ainsi que des représentants des bailleurs sociaux Grand Dijon Habitat et Habellis.

«Il y a un professionnel tout le temps dans l’immeuble»


Précurseur sur le thème de l’inclusion, APF France handicap a démarré des projets d’appartements partagés – ou habitats regroupés – il y a 20 ans. L’idée était d’offrir la possibilité aux personnes en situation de handicap d’habiter dans leur propre appartement, tout en mutualisant les besoins en aides humaines, assurés par la présence 24 heures sur 24 d’auxiliaires de vie.

«Il y a des personnes qui seraient en établissement ou qui seraient chez leurs parents, alors que là, ils peuvent rester chez eux, ils savent qu’il y a un professionnel tout le temps dans l’immeuble, et si ils ont besoin ils appellent», explique Florence Lecomte, directrice de la délégation de la Côte-d'Or et de la Saône-et-Loire d'APF France handicap.

Localement, un premier projet est né à Plombières-lès-Dijon, puis de nombreuses demandes sont arrivées et cela a été le tour de la création de trois autres sites à Dijon.

Un habitat inclusif «plus collectif»


La délégation départementale a répondu à appel à projet national lancé par l'ARS en 2021 afin de conforter son expérience d’habitats regroupés et d'expérimenter des projets collectifs et inclusifs autour de ces appartements.

Les spécificités de l’habitat inclusif reposent notamment sur le recrutement d’une animatrice et la présence d’un appartement dans l’immeuble géré par le service d’aide à domicile d'APF France handicap.

Le conseil départemental s'est engagé à reprendre le financement de ce poste qui était à la base soutenu par l’ARS.

Le lieu dans lequel se trouvent les auxiliaires de vie est aussi le lieu où le collectif d’habitants se réunit pour initier des projets. «Je suis là avec mon petit chariot, mon café, des feutres, de jeux de société, ils savent quel jour je suis là, ils sont là ou ils ne sont pas là, c’est comme ils veulent, et j’improvise à chaque fois suivant leurs envies», signale l’animatrice. Une charte, rédigée avec les habitants, pose les règles du partage collectif.

Les locataires sont acteurs du dispositif


Le projet d'APF France handicap est construit autour de l’autodétermination des habitants. Ce n’est pas l’association qui est locataire du logement pour les personnes mais ce sont les personnes elles-mêmes qui sont locataires.

«Qu’on soit en situation de handicap ou pas, il faut qu’on arrive à avoir le même accès à une vie de personnes sans handicap, depuis l’enfance, l’accès à l’emploi et l’habitat», insiste Aline Gibelin

L’autonomie est systématiquement au cœur du sujet malgré, parfois, une dépendance importante : certains locataires bénéficient d’une prestation de compensation du handicap permettant d’être accompagnés en permanence par un auxiliaire de vie.

La mutualisation de la prestation de compensation du handicap


Il y a 20 ans, regrouper des habitats autour d’auxiliaires de vie partagés était une démarche expérimentale qui ne rentrait dans aucune case administrative. Aujourd’hui, la situation est différente avec l’aide à la vie partagée (AVP), intégrée dans la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2021, qui reprend le principe de la mutualisation de la prestation de compensation du handicap.

Selon le ministère de la Santé, «la mise en commun de la prestation de compensation du handicap consiste, pour deux ou plusieurs bénéficiaires, à additionner les moyens financiers reçus par chacun pour financer ensemble les aides identifiées dans leur plan personnalisé de compensation».

En Côte-d'Or, 25 projets d'habitat inclusif


L'AVP est versée par les Départements, échelon territorial compétent en la matière. En Côte-d'Or, les projets soutenus par le conseil départemental se multiplient.

«Aujourd’hui, c’est 25 projets d’habitats inclusifs, de personnes âgées ou en situation de handicap, qui sont signés avec le Département, soit un investissement de près d’un million d’euros quand les projets seront tous à leur vitesse de croisière. C’est un investissement qui a du sens, cela correspond à l’idée que l’on se fait d’une société inclusive», signale Emmanuelle Coint.

Les locataires ont recruté l'animatrice


L’animatrice de l'habitat inclusif a été recrutée par les locataires eux-mêmes, comme le souligne Florence Lecomte : «ce sont les habitants qui ont recruté la candidate qui leur convenait le mieux. Ils ont été tenaces et ils ont posé de bonnes questions».

À Plombières-lès-Dijon, un habitant souhaitait pratiquer la sophrologie. L'animatrice est entré en contact avec une sophrologue, puis a trouvé une salle via le centre communal d'action social. Depuis, le CCAS a ouvert cette activité à ses bénéficiaires, ce qui permet aux personnes en situation de handicap de partager des activités, à leur initiative, avec des personnes valides.

Jeff, le couche-tard, «mène sa vie comme bon lui semble»


Selon les locataires eux-mêmes, s’il n’y avait pas cette dynamique d’habitat inclusif et cette aide à la vie partagée, ils ne pourraient pas sortir du logement comme ils le souhaiteraient.

Ainsi, Jeff, le «couche-tard» parmi les habitants de Plombières-lès-Dijon, aime bien revenir chez lui le soir quand il en a envie. Il ne pourrait pas se le permettre dans un logement avec un service d’aide humaine habituel dont les horaires s’interrompent avant la nuit.

Grâce à ce mode d’habitat, Jeff peut profiter pleinement de ses soirées, en étant assuré d’avoir un auxiliaire de vie à son retour chez lui et ainsi «mener sa vie comme bon lui semble».

Texte et photographies
Sabrina Dolidze


























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