«On a besoin de cinq ans de plus» pour «bâtir cette puissance européenne», a déclaré la tête de liste de la majorité présidentielle, ce samedi 6 avril, à Dijon, tandis que les orateurs qui l'ont précédée ont beaucoup joué en défense, recourant au bilan pour mobiliser les militants.
La tête de liste de la majorité présidentielle aux élections européennes a fait étape à Dijon, ce samedi 6 avril 2024. À l'issue de l'assemblée générale du bureau départemental de la Côte-d'Or de Renaissance qui se tenait dans une salle de spectacles, Valérie Hayer a prononcé un discours pour mobiliser les militants.
Une centaine de personnes étaient présentes dont de nombreux élus de la Côte-d'Or et de la Saône-et-Loire : les députés Benoît Bordat (FP), Louis Margueritte (REN), Didier Martin (REN), Didier Paris (REN) et Rémy Rebeyrotte (TDP) ainsi que la conseillère communautaire du Creusot-Montceau Jeanne-Danielle Picard (TDP).
Des élus dijonnais allant d'Horizons à la Fédération progressiste
Parmi les élus dijonnais, ont assisté à la réunion notamment Nadjoua Belhadef (PS, FP), Stéphane Chevalier (HOR), François Deseille (Modem), Caroline Jacquemard (sans étiquette), Marie-Hélène Juilliard-Randrian (Modem), Georges Mezui (TDP), Jean-Philippe Morel (PR), Lydie Pfander-Meny (PR), Ludovic Rochette (HOR), Françoise Tenenbaum (PS, FP) et Henri-Bénigne de Vrégille (HOR).
François Rebsamen a participé à une déambulation en amont de la réunion mais n'a pu poursuivre en raison d'un «engagement pris de longue date». Ont également été excusés la ministre Fadila Khattabi pour «raisons personnelles» et le député Philippe Frei pour d'«autres occupations plus sportives».
L'UDI a rejoint la liste de Valérie Hayer
La fédération départementale de la Côte-d'Or de l'UDI est venue en nombre : Franck Ayache, Ludovic Bonnot et Pascal Grappin ont applaudi celle qui a été membre du parti centriste avant 2017.
Le 23 mars dernier, l'UDI a acté «un rapprochement avec celles et ceux qui partagent notre idéal européen» alors que, en 2019, elle avait mené sa propre liste sans obtenir de siège.
Laurent Baumann fustige «ceux qui tik-tokent sans jamais siéger»
«Nous avons, plus que jamais, besoin d'Europe», lance Laurent Baumann, premier orateur, «une Europe souveraine, puissante, prospère et plus protectrice de nos droits et de nos valeurs».
Le président du bureau départemental de la Côte-d'Or de Renaissance défend le bilan des députés européens sortant de Renew et fustige «ceux qui tik-tokent sans jamais siéger». Une pique visant Jordan Bardella (RN) qui est d'emblée applaudie par l'assistance.
«Croire en l'Europe, c'est d'abord notre spécificité», martèle Ambroise Méjean
Au-delà de l'anniversaire de Valérie Hayer, Ambroise Méjean, président des Jeunes avec Macron, choisit de célébrer également l'anniversaire du lancement du mouvement d'Emmanuel Macron, alors appelé En Marche, le 6 avril 2016, à Amiens, en vue de la présidentielle de 2017.
«Nous n'avons pas cessé de croire en l'Europe et c'est d'abord notre spécificité», martèle le JAM qui salue le travail au Parlement européen de Christophe Grudler «sur l'énergie» et de Jérémy Decercle «sur l'agriculture».
L'orateur insiste sur l'enjeu de la participation aux élections européennes et sur le fait de commencer par mobiliser ceux qui ont voté pour Emmanuel Macron lors de la présidentielle de 2022.
Ambroise Méjean pointe les «incohérences» du RN et les «mensonges» de LFI
Ambroise Méjean poursuit en critiquant les «incohérences» du Rassemblement national, notamment sur «la réforme du marché de l'énergie», et les «mensonges» de La France insoumise, notamment sur le soutien à l'Ukraine face à la Russie.
«On ne peut pas se revendiquer pro-européen quand on a soutenu Jean-Luc Mélenchon au poste de Premier ministre, ça n'existe pas», lance-t-il à l'encontre des anciens partisans de la NUPES. «Il ne soutient pas l'Ukraine, il est proche de Vladimir Poutine dans toutes ses approches diplomatiques.»
François Patriat défend le bilan d'Emmanuel Macron
À son tour, le sénateur François Patriat (REN) rappelle l'enjeu de la participation en allant «convaincre» les indécis. «Si nous rassemblons déjà notre socle, nous passons déjà les 20% et largement», analyse-t-il.
Pour cela, le Marcheur de la première heure compte sur «les qualités personnelles de Valérie [Hayer]» : «son authenticité, sa simplicité, son engagement, son travail». Et de rappeler qu'elle préside le groupe Renew Europe, fort de 101 membres sur 705 députés européens dans la mandature qui s'achève, «groupe le plus influent au Parlement européen».
«L'avenir de ce pays passe par l'Europe», enchaîne le Marcheur de la première heure qui, lui aussi, défend le bilan du groupe et alerte sur «ceux qui veulent faire régresser l'Europe». «On vit une heure tragique, le pire est devant nous. On vit une montée des extrême-droites partout, une Europe divisée face à l'Ukraine et des aléas climato-politiques aux États-Unis.»
Le sénateur relève plusieurs défi auxquels est confrontée l'Union européenne – la guerre, le terrorisme, le changement climatique, le numérique, l'emploi, les migrations – et incite les militants à commencer par «rappeler» le bilan d'Emmanuel Macron depuis 2017, de la réponse aux Gilets jaunes au bouclier tarifaire en passant par le «quoiqu'il en coûte» de la crise sanitaire.
Christophe Grudler défend l'accord de libre-échange avec le Canada
«Si vous voulez plus de France, il faut plus d'Europe», abonde le député européen sortant Christophe Grudler (Modem), incitant à «se protéger ensemble» dans «un monde globalisé».
Christophe Grudler poursuit sur le thème du bilan en notant que 750 millions d'euros de fonds européens structurels contribueront au développement économique de la Bourgogne-Franche-Comté sur la période 2021-2027. Des fonds gérés par le conseil régional.
Le député européen ajoute qu'une trentaine d'appellations géographiques sont «protégées au niveau international». Il poursuit sur une pente glissante cette fois en évoquant les accords internationaux de libre-échange : celui avec le Mercosur que le groupe n'a pas validé et celui avec le Canada, qualifié de «très bon accord de commerce» puisqu'ayant permis «+35% d'échanges commerciaux positifs» dont «des débouchés pour nos viticulteurs et notre agriculture».
En matière d'énergie, Christophe Grudler note que «la Bourgogne-Franche-Comté a capté 20% des financements nationaux validés par Bruxelles» pour le développement de la filière hydrogène, soit près de 700 millions d'euros.
Jérémy Decerle défend le Green Deal
«On s'est battu pour maintenir un budget conséquent pour la politique agricole commune», déclare Jérémy Decerle (REN), député européen sortant et agriculteur en Saône-et-Loire, «sans accompagnement, les agriculteurs et agricultrices de notre territoire et de toute l'Europe ne pourraient pas nous servir les produits qu'ils produisent aujourd'hui».
«Nous faisons le choix de protéger l'agriculture et l'alimentation qui est la plus belle, la plus sécurisée et la plus saine du monde», insiste-t-il, «nous devons en être fier».
«La stratégie du
Green Deal a la volonté de trouver un équilibre entre les agricultures d'Europe sur le plan des pesticides, de l'accompagnement vers une alimentation avec une certaine proximité entre la production et la consommation et la volonté d'avancer sur l'innovation avec les nouvelles techniques génomiques», développe Jérémy Decerle.
Le député européen sortant cible ensuite les élus français des Républicains qui siègent dans le groupe du PPE : «le PPE est majoritaire dans toutes les institutions européennes depuis plus de 20 ans ; ils doivent avoir une petite part de responsabilité dans la crise agricole».
«On a besoin de cinq ans de plus !» lance Valérie Hayer
«On a un bilan extraordinaire depuis 2019», revendique à son tour Valérie Hayer qui relève «l'engagement européen» d'Emmanuel Macron depuis son élection à la présidence de la République.
Instauration d'une taxe carbone aux frontières extérieures de l'Union européenne, régulation des géants du numérique, maintien du budget de la politique agricole commune, lancement d'un plan de transition énergétique, mise en place d'une banque européenne du climat, lutte contre le travail détaché, protection des droits des femmes, instauration d'un salaire minimum européen... «on l'a fait !» martèle la députée européenne sortante en listant des items soigneusement choisis.
«On a besoin de cinq ans de plus !» lance-t-elle aux militants qui applaudissent. «Comment on crée les conditions pour pouvoir décider par nous-mêmes de ne pas se faire imposer notre agenda par des puissances extérieures a encore plus de poids aujourd'hui !»
«Il faut bâtir cette puissance européenne», insiste la tête de liste en songeant aux enjeux de défense, de compétitivité économique et de modèle démocratique.
Valérie Hayer fustige ceux qui sont «Européens avec des ''mais''»
Après avoir un temps mis en avant la proximité idéologique avec les députés européens sortants conduits par Raphaël Glucksmann, Valérie Hayer a dû observer de près l'évolution des intentions de vote. Celles qui la concerne sont atones autour de 20%, voire avec une légère tendance baissière vers 18%, quand Raphaël Glucksmann semble avoir crée une dynamique au gré des premiers débats télévisés, passant d'une oscillation autour de 10% à une tendance haussière vers 12%, mordant sur La France insoumise et la majorité présidentielle.
Valérie Hayer fustige donc ceux qui sont «Européens avec des ''mais''» : «on est pragmatique, on est responsable et on est porteurs de solutions, cela fait une grande différence avec toutes nos oppositions». Et de prendre pour exemple la mise en place du plan de relance européen pendant la crise sanitaire – «il n'y avait pas une opposition française pour soutenir le plan de relance» – et la lutte contre l'immigration illégale.
Vote du paquet Asile et immigration le 10 avril
«On a enfin un paquet de textes qui vont permettre d'apporter des réponses pragmatiques au défi migratoire, avec humanité et fermeté», expose-t-elle alors que le vote final du paquet Asile et immigration aura lieu le 10 avril prochain. «Dans deux ans, vous n'avez plus de jungle de Calais, vous n'avez plus, malheureusement, des centaines de morts au milieu de la Méditerranée.»
«Que font les oppositions ? Aucune de nos oppositions ne soutiendra le texte. À gauche, parce qu'on fait des leçons de morale, en pleine incantation et absolue inaction. À droite, parce que brutalité, et à l'extrême-droite encore plus, parce que les enjeux migratoires sont un enjeu électoral», analyse-t-elle.
Le groupe Renew Europe vu comme un faiseur de majorité
«C'est parce qu'on est le troisième groupe au Parlement européen que l'on pèse», revendique Valérie Hayer qui se projette dans des rapports de force durant la prochaine mandature similaires à ceux de la mandature qui s'achèvent. «Il n'y a pas de majorité qui se fait sans nous au Parlement européen.»
«Voter Glucksmann ou Bellamy, demain, ça rapporte zéro», clame-t-elle à la grande satisfaction des militants avant de conclure «Voter Hayer, Decerle, Grudler, c'est le seul vote efficace pro-européen qui soit !»
Une «Ode à la joie» qui gagne à être connue
La réunion se termine par une «Marseillaise» entamée avec ferveur par toute l'assistance et une «Ode à la joie» – hymne européen – vaguement fredonnée.
Si le retour de la tête de liste pour un meeting à Dijon paraît peu probable, les députés européens ancrés en Bourgogne-Franche-Comté envisagent déjà la tenue d'une réunion publique après le dévoilement complet de la liste.
Jean-Christophe Tardivon