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05/06/2021 18:52

RÉGIONALES : «Il faut que l'on renoue avec les racines locales qui mènent jusqu'au patriotisme», déclare Gilles Platret

Le candidat aux régionales en Bourgogne-Franche-Comté était en déplacement en Côte-d'Or ce samedi 5 juin. Sur le marché des Halles de Dijon, Gilles Platret a échangé avec des commerçants et répondu à un interlocuteur sur la présence du loup en Saône-et-Loire. L'élu des Républicains demande à Marine Le Pen une «clarification» à propos des propos prêtés à Julien Odoul.
«On est à la rencontre des Dijonnais, des commerçants», explique Gilles Platret à l'issue de sa déambulation autour des halles centrales de Dijon puis à l'intérieur du marché ce samedi 5 juin 2021.

«Dans notre programme, on a un vrai axe de soutien aux petits commerces», souligne celui qui, même durant son audition par le Medef de Bourgogne-Franche-Comté a abordé la question des indépendants (lire notre article).

«Le marché des Halles est un lieu fondamental à Dijon»


Dans une journée organisée par François-Xavier Dugourd (LR), numéro un de la section départementale de Côte-d'Or, Gilles Platret est allé à la rencontre des commerçants sous les halles, guidé par sa colistière Laurence Gerbet (Nouveau Centre).

«On souhaite promouvoir la qualité alimentaire et nos producteurs, nos agriculteurs du terrain», signale François-Xavier Dugourd. «Le marché des Halles est un lieu fondamental à Dijon, c'est un lieu de vie, c'est un lieu de services», ajoute celui qui est également candidat aux départementales sur le canton Dijon 1, englobant le quartier des Halles.

«C'est le moment d'accélérer»


Neuf mois après le début d'une campagne perturbée par la crise sanitaire, quinze jours avant le premier tour, le projet est distribué dans les boîtes aux lettres. Le document est édité à 1,5 million d'exemplaires. «On présente des éditions particulières selon les secteurs où les gens vont recevoir ce projet», signale le candidat. En effet, l'équipe de campagne diffuse notamment une «édition spéciale» concernant la métropole de Dijon (retrouver notre reportage).

«On a une volonté d'aller à la rencontre des gens. On est à quinze jours du premier tour. C'est maintenant que nos concitoyens commencent vraiment à s'intéresser à la campagne. Le Covid, le confinement, le souci des uns et des autres, l'enjeu électoral était passé en dehors. C'est le moment où il faut que l'on accélère. On est sur un rythme de croisière, on a fait du boulot depuis septembre, c'est le moment d'accélérer», analyse Gilles Platret.

«Le loup n'a pas sa place dans les zones d'élevage en Bourgogne et Franche-Comté»


Durant la déambulation sous le marché, Fabien Robert, président de Combactive, président de l'association de défense de la cause animale, et colistier de Stéphanie Modde est allé à la rencontre de Gilles Platret pour évoquer la colonisation du loup en Bourgogne. «Je suis à votre disposition pour en discuter après, on ne sera peut-être pas d'accord sur tout mais qu'il y ait un débat, ça me va bien», a répondu Gilles Platret.

Le candidat assume son image «anti-loup» et met en avant son travail ayant conduit à la rédaction du livre «Les loups dans l'histoire de Bourgogne» (Les voix des siècles, 2007) : «Je ne suis pas pour l'élimination du loup sur la surface de la Terre, je veux juste qu'on arrive à comprendre que c'est un animal expansif, qui est au-dessus de l'échelle de prédation. Si on n'arrive pas à le réguler sévèrement dans les zones d'élevage, on n'arrivera jamais à une cohabitation. J'ai bien senti que ce que mon interlocuteur – que je ne connais pas mais que je respecte bien sûr – essayait de me dire, c'est qu'il y avait sans doute un moyen terme à trouver pour que tout le monde vive dans l'harmonie. Ça, peut-être qu'on le croit dans l'Arche de Noé, ou dans le monde des Bisounours, mais ça n'existe pas. Le loup, on le voit bien en ce moment, on a des attaques énormes en Saône-et-Loire, est, par définition, un animal qui veut dominer son espace. Il ne peut pas y avoir de coexistence quand vous avez des zones d'élevage et des loups».

«Il faut que les loups puissent exister (…) mais il faut que l'on sanctuarise les zones d'élevage, sinon on aura des familles qui finiront par renoncer à l'élevage parce que des troupeaux sont systématiquement attaqués. Ça dure depuis un mois dans la région de Cluny ! Un seul loup est capable, pendant des nuits et des nuits, d'attaquer systématiquement les troupeaux, d'en dévorer une partie, d'en abîmer une très grande partie. Il ne fait pas ça pour se nourrir. C'est un animal qui tue parce que c'est dans sa nature de tuer. Donc les troupeaux continueront d'être massacrés si on ne régule pas sévèrement ces zones. (…) Le loup n'a pas sa place dans les zones d'élevage en Bourgogne et Franche-Comté», développe-t-il.

«La réglementation européenne n'interdit pas de faire des prélèvements lorsque les loups deviennent un peu trop présents. Il faut qu'on la fasse bouger un peu. Cette réglementation européenne est adaptée à une période où les loups étaient peu nombreux. Aujourd'hui, il y a une expansion. Je ne crois pas une seule seconde qu'il y ait que 500 loups en France. C'est du pipeau pour essayer de calmer le jeu. Il y a beaucoup plus de loups en France, ils sont en train de se répandre. Ils prospectent, y compris sur l'ouest, on en a vu en Bretagne il n'y a pas très longtemps. Par définition, il colonise l'espace. (…) Demain, je plaiderai avec d'autres présidents de Région qui sont confrontés au même problème à ce que la réglementation se durcisse», annonce Gilles Platret.

Gilles Platret interpelle Marine Le Pen à propos de Julien Odoul


Le sujet de l'élevage mène aux questions agricoles qui enchaînent avec la polémique autour des propos prêtés au candidat du Rassemblement National, Julien Odoul, sur le suicide des agriculteurs. «Nous qui côtoyons ce sinistre individu depuis bientôt six ans au conseil régional, on n'est absolument pas surpris de ce que l'on apprend», partage Gilles Platret.

«C'est quelqu'un qui a un mépris profond pour tous ses contemporains. Ceux qui en parlent le mieux, ce sont ses colistiers puisqu'une certaine partie d'entre eux appellent à ne pas voter pour la liste précisément parce qu'ils connaissent le personnage. Ils pensent comme nous que ce serait une catastrophe que Monsieur Odoul soit président», indique Gilles Platret en référence notamment au Côte-d'Orien Franck Gaillard, conseiller régional sortant et mécontent de sa place sur la liste actuelle.

«Il faut que la vérité soit faite sur ce personnage. On ne peut pas aujourd'hui jouer avec le destin de centaines de milliers d'habitants qui vont être représentés par quelqu'un comme ça. Quand vous êtes capable de faire des blagues sur le suicide de ceux que, devant les micros vous prétendez défendre, alors vous n'êtes pas digne d'exercer des fonctions, vous n'êtes pas digne de représenter toute une population quelque soit d'ailleurs ses opinions. J'ai interpellé Marine Le Pen hier. Ce n'est pas le Front National qui est en jeu, c'est Monsieur Odoul qui est en jeu. Donc il faut que cette famille politique qui, paraît-il, est si attachée à s'acheter une responsabilité politique comprennent que ces gens-là n'ont rien à faire dans le débat public. J'attends vraiment de Madame Le Pen une clarification par rapport à ça», assène Gilles Platret.

Ce samedi, Julien Odoul a annoncé déposer une plaine en diffamation contre Libération qui a publié un article portant sur les propos attribués à Julien Odoul. En réaction, le journal a rendu public l'extrait sonore à la base de l'article.

«L'amour de la France passe par l'amour de la localité»


La suite de la journée de campagne est prévue à Is-sur-Tille pour une rencontre avec des maires puis dans le Châtillonnais pour aborder la culture en conduisant l'équipe de campagne au mont Lassois, là où a été découvert le «trésor de Vix». «C'est une des richesses de la Côte-d'Or et de la Bourgogne-Franche-Comté», souligne François-Xavier Dugourd, «il n'est pas suffisamment valorisé donc on a un travail à faire de promotion».

«On a un vrai axe dans notre projet de défense du patrimoine, c'est aussi la façon de défendre nos racines», insiste Gilles Platret. Le candidat fait le lien entre la promotion du tourisme culturel et une identité régionale : «Nos racines archéologiques, historiques  sont un formidable levier de développement [de l'aménagement du territoire] pour demain. (…) Ce site n'en est qu'au début de son exploration, c'est ça qui est extraordinaire. Il est exploré depuis longtemps mais on le connaît encore très peu. (…) Il y a une vocation archéologique très forte dans ce secteur-là donc je vais rencontrer les acteurs. (…) Typiquement, si on est élu demain, les lycéens se verront proposer la possibilité de faire un voyage sur les sites emblématiques de Bourgogne et de Franche-Comté. Je veux que les jeunes deviennent les ambassadeurs de leur région. Pour ça, il faut les sortir du milieu dans lequel ils sont, des origines multiples qui peuvent être les leurs et on les enracine par la découverte de ce qui constitue l'identité de la Bourgogne et de la Franche-Comté. Je reste convaincu, comme l'étaient les instituteurs de la Troisième République que l'amour de la France passe par l'amour de la localité. (…) Il faut que l'on renoue avec [les] racines locales qui mènent jusqu'au patriotisme».

Jean-Christophe Tardivon