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27/10/2021 13:35

POLITIQUE : «Je serai le président d'une ambition française en matière agricole», lance Michel Barnier

Candidat à la primaire qui désignera le représentant de la droite pour la présidentielle de 2022, Michel Barnier a rencontré des sympathisants ce mercredi 27 octobre à Dijon. Selon lui, «il faut que l'on garde notre souveraineté électrique et énergétique et ne pas avoir le nucléaire honteux».
Avant un meeting à Montbéliard en soirée, ce mercredi 27 octobre 2021, Michel Barnier a fait étape à Dijon pour un «café politique» rassemblant près de 80 militants et sympathisants dans le salon d'un hôtel dijonnais dans le cadre de sa candidature à la primaire de la droite.

La désignation se fera lors d'un congrès réservé aux adhérents des Républicains à jour de cotisation (30 euros) au 16 novembre. Chacun doit récolter 250 parrainages. Un débat avec les adhérents du parti sera organisé le 20 novembre à Paris.

Le congrès aura lieu du 1er au 4 décembre pour deux tours dans un format numérique. Les autres candidats sont Xavier Bertrand, Éric Ciotti, Philippe Juvin, Denis Payre et Valérie Pécresse.

«Un homme de grande stature»


Ce mercredi, François-Xavier Dugourd, président de la fédération des Républicains de la Côte-d'Or, accueille Michel Barnier en compagnie de Pierre Bolze, secrétaire départemental, et d'Axel Sibert, référent du candidat dans le département.

D'emblée, François-Xavier Dugourd présente Michel Barnier comme un homme de «grande stature» : élu conseiller général de la Savoie à 22 ans en 1973 puis président du Département à partir de 1982, député puis sénateur, quatre fois ministre (durant les quinquennats de François Mitterrand – lors d'une cohabitation –, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy), commissaire européen, député européen et finalement négociateur du Brexit avec le Royaume-Uni. Un mandat qui s'est terminé en 2019.

Les Républicains, parti «qui a le plus d'élus locaux»


En amont de la réunion, Michel Barnier présente les grandes lignes de ses propositions dans le cadre d'une primaire de la droite qui pourrait accorder un avantage à un candidat resté loyal aux Républicains.

Michel Barnier insiste sur la reconstruction du parti depuis la présidentielle de 2017 et salue le travail de Christian Jacob ainsi que «des responsables départementaux et des militants» : «étape par étape, le parti est devenu celui qui a le plus d'élus locaux».

Le candidat a un petit mot pour Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau. Le député européen Arnaud Danjean et le conseiller régional Alain Suguenot sont annoncés. Au café politique, il retrouvera des élus locaux comme Emmanuel Bichot, Patrick Chapuis, Valérie Grandet, Pascal Rochet ou encore Fabian Ruinet.

«J'ai déjà la capacité d'être candidat à la présidence de la République»


Malgré un CV étoffé, Michel Barnier connaît pourtant une moindre notoriété que ses concurrents occupant actuellement des fonctions électives. Le candidat entend faire des deux un atout, se disant à la fois «expérimenté et neuf». «Je fais campagne pour aller à la rencontre des militants pour qu'ils mes connaissent mieux».

Ce café politique est donc l'occasion pour lui d'aller «à la rencontre des nouveaux adhérents, assez nombreux et des plus anciens» car «ce ne sont pas les sondages qui vont désigner le candidat, ce sont les militants».

«Je ne serai pas l'homme d'une quelconque division ni d'une quelconque querelle», déclare Michel Barnier qui entend bien rassembler ses actuels concurrents en cas de désignation : «nous devons nous retrouver le 5 décembre au matin pour constituer une seule équipe de campagne». Ayant plus de 500 parrainages pour le congrès, Michel Barnier glisse avoir «j'ai déjà la capacité d'être candidat à la présidence de la République».

«On ne s'improvise pas candidat à l'élection présidentielle», poursuit-il, «j'ai pris cette décision parce que je suis prêt. (…) Il n'y pas de fébrilité, il n'y a pas d'opportunisme. (…) L'important quelque soit l'âge, c'est de garde la capacité d'enthousiasme et d'indignation». Et de glisser : «il n'y a pas d'homme ou de femme providentiel, il y a davantage quelqu'un qui peut être présidentiel».

«Il y a des grands accidents climatiques qui vont se multiplier»


L'ancien ministre de l'Agriculture sait quelle importance la viticulture a dans l'imaginaire collectif et l'économie de Bourgogne-Franche-Comté. Il salue donc le transfert du siège de l'OIV à Dijon (lire notre article) : «c'est important d'être reconnu dans un domaine aussi stratégique».

«Je serai le président d'une ambition française en matière agricole pour retrouver notre place de première puissance agricole en Europe dans les années qui viennent», déclare Michel Barnier.

«Je n'accepterai pas les discours idéologiques ou les orientations un peu dogmatiques à Bruxelles consistant à dire que pour réduire la pollution pour relever le défi climatique, il faut réduire la production, je pense que l'on peut préserver notre capacité agricole et viticole avec les viticulteurs, avec les agriculteurs, et pas contre eux», indique-t-il.

«L'ambition française que je veux porter est celle de devenir, en 2035, la première puissance économique et agricole d'Europe, pour cela il faut que nous valorisions nos atouts stratégiques et qu'on corrige nos faiblesses», insiste-t-il.

«Il y a des grands accidents climatiques qui vont se multiplier», prévient-il à ce sujet en invitant à «se préparer» par «la prévention, la modification des modes de cultures, la mutualisation des risques». Il entend également «garder une politique agricole commune forte», rappelant que le ministère de l'Agriculture consacre un milliard d'euros au soutien à l'agriculture française quand le budget européen octroie dix milliards d'euros. «Il faut éviter la décroissance que prône parfois Bruxelles», martèle-t-il.

Ancien ministre de l'Environnement, Michel Barnier se dit «toujours engagé sur les question d'écologie humaniste et concrète», ne manquant pas de rappeler le travail effectué avec Robert Poujade, alors ministre de la Protection de la Nature et de l'Environnement, qui plus est ancien maire de Dijon.

En tant que négociateur du Brexit, Michel Barnier indique avoir intégré «la préoccupation grave des agriculteurs, des viticulteurs, tous ceux qui exportent vers le Royaume-Uni, pour éviter des tarifs douaniers, ce que l'on a pu faire».

«Dans les accords commerciaux, un souci que j'aurai, ce sera celui de la réciprocité pour éviter qu'on importe chez nous des produits industriels ou agricoles qui ne respectent pas les normes de nos propres producteurs», assure-t-il.

Ne pas avoir «le nucléaire honteux»


Au chapitre de l'industrie, Michel Barnier souligne la place de la filière nucléaire en Bourgogne-Franche-Comté : «il faut que l'on garde notre souveraineté électrique et énergétique et ne pas avoir le nucléaire honteux». Pour autant, «ça n'interdit pas de travailler sur les énergies renouvelable» ajoute-t-il tout en se montrant «très réservé sur les questions d'éoliennes», leur préférant le solaire, la biomasse et les économies d'énergie.

Globalement, «la question énergétique est fondamentale pour le pouvoir d'achat des Français», analyse le candidat qui propose de «relancer le programme nucléaire» et de mettre en chantier de «nouveaux réacteurs»

«Nous allons créer un fonds souverain pour mobiliser l'épargne nationale»


«Le rôle de l’état doit être une stratégie, nous allons retrouver une ambition industrielle. L’État doit avoir cette ambition et investir dans des secteurs stratégiques. Dans le plan qui a été annoncé par le gouvernement, il y a des secteurs très importants qui ont fait l'objet d'études et de concertation avec les secteurs concernés donc il n'y a pas de problème de filière», analyse Michel Barnier.

«Nous allons créer un fonds souverain pour mobiliser l'épargne nationale. Ce fonds investira, au-delà des pouvoirs publics, spécifiquement dans les secteurs stratégiques», propose le candidat qui note que «pour la première fois l'Union européenne emprunte pour investir, à la suite du covid, c' est une bonne nouvelle». L'Union européenne emprunte 750 milliards d'euros dont 43 milliards d'euros attribués à la France.

«Les bonnes dettes, ce sont celles qui permettent d'investir dans l'avenir. (…) L’État est stratège, il doit créer l'environnement favorables aux investissements mais qui créent les emplois ? Ce sont les entreprises, les salariés et les dirigeants d'entreprises», indique Michel Barnier.

«Je veux remettre du collectif dans la gestion de notre pays»


Les questions de société amènent Michel Barnier à se montrer critique à l'égard de la politique d'Emmanuel Macron : «notre pays connaît beaucoup trop de tensions, beaucoup trop de violences, les Français sont dos à dos. Le pouvoir sortant a géré notre pays de manière trop solitaire et parfois arrogantes».

«Le président a besoin d'un parlement respecté, a besoin d'un dialogue syndical et social, besoin des collectivités. Je veux remettre du collectif dans la gestion de notre pays. (…) Nous devons reconquérir l'autorité publique et apporter un soutien à la police», poursuit-il. Michel Barnier voit le «sentiment d'insécurité généralisé» comme le «principal échec de ce quinquennat».

Jean-Christophe Tardivon