Le préfet de la Côte-d'Or a rendu hommage, ce dimanche 18 juin, à l'engagement de Jean Moulin au sein de la Résistance. «Si on peut vivre aujourd'hui en liberté, c'est parce qu'il y a eu des gens comme Jean Moulin», a déclaré Franck Robine.
Avec un peu d'avance, la préfecture de la Côte-d'Or a organisé une cérémonie pour marquer le 80ème anniversaire de la mort de Jean Moulin, dans la cour éponyme de l'hôtel Bouhier de Lantenay, à Dijon, ce dimanche 18 juin 2023.
Arrêté par la police française, le 21 juin 1943, lors d'une réunion de dirigeants de la Résistance, à Caluire-et-Cuire, en périphérie de Lyon, Jean Moulin a été torturé par la Gestapo, à Lyon puis à Paris, sans révéler les noms de ses contacts.
Déporté en Allemagne, Jean Moulin est mort dans un train à destination de Berlin. L'acte de décès, rédigé six mois plus tard, a fixé le 8 juillet 1943 et la gare de Metz comme date et lieu de sa mort. Héros de la Résistance, compagnon de la Libération, ses cendres présumées ont été transférées en 1964 au Panthéon.
De nombreux jeunes participent à la cérémonie
Ont participé à la cérémonie Fadila Khattabi (REN), Didier Martin (REN), Stéphanie Modde (EELV), vice-présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté, Clémentine Barbier (sans étiquette), conseillère départementale de la Côte-d'Or, Jean-Philippe Morel (PR), adjoint au maire de Dijon, Ludovic Raillard (PS), adjoint au maire de Chenôve, et le général Sylvain Laniel, commandant de la région de gendarmerie Bourgogne-Franche-Comté.
Étaient également présents des membres du conseil participatif des jeunes enfants de la Ville de Chenôve, des jeunes mobilisés par les services de la Ville de de Chenôve, des élèves des collèges Gaston Bachelard, des Lentillères et Saint-Michel à Dijon, ainsi que des cadets de la Protection civile, de jeunes sapeurs-pompiers, et des cadets de la gendarmerie.
Refus de signer un faux établi par des militaires allemands
Bruno Dupuis, directeur départemental de l'Office national des
combattants et des victimes de guerre et maître de cérémonie, a appelé
deux élèves du collège Gaston Bachelard pour une réflexion sur
«l'entraide» et «le courage».
Présidant la cérémonie, Franck Robine, préfet de la Côte-d'Or, a rappelé le parcours de Jean Moulin en insistant sur son refus précoce de collaborer.
Alors préfet d'Eure-et-Loir, âgé de 41 ans, Jean Moulin a été arrêté par la Wermacht, le 17 juin 1940, car refusant de signer un faux établi par les militaires allemands demandant à reconnaître que des tirailleurs sénégalais auraient été responsables d'atrocités envers des civils près de Chartres.
Battu, enfermé, Jean Moulin a tenté de se suicider en se tranchant la gorge avec un débris de verre. Son compagnon de cellule, un tirailleur sénégalais, a alerté les secours. Rétabli, Jean Moulin a été marqué par une cicatrice qu'il masquera par sa fameuse écharpe.
«Le positionnement visionnaire» de Jean Moulin
Révoqué de ses fonctions par le régime de Vichy, Jean Moulin est parti en zone libre puis a gagné Londres, en 1941, pour rejoindre le général de Gaulle. Il a été chargé d'unifier les réseaux de résistance, ce qui a mené à la création du Conseil national de la Résistance, organisation transpartisane, le 27 mai 1943.
Le préfet a salué «le positionnement visionnaire» de Jean Moulin à la tête du CNR pour «rendre la France à elle-même et lui donner les moyens de rebâtir son avenir». Ce qui s'est traduit par «une vraie vision sociétale» dans le programme du CNR comportant notamment l'ouverture du suffrage universel aux femmes, des nationalisations ou encore la fondation de la Sécurité sociale.
«La défense des valeurs de la République»
«Le passé a beau ne pas commander le présent tout entier, sans lui, le présent demeure inintelligible», déclare Franck Robine en citant l'historien Marc Bloch pour «donner le sens» de cette cérémonie fixée à un 18 juin, «en lien» avec la tâche confiée par le général de Gaulle.
«Il y a un sens à tout cela : la défense des valeurs de la République», a résumé Franck Robine, «alors que les jeunes vont bâtir l'avenir». « Jean Moulin, c'est un exemple. On a besoin de références comme ça. Si on peut vivre aujourd'hui en liberté, c'est parce qu'il y a eu des gens comme Jean Moulin. »
Avec quatre jeunes, le préfet de la Côte-d'Or a déposé une gerbe de fleurs au pied de la plaque rendant hommage à Jean Moulin. S'en est suivie une minute de recueillement durant la sonnerie «Aux Morts» puis le chant a cappella de «La Marseillaise».
L'exposition «Jean Moulin, une vie d'engagement»
La cérémonie terminée, le préfet a invité les participants à découvrir l'exposition «Jean Moulin, une vie d'engagement» réalisée par le ministère de la Défense, l'Office national des combattants et des victimes de guerre ainsi que le Bleuet de France.
L'événement s'est prolongé par un temps de convivialité dans les jardins de l'Hôtel de préfecture. Là, Kainnissia, Shirine et Lenny notamment, des élèves d'une classe de quatrième en section d'enseignement général professionnel adapté du collège Gaston Bachelard, ont échangé avec le représentant de l’État au sujet de ses fonctions.
«La passion de la République»
«C'est un travail que l'on fait par passion, on a tous la passion de la République, du service de la France, (…) on essaie de trouver l'intérêt général», leur a répondu Franck Robine.
«On va à la rencontre des gens, on travaille beaucoup, il y a évidemment des moments plus faciles que d'autres», a-t-il ajouté en insistant sur les missions régaliennes dont la sécurité en Côte-d'Or et la mise en œuvre des politiques publiques nationales, cette fois à l'échelle de la Bourgogne-Franche-Comté.
Jean-Christophe Tardivon
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