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10/02/2022 20:26

PATRIMOINE : La chapelle Sainte-Croix de Jérusalem retrouve son épi de faîtage polychrome

Au sommet de la toiture du «petit bijou patrimonial» de la Cité de la gastronomie de Dijon, les couvreurs de l'entreprise UTB ont posé ce jeudi 10 février le fac-similé d'un épi de faîtage «rare et fragile» ainsi qu'un coq en cuivre.
Sur le site de la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin (CIGV), la chapelle Sainte-Croix de Jérusalem bénéficie d'une protection au titre des Monuments historiques supérieure à celle des bâtiments environnants : elle est «classée», ils sont «inscrits».

La Ville de Dijon, propriétaire de l'église à présent désaffectée de tout culte, a donc souhaité mener un projet de restauration spécifique à ce «petit bijou patrimonial», tant à l'extérieur qu'à l'intérieur.

Ce jeudi 10 février 2022, la dernière touche a été donnée à l'extérieur avec la pose d'un épi de faîtage polychrome et d'un coq en cuivre. Les deux pièces sont issues d'une restitution à l'identique des éléments d'origine qui seront conservés pour être exposés.


UTB restaure la toiture de la chapelle


La chapelle funéraire Sainte-Croix de Jérusalem a été fondée en 1454 et était entourée par le cimetière médiéval de l'hôpital. Au XVIIème siècle, elle a failli être détruite par les propriétaire de l'hôpital. Peu avant la Seconde Guerre mondiale, les responsables de l'hôpital ont envisagé d'établir là un musée des Hospices de Dijon. Des œuvres d'art sont alors ajoutées.

Depuis janvier 202, le groupe francilien UTB conduit la restauration de la charpente, de la toiture en tuiles vernissées et du clocheton à couverture en ardoises.

«Le parti était de restaurer la chapelle et, pour les parties manquantes, de restituer l'état ancien en se basant sur des photographies du XIXème siècle», explique Maud Duphil, architecte chez Archipat, cabinet lyonnais qui assure la maîtrise d’œuvre du chantier de la chapelle.

30% de tuiles anciennes


La couverture de la chapelle Sainte-Croix de Jérusalem a évolué avec le temps pour obtenir un panachage de tuiles. Archipat et UTB se sont inscrits dans cette esthétisme et ont retenu un panachage de 80% de tuiles vernissées et de 20% de tuiles naturelles.

«Le panachage apparaît sur les photographies du XIXème siècle», souligne Maud Duphil, «on a pu récupérer 30% des tuiles d'origine avec un travail très fin d'UTB auprès des fournisseurs de tuiles pour retrouver les mêmes teintes que l'on avait sur les tuiles anciennes donc le vernissage est spécifique 'chapelle Sainte-Croix de Jérusalem'».

«C'est une fierté parce que ça fait 38 ans que c'est mon métier», indique Michaël Paillot, chef de chantier au sein d'UTB, «j'ai commencé à 14 ans, (…) aujourd'hui, c'est une passion». Le couvreur a participé aux chantiers de la cathédrale Saint-Bénigne, de l'église Saint-Michel ou encore du Musée des Beaux-arts de Dijon.

«C'est notre sensibilité commune d'avoir à cœur de restaurer le patrimoine au mieux, de laisser une trace (…) et de garder le métier vivant», ajoute Mélanie White, chargée d'affaires couverture pour le groupe UTB.

Découverte d'un rare épi de faîtage


Lors de la découverture, un épi de faîtage en plomb a été trouvé. Des traces de polychromies sont apparues à l'examen conduit par Claire Bigand, restauratrice de peintures murales intervenant sur le chantier : «on s'est rendu compte que c'était un objet rare et fragile».

Avec Gaëlle Giralt, restauratrice spécialiste du métal, Claire Bigand a analysé l'épi de faîtage au sein du Laboratoire de Recherche des Monuments Historiques : «les pigments ont pu être découverts, des pigments minéraux qui ont été utilisés à travers tous les âges». Non daté, l'objet est antérieur à 1899 et probablement  postérieur au XVIème siècle.

L'épi de faîtage original a été retiré de la chapelle pour être exposé en musée et un fac-similé en plomb a été réalisé sur lequel la polychromie a été appliquée : «c'est une restitution à l'identique parce qu'on avait toute connaissance de la pièce d'origine». Le nouvel objet devrait durer «une vingtaine d'années» avant un nouveau coup de peinture : «soumis aux intempéries, (…) ce sont vraiment des conditions difficiles».

Mélanie White et Michaël Paillot ont travaillé de concert sur ce chantier, qui pour analyser les documents anciens, qui pour mettre en œuvre les opérations techniques de restitution. «J'ai repris exactement les gabarits d'origine», indique Michaël Paillot, «avant de le poser, il y a dix jours de travail à tout emboutir».

Initialement en zinc, le coq datant de la fin du XIXème siècle a été restitué par UTB «exactement dans la même forme» en cuivre, matériaux plus pérenne.

Pour poser les différentes pièces, une nacelle-araignée a été louée auprès de l'entreprise Joly à Couternon. Deux pilotes ont été mobilisés pour ce travail en hauteur.

Donner à voir les décors tels que restaurés au XIXème siècle


À l'intérieur de la chapelle, les éléments de décor et les œuvres d'art ont également été restaurés et repositionnées. «Ce sont toutes des œuvres qui proviennent de l'hôpital général, de différents lieux. Elles n'ont pas toutes été conçues pour la chapelle Sainte-Croix de Jérusalem mais, néanmoins, ils y ont été intégrées au fur et à mesure de leur histoire et il était tout à fait légitime de les mettre en valeur ici, (…) il s'agit du petit bijou patrimonial de l'hôpital», indique Zoé Blumenfeld-Chiodo, directrice de la valorisation du patrimoine de la Ville de Dijon.

Parmi les pièces, se remarque une grande Trinité qui a été commandée par le frère Simon Albosset, sacristain de l'hôpital du Saint-Esprit et fondateur de la chapelle. Il est même représenté portant un petit modèle de l'édifice dans ses mains.

Les décors initiaux ont été recouverts, piquetés, dégagés et restaurés. «Ce que l'on a à voir, c'est la restauration de ces décors qui date du XIXème siècle», précise Claire Bigand. «On a décidé d'améliorer la lecture de cette restauration par un travail d'ajustements.»

Accès gratuit


Trois hauts reliefs représentent le baptême du Christ, une déposition de Croix ainsi qu'une scène de prédication. Ils sont protégés par une vitrine s'inspirant du mobilier liturgique conçue par Marion Golmard. Cette même inspiration a guidé l'esthétisme des supports de médiation à l'intérieur de la chapelle et des bancs à l'extérieur.

La chapelle se situe à l'intérieur de la cour Jérusalem restaurée par le groupe immobilier François Ier pour en faire des logements. À partir de l'inauguration de la CIGV fixée au 6 mai prochain, une servitude de passage rendra possible l'accès des visiteurs à la chapelle en cheminant au travers de la copropriété aménagée par Eiffage. Pour cela, les visiteurs auront à prendre un billet gratuit à l'entrée de la Cité de la Gastronomie pour accéder au parcours de visite du site de l'ancien hôpital.

Jean-Christophe Tardivon

La vision poétique d'Anthony Bechu, architecte de la Cité de la Gastronomie

















































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