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21/04/2024 18:48

EUROPÉENNES : Alexis Corbière appelle à «rassembler une force sociale, populaire, écologique, démocratique»

«Emmanuel Macron valide totalement ce que fait Madame Le Pen», a déclaré le député La France insoumise de Seine-Saint-Denis, le 8 avril dernier, à Dijon, critiquant la politique du président de la République. Alexis Corbière a également incité à reconstituer «l'unité à gauche» en vue de la prochaine présidentielle.
Dans une campagne des élections européennes relativement atone, Alexis Corbière, le médiatique député LFI de la Seine-Saint-Denis, a fait étape à Dijon, le 8 avril 2024, pour soutenir la liste conduite par Manon Aubry et mobiliser les sympathisants du mouvement de la gauche radicale.

Critiquant le critère d'une dette représentant 3% du PIB, intégré au Traité de Maastricht, l'Insoumis a mis l'accent sur l'école comme exemple de service public impacté par la baisse de dépenses publiques annoncée par le gouvernement, alors que des établissements scolaires ont connu, en leur sein ou en périphérie, une succession de faits divers qui ont ému la France, et que la réforme du «choc des savoirs» fait l'objet de contestation de la part de syndicats enseignants.


Déambulation au centre-ville de Dijon


Bien que logé dans le quartier République, le député a été accueilli sur le parvis de la gare de Dijon par Dominique Guidoni-Stoltz, ancienne suppléante aux législatives de 2022.

En compagnie des candidats Arash Saeidi et Valérie Jacq, la délégation de militants Insoumis, renforcée par les Jeunes Insoumis de Sciences Po, a effectué une déambulation ponctuée de tractages de la gare au cellier de Clairvaux, en passant par la rue de la Liberté.

Une centaine de personnes attendaient dans la salle mise à disposition par la Ville de Dijon pour écouter les intervenants.

Meeting avec un député et deux candidats aux européennes


Valérie Jacq a adhéré à LFI au moment de l'accord de la NUPES, en 2022. La Côte-d'Orienne figure aujourd'hui en 59ème place sur la liste conduite par Manon Aubry.

Conseiller régional d'opposition dans les Pays de la Loire et conseiller municipal d'opposition à Angers, Arash Saeidi est sixième sur la liste conduite par Manon Aubry, donc en position éligible.

Ancien coordinateur de Génération, après être passé par le Parti socialiste, Arash Saeidi a été écarté du mouvement fondé par Benoît Hamon après l'organisation d'un vote controversé devant acter le soutien du parti à la liste de La France insoumise. Aujourd'hui, Générations fait l'impasse sur les élections européennes et vise la présidentielle de 2027 (lire le communiqué).

Arash Saeidi alerte sur «l'extrême-droite qui monte en flèche»


Premier à prendre la parole, Arash Saeidi explique avoir effectué «un choix de cohérence» en rejoignant LFI pour «continuer de défendre le programme de la NUPES» vers «une Europe plus sociale, plus démocratique, écologique», «Une Europe qui accueille qui fuit la misère et la guerre» et non pas «une Europe qui met en concurrence la fin du mois et la fin du monde».

Le nouvel Insoumis alerte sur «l'extrême-droite qui monte en flèche» et sur «une austérité au niveau de l'Europe qui va continuer à accentuer les soucis sur nos services publics».

L'orateur évoque brièvement le bilan des sortants : contribution à l'interdiction de la pêche électrique, à la responsabilité sociale des entreprises et à la présomption de salariat pour les travailleurs des plateformes.

Arash Saeidi revendique «une régulation de l'économie»


Mais Arash Saeidi  préfère concentrer son propose sur «la préparation de l'après-Macron» : «l'important, ce ne sont pas les personnes, c'est le fond» de façon à «se battre pour un programme de rupture».

Le militant anticapitaliste entend cibler les multinationales, en donnant comme exemple une entreprise pointée lors du récent mouvement social des agriculteurs : «en dix ans, Lactalis a réussi à augmenter ses prix de 8% tout en diminuant les prix d'achat du lait de 2%». Et de revendiquer des «prix-planchers» ainsi qu'«une régulation de l'économie», ce qui se fait «d'abord au niveau européen».

Le nom de François Rebsamen hué


Arash Saeidi critique certains aspects du principe de «concurrence» qui entraîne «un prix de l'électricité vendu au coût de production le plus élevé de la dernière centrale construite» ou encore qui oblige «la SNCF a abandonner 23 lignes de fret ferroviaire pour laisser d'autres gens s'installer» alors que «plus d'une dizaine n'ont pas été reprises et ça fait des camions sur la route».

L'ancien adhérent du Parti socialiste revient sur le quinquennat de François Hollande pour regretter que «l'évasion fiscale» n'ait pas été plus encadrée. À cette occasion, l'évocation du nom de François Rebsamen (PS, FP), maire de Dijon, provoque des huées et des rires dans la salle.

Dans un propos quelque peu décousu, le nouvel Insoumis enchaîne avec la stratégie de campagne, incitant les sympathisants à convaincre tout d'abord leurs proches ainsi que les partisans de l'ancienne alliance électorale de la NUPES.

Pas un mot pour les otages détenus par le Hamas


Régionale de l'étape, Valérie Jacq se dit d'emblée fière de figurer sur la liste «aux côtés de Rima Hassan» présentée comme «défenseuse de la cause palestinienne», ce qui suscite des applaudissements nourris.

Il s'agit d'une occurrence des rares applaudissements intervenant au cours d'un propos des trois orateurs durant le meeting, marquant l'importance accordée à cette thématique par les sympathisants.

Parmi les militants plus prompts à qualifier la riposte de Tsahal de «génocide» que l'attaque du Hamas du 7 octobre de «terroriste», Rima Hassan fait office d'égérie, au point d'éclipser médiatiquement la tête de liste Manon Aubry.

«Un seul mot devrait prévaloir : cessez-le-feu, immédiat et permanent», poursuit Valérie Jacq. L'Insoumise demande également un «embargo sur les armes» ainsi que des «sanctions économiques» et la «suspension des accords avec Israël» sans un seul mot pour les otages détenus par le Hamas, dont encore trois Français à ce jour.

«Non à la répression de l'immigration !» scande Valérie Jacq


«Nous défendons une Europe humaniste», enchaîne Valérie Jacq pour aborder la thématique des politiques migratoires, «face à cette forteresse qui voit mourir avec indifférence, à ses portes, des centaines d'hommes et de femmes, poussés par la misère et la violence à quitter leur pays».

«Comment nous regarder en face ? Comment profiter de cette prospérité que nous devons d'ailleurs beaucoup aux anciennes colonies dont, souvent, les migrants proviennent ?» demande-t-elle. «Non à la répression de l'immigration !»

«Le syndicalisme est un maillon essentiel de notre société»


Sur la liste figure également le Haut-Marnais Anthony Smith, adhérent de la CGT, inspecteur du travail, sanctionné après avoir défendu des aides à domicile d'une association rémoise au début de la crise sanitaire. Il en a tiré un livre «918 jours, le combat d'un inspecteur du travail» (éditions Arcane 17).

En 2019, les Insoumis avait également intégré à leur liste une figure des luttes sociales, la Jurassienne Anne-Sophie Pelletier, aujourd'hui en rupture de ban avec le parti. Le 4 décembre dernier, elle a été exclue du groupe politique LFI au Parlement européen après des signalements pour harcèlement au travail. Elle a contre-attaqué en déposant une plainte pour diffamation.

«Le syndicalisme est un maillon essentiel de notre société», analyse Valérie Jacq, «un contre-pouvoir indispensable». «Les atteintes dont les syndicalistes font récemment l'objet – répression des manifestations, gardes à vue, suspensions – sont inacceptables et le signe d'un pouvoir qui n'écoute plus la voix du peuple et des travailleurs.»

Au passage, la Côte-d'Orienne rend hommage aux syndicats qui ont soutenu la seconde phase du mouvement des Gilets jaunes et la contestation de la réforme des retraites : FSU, CGT, Solidaires, Confédération paysanne...

L'Insoumise revendique «la fin du statut de travailleur détaché» vu comme permettant «le moins-disant social».

«Le gouvernement sort l'artillerie lourde pour protéger les pollueurs»


«L'écologie n'est pas une option», scande Valérie Jacq en saluant la présence sur la liste de Damien Carême, député européen sortant, en froid avec les Verts et ayant rejoint LFI. «Il faut sortir des logiques capitalistes, en Europe comme ailleurs, et lancer un plan ambitieux de bifurcation écologique : développement des énergies renouvelables, création d'un pôle public de l'énergie, interdiction des pesticides, changement de modèle agricole.»

Pour financer ces propositions, l'Insoumise compte «prendre l'argent où il est» en donnant comme exemple le milliardaire Français Bernard Arnault, PDG de LVMH. «À mesure que les Français s'appauvrissent, les riches, au contraire, ont des fortunes de plus en plus indécentes.»

Cette fois, l'oratrice salue les Soulèvements de la Terre et Extinction Rebellion et rend hommage aux activistes qui «ont subi un usage totalement disproportionné de la force publique à Sainte-Soline et ailleurs».

Tandis qu'elle considère que «le gouvernement sort l'artillerie lourde pour protéger les pollueurs», l'Insoumise n'a pas un mot pour les agents des forces de sécurité intérieure blessés lors des violents affrontements du 25 mars 2022 autour des retenues d'eau de substitution, rebaptisées «méga-bassines» par leurs opposants.

«L'Europe que nous désirons, nous ne la ferons pas seuls mais avec toutes les forces vives de ce pays : associations, collectifs, syndicats, Gilets jaunes et défenseurs de la nature qui rêvent d'un autre monde, que ce monde est possible et qui font tout pour qu'il advienne», conclut Valérie Jacq.

«Ils sont en train de tuer l'idée d'Europe !» alerte Alexis Corbière


«Il y a un enjeu dans cette élection qui aura lieu le 9 juin», martèle Alexis Corbière qui assume d'induire «une dimension nationale» durant la campagne des européennes. «Il n'y a pas deux mondes : celui qui casse les services publics en France, il les cassera aussi au niveau européen ! Celui qui est pour supprimer des droits pour les plus modestes en France, il les supprimera aussi au niveau européen.»

L'Insoumis critique le résultat de la construction européenne : «cette Europe souffle plus dans les voiles du discours nationaliste et xénophobe que de faire émerger l'idée internationaliste». «Ils sont en train de tuer l'idée d'Europe !»

Alexis Corbière rappelle le principe de «désobéir» à «certains traités» de l'Union européenne en cas de majorité au Parlement européen.

Des intentions de vote autour de 8%


Dans la mandature sortante, les six eurodéputés déjà emmené par Manon Aubry (en comptant Anne-Sophie Pelletier) siègent dans le groupe de la Gauche au Parlement européen (GUE/NGL). Ce groupe compte 37 membres parmi 705 parlementaires.

En 2019, la liste de Manon Aubry avait rassemblé 6,31% des suffrages exprimés. À six semaines du scrutin du 9 juin prochain, les intentions de vote sont stables et oscillent autour de 8%.

«Nous sommes pour la paix !»


«Nous avons le cœur du côté du peuple ukrainien agressé par Poutine», déclare Alexis Corbière, «nous pensons à ce qui se passe aussi au Yémen».

Depuis 2014, la guerre civile yéménite a fait plus de 370.000 morts parmi les civils, dont plus de 220.000 morts par malnutrition ou maladies, et 4 millions de personnes déplacées.

D'origine tribale, ce conflit entre rebelles Houthis et forces loyalistes s'est internationalisé en une lutte d'influence entre l'Iran chiite et l'Arabie saoudite sunnite.

Depuis l'attaque du Hamas contre l’État d'Israël du 7 octobre, les Houthis ciblent les navires de commerce naviguant dans le sud de la mer Rouge, là où transite 25% du commerce maritime mondial.

«J'ai la conviction, établie par des faits, que la France vend des armes à ceux qui frappent le peuple yéménite comme sans doute, actuellement, elle en vend aussi au gouvernement israélien», lance le député de la Seine-Saint-Denis sans plus de détail.

«Nous sommes pour la paix !», lance Alexis Corbière en enchaînant sur le sujet des politiques migratoires. «En 2023, il y a encore près de 2.500 personnes qui sont mortes en Méditerranée, dans des conditions terribles.»

«La dette est une construction idéologique pour nous faire peur»


L'Insoumis revient à la situation nationale et à sa critique de la politique d'Emmanuel Macron conduite depuis 2017 : «la dette est une construction idéologique pour nous faire peur ; (…) ce sont eux qui l'ont creusé, ce déficit».

Qualifiant Gabriel Attal de «petit-bourgeois», Alexis Corbière considère que «nous avons un gouvernement dans lequel il n'y a jamais eu autant de millionnaires, autant de gens aisés».

Le militant anticapitaliste revendique «une révolution fiscale» face à «200 milliards [d'euros] de crédits d'impôt» ainsi que «la baisse de la fiscalité des entreprises».

La règle des 3% où le coup de comm' de François Mitterrand


Le député de la Seine-Saint-Denis fait de l'histoire économique en rappelant l'origine du critère de 3% du produit intérieur brut pour le déficit public de l’État : «ça n'a aucune valeur».

Sollicité en mai 1981 par le président de la République François Mitterrand, Guy Abeille, alors jeune diplômé de l'École nationale de la statistique et de l'administration économique, a proposé de retenir le ratio du déficit rapporté au PIB, alors 2,6%, arrondi à 3% pour des raisons symboliques, donc tenant plus de la communication que de l'économie.

Au moment du Traité de Maastricht, en 1992, les Français Jean-Claude Trichet et Jacques Delors étaient respectivement directeur du Trésor et président de la Commission européenne. L'instrument de communication mitterrandien faisant son chemin, il a été inscrit dans le Traité. S'est ajouté également le ratio d'une dette publique devant rester inférieure à 60% du PIB.

La smicardisation des jeunes enseignants


«La République, c'est l'école publique, gratuite, laïque et obligatoire», martèle Alexis Corbière pour exemplifier la baisse de dépenses publiques attendue par le gouvernement.

«Dans les années 80, quand vous commenciez [le métier d'enseignant], la rémunération était comparable à 2,3 fois le SMIC ; aujourd'hui, les enseignants commencent à 1,2 SMIC», assène l'Insoumis.

«Dans les années 80, il y avait dans chaque collège 23,5 élèves en moyenne par classe ; aujourd'hui, il y en a 25,6. Il y avait dans les lycées 27 élèves en moyenne par classe ; aujourd'hui, il y en a 30», développe-t-il en s'appuyant sur les travaux de l'économiste Lucas Chancel, publiés en 2022. «Depuis qu'Emmanuel Macron est en place, ils ont supprimé 9.000 postes en collèges, 12.000 écoles publiques ont été fermées depuis 2017.»

«Il y a une situation de dégradation de l'école publique qui amène à ce que le taux de remplacement, qui était de 2,3% de non-remplacement lorsque qu'Emmanuel Macron est arrivé, six ans après, on est à près de 6% de non-remplacement», ajoute-t-il. Et de dénoncer : «il y a clairement une volonté de casser l'école publique».

Selon un rapport de l’Éducation nationale datant de 2022, dans le secteur public, le nombre d'enseignants auprès des élèves a augmenté de 1,6% entre la rentrée 2015 et la rentrée 2021.

Alors que le budget 2024 prévoyait une diminution de 2.193 enseignants, le Premier ministre a annoncé, le 21 décembre dernier, 650 suppressions de postes dans le premier degré et 574 créations dans le second degré soit un solde net de 76 postes alors que les effectifs scolaires sont attendus en baisse de 83.000 élèves pour la prochaine année scolaire.

La contestation du «tri social» des élèves


«Des bons, des moyens, des moins bons.» Alexis Cobière conteste la mesure des «groupe de niveaux» issus du «choc des savoirs» voulu par Gabriel Attal et devant être mise en place à la rentrée de septembre 2024 ainsi que le principe d'un accès au lycée conditionné à l'obtention du diplôme national du brevet dont le taux de réussite avoisine 86%. «14% de nos gamins ne pourront plus accéder au lycée», calcule l'Insoumis.

Le député de la Seine-Saint-Denis considère qu'il s'agit de mesures de «tri social» des élèves.

«[Gabriel Attal] casse l'enseignement professionnel», poursuit Alexis Corbière à propos de la réforme mise en œuvre depuis septembre 2023, reprochant en particulier «la suppression» de six semaines de cours fondamentaux pour réaliser des stages en entreprise.

«L'objectif est d'amener progressivement les enfants des milieux populaires à sortir du lycée et à les amener vers des formations professionnelles dégradées», analyse-t-il. «Je suis un défenseur de la formation professionnelle. Aujourd'hui, la classe ouvrière a besoin d'être hautement qualifiée, a besoin d'avoir une maîtrise professionnelle mais aussi des connaissances générales.»

Considérant qu'une telle formation est «utile» dans le «rapport conflictuel» avec l'employeur, Alexis Corbière voit là «un enjeu social et politique très important».

La nouvelle réforme de l'assurance-chômage, «de l'idéologie pure»


Autre grief avec la politique d'Emmanuel Macron, la nouvelle réforme de l'assurance-chômage en cours de réflexion : «depuis 2021, un quart des chômeurs a perdu 10% de son indemnité. Le niveau moyen des indemnités a baissé de 17%. (…) Seulement 42% des inscrits sont indemnisés. (…) L'allocation moyenne est de 1.033 euros. 45% des allocataires sont sous le seuil de pauvreté, c'est deux fois plus qu'en 2019».

«C'est de l'idéologie pure qui vise à faire passer le message que, s'il y a des chômeurs encore dans ce pays, c'est parce qu'ils sont trop grassement installés dans la situation de confort que leur offre l'assurance-chômage», fustige Alexis Corbière. «Cela participe à la pression des salaires vers le bas.»

«Nul fanatisme», exhorte Alexis Corbière au sujet des violences concernant l'environnement scolaire avant de déplorer notamment la diminution du nombre d'assistants d'éducation (lire notre article).

«Emmanuel Macron valide totalement ce que fait Madame Le Pen»


«Vous voulez augmenter le SMIC ? (…) [Jordan Bardella] est contre !», relève Alexis Corbière au moment de critiquer le programme de son rival du Rassemblement national, également «contre le rétablissement de l'ISF».

En revanche, «l'uniforme à l'école, (…) c'est dans le programme de Jordan Bardella».

«Pour la première fois depuis 1945, la possibilité existe que l'extrême-droite prenne le pouvoir en 2027», alerte l'Insoumis au regard de la popularité de Marine Le Pen (RN).

«Une énergie de colère et de volonté de changement traverse la société, parfois reprenant nos idéaux de solidarité, de refus du saccage de la planète, d'aspiration à la démocratie, et peut parfois être captée par ceux qui considèrent que c'est l'étranger, l'immigré, le migrant, les profiteurs», développe Alexis Corbière.

«En 1983, à une des premières élections où le Front national est apparu, à Dreux, à des élections municipales, il y a eu un accord entre le RPR et le Front national et Jacques Chirac avait dit qu'il approuvait cette alliance, y compris Alain Juppé», rappelle l'Insoumis (retrouver l'article de Libération). «Ces gens-là, pour défendre leurs intérêts électoraux, s'il le faut, passeront alliance avec l'extrême-droite.»

«Il va de soi que, ce qui est le macronisme est dans cette dynamique. (…) Je ne mets pas un signe égal entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron mais je dis que l'histoire nous apprend que la dynamique politique dans laquelle Emmanuel Macron, aujourd'hui, agit, croyant dans son esprit récupérer un électorat du Front national et validant toutes les analyses de l'extrême-droite, (…) valide totalement ce que fait Madame Le Pen. Sarko a essayé en 2007, (…) a fait une élection où il a parlé comme Jean-Marie Le Pen, ça a marché un moment, Marine Le Pen est revenue encore plus fort en 2012, 2017, 2022. la dynamique est là», analyse-t-il.

«Face à ça, il y a un enjeu à ce que nous incarnions, nous construisions, nous rassemblions une force sociale, populaire, écologique, démocratique», envisage l'Insoumis.

«L'unité se joue dans ce qui sort des urnes»


Dans la foulée, celui qui se revendique comme «un vieux mélenchoniste» entend capitaliser sur feu la NUPES en considérant que La France insoumise reste «une force significative» et continue à «marcher devant l'ensemble des listes».

L'orateur appelle à ce que le scrutin pourrait conduise à «une clarification» afin d'éviter que «la gauche se divise», division qui entraînerait la «victoire» du Rassemblement national : «il faut créer les conditions que l'unité doit rester possible. (…) Ce n'est pas hors de portée mais cela se joue dans ce qui sort des urnes.»

«Il y a un programme dans ce pays, j'en connais aucune autre ces dernières décennies qui rassemble toutes les composantes de la gauche», déclare Alexis Corbière à propos de «L'Avenir en commun», porté par Jean-Luc Mélenchon depuis 2017 et amendé notamment lors de l'accord de la NUPES. «Un programme qui rassemble du NPA d'Olivier Besancenot jusqu'au Parti socialiste est un objet précieux dans la période.»

«En votant Manon Aubry, vous donnez du poids à ce discours», conclut-il, «nous pouvons envoyer un signal de victoire pour la suite».

«Pas de réponse immédiate» à l'intégration de l'Ukraine


Suit un temps d'échanges qui débute par une question sur l'élargissement de l'Union européenne ce qui amène les Insoumis à se positionner sur l'intégration de l'Ukraine.

Arash Saeidi revendique «un discours de vérité» : «aujourd'hui, les conditions ne sont pas réunies pour que l'on puisse intégrer l'Ukraine dans l'Union européenne».

Tout en concédant qu'«il n'y a pas de réponse immédiate», Alexis Corbière se veut plus nuancé et appelle à tirer un bilan de l'élargissement.

«Je suis pour le rassemblement même avec ceux qui ont divisé», confirme Alexis Corbière


Concernant l'«après-Macron», un militant regrette l'absence d'une liste de la NUPES aux européennes, anticipe «la petite musique» de l'appel au front républicain face au Rassemblement national en vue de 2027 ainsi que l'organisation de «primaires de la gauche» mais sans Jean-Luc Mélenchon.

«Tous ceux qui, à gauche, veulent contourner ou enterrer le candidat de gauche qui a fait 22% alors que les trois autres ont fait moins de 5% [à la présidentielle de 2022], c'est contribuer consciemment ou inconsciemment à, déjà, installer Madame Le Pen au pouvoir», analyse ce militant, très applaudi.

«Je suis pour le rassemblement même avec ceux qui ont divisé», confirme Alexis Corbière, auteur en 2016 du «Piège des primaires» (éditions du Cerf), tout aussi applaudi. «Je souhaite que nous continuions travailler à l'unité.»

«Je n'ai aucune illusion sur les directions des partis politiques. C'est la nécessité politique qui impose les choses. (…) Il y a un programme qui nous rassemble», insiste-t-il, «il faut répartir les richesses différemment, il faut répondre à l'urgence sociale et il faut engager une rupture avec la Vème République.»

«L'élection présidentielle est un poison politique pour les gens de ma tradition : la personnalisation, le bonapartisme. (…) Il ne faut pas que la question de la personne soit l'obstacle à l'unité. (…) Ça marche dans les deux sens. Je pense que ce qu'il y a de plus dynamique, c'est ce qui porte notre programme et la continuité Insoumise. (…) Ce qui me dérange dans le succès de Raphaël Glucksmann, c'est qu'il est le plus anti-NUPES. (…) On est sur une ligne de crête. (…) En 2017, la primaire était un piège. Benoît Hamon, élu en rupture avec le bilan d'Hollande, même lui se fait écraser car vécu, aux yeux des gens comme le produit du hollandisme. La force de Jean-Luc Mélenchon, c'est qu'il était à distance. (…) Les conditions politiques ont un peu changé aujourd'hui. On fait la NUPES. C'est bien la preuve qu'en 2022, et je considère que ce sera le cas aussi en 2027, il y a encore une colère anti-PS dans le pays, c'est plus percutant électoralement si on arrive à se rassembler. (…) Ce qu'on vit actuellement est inédit. (…) Si vous donnez de la force à la liste Manon Aubry, vous colorez cette discussion d'une certaine manière», développe Alexis Corbière.

Le médiatique député, écarté de la direction de La France insoumise en 2022, au profit de Manuel Bompard, semble donc prioriser le programme validé lors de l'accord de la NUPES comme pivot d'une future «unité» plutôt que la personne de Jean-Luc Mélenchon comme incarnation en vue de la présidentielle de 2027.

«Je ne sais pas si ce sera Jean-Luc Mélenchon le candidat», déclare Arash Saeidi


«Construisons le véhicule unitaire, on trouvera bien quelqu'un pour prendre la tête de ce véhicule», abonde Arash Saeidi, «je ne sais pas si ce sera Jean-Luc Mélenchon le candidat ; en tout cas, il faudra que Jean-Luc Mélenchon puisse soutenir le candidat qui sortirait d'une primaire ou d'un autre mode de désignation». «Ça fait quand même deux élections que c'est le seul candidat de gauche à faire plus de 6,37%. Donc, ce serait quand même difficile de se passer de lui, il va falloir qu'il soit là. Ça ne peut pas être lui tout seul.»

Cependant, Dominique Guidoni-Stoltz rappelle aux intervenants la notoriété de Jean-Luc Mélenchon dans les quartiers populaires : «les élections européennes, ils ne les connaissent pas, Manon Aubry, il ne la connaisse pas, on est là pour porter la liste, ce qu'ils connaissent, c'est Jean-Luc Mélenchon et l'espoir que ça a représenté pour une gauche de rupture, radicale, pour leur quotidien».

«Il y a une guerre de classes au sein même de l'agriculture», estime Valérie Jacq


Un soutien de la Confédération paysanne interroge les orateurs sur «la sécurité sociale de l'alimentation» défendue par ce syndicat agricole.

«L'écologie populaire, c'est subventionner la rénovation énergétique, (…) faire en sorte qu'il y ait des trains», répond Arash Saeidi. «L'agriculture, c'est le même problème. Il ne faut pas culpabiliser l'agriculteur. (…) Oui, il faut interdire le glyphosate mais pas comme on a essayé de le faire, du jour au lendemain, sans aucun accompagnement. (…) Il faut accompagner aussi les agriculteurs dans cette transition. (…) Je voudrais une PAC qui serait plus indexée sur le nombre de salariés et sur l'empreinte écologique plutôt que sur le nombre d'hectares.»

«Il y a une guerre de classes au sein même de l'agriculture», estime Valérie Jacq, «il n'y a rien à voir entre un paysan et le patron de la FNSEA». «Il faut changer les règles de la PAC pour qu'elle ne bénéficie pas qu'aux grands agriculteurs.»

La réunion menée sur un rythme soutenu se termine par un verre de l'amitié ainsi qu'une collecte pour financer la campagne électorale.

Jean-Christophe Tardivon

«La laïcité, ce n'est pas l'anticléricalisme d’État», déclare Alexis Corbière










































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