«On agit pour que les conditions d'accueil des lycéens et les conditions de travail soient les plus sécurisantes et inclusives», a déclaré, ce dimanche 15 octobre, l'élue régionale Océane Godard, en réaction à l'assassinat de Dominique Bernard.
Le 13 octobre dernier, Dominique Bernard, professeur de français au lycée Gambetta à Arras (Pas-de-Calais) a été tué lors d'une attaque terroriste islamiste. Trois autres personnes de la communauté éducative ont été blessées.
Le drame a suscité une profonde émotion dans toute la France. Le ministre de l’Éducation national a instauré un temps d'échanges et de recueillement, ce lundi 16 octobre, jour déjà prévu pour commémorer l'assassinat d'un autre enseignant, Samuel Paty.
Les enseignants pourront échanger entre eux de 8 heures à 10 heures. Une minute de silence aura lieu à 14 heures (
lire le communiqué).
Accueil des lycéens à partir de 8 heures ce lundi
En Bourgogne-Franche-Comté, les lycéens pourront être accueillis dans les établissements dès 8 heures, ainsi que l'a signalé, ce dimanche 15 octobre 2023, Océane Godard (PS), vice-présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté chargée notamment des lycées, en répondant aux questions d'
Infos Dijon.
Du fait de la décentralisation, les bâtiments des écoles sont propriétés des communes, ceux des collèges des Départements et ceux des lycées des Régions. Les collectivités ont la charge de tout ce qui n'est pas pédagogique.
«L'école de la République est un rempart à l'obscurantisme»
Quelle est votre réaction à l'attaque survenue dans le lycée à Arras ?
«La réaction est un sentiment d'effroi, de tristesse et de colère.»
«C'est une attaque terroriste inqualifiable qui a été commise au cœur d'un établissement scolaire qui incarne les valeurs républicaines : l'enseignement de la liberté d'expression, l'esprit critique, l'émancipation par la culture, l'enseignement de la tolérance, la laïcité... C'est l'école de la République qui est un rempart à l'obscurantisme.»
«On pense à l'enseignant qui a été tué, Monsieur Dominique Bernard, qui portait cette mission que la République lui avait confiée, à sa famille, à ses collègues, et à l'ensemble de la communauté éducative.»
«Je voudrais avoir une pensée pour les élèves. Je le mesure en tant que vice-présidente mais aussi en tant que femme et maman. Je pense à la considération et aussi au temps qu'il est nécessaire de prendre pour permettre aux élèves de s'exprimer afin de libérer la parole et les émotions. Cela me semble indispensable.»
La Région investit un million d'euros par an pour la citoyenneté dans les lycées
«J'ai été extrêmement reconnaissante à l'égard de ce qui a été entrepris par le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal, en lien avec Carole Delga (PS), présidente de Régions de France, pour organiser la journée de demain et le temps de recueillement.»
«Ces moments-là sont très importants pour permette aux écoliers, collégiens et lycéens de pouvoir s'exprimer et que le mots recouvrent l'horreur du réel.»
«Dans une autre mesure, c'est ce qu'on participe à faire au niveau de la Région quand, chaque année, on investit plus d'un million d'euros pour participer à créer les conditions dans les établissements de mener à bien des événements sur la citoyenneté, la lutte contre les discriminations, les événements culturels et les voyages scolaires.»
Un plan de sécurisation des lycées de deux millions d'euros par an
Comment la Région s'implique-t-elle pour sécuriser les lycées ?
«Évidemment, il est de notre devoir de faire bloc collectivement à la fois pour rassurer, protéger accompagner l'ensemble des chefs d'établissement, des enseignants, des assistants d'éducation, des agents et des élèves.»
«La Région est impliquée de fait – par ses compétences en étant propriétaire des bâtiments – dans la sécurité des lycées. La Région est propriétaire des 129 lycées, 1.400 bâtiments, 2,3 millions de mètres carrés.»
«Chaque jour la question de la sécurisation se pose. On agit pour que les conditions d'accueil, de vie des lycéens et les conditions de travail soient les plus sécurisantes et inclusives. Notre action s'établit selon un principe de vérité et de responsabilité.»
«Le patrimoine est très hétérogène. Chaque lycée a une configuration particulière. La Région porte une analyse singulière à chaque fois qu'il y a une demande en matière de sécurisation de la part du lycée.»
«Concernant les bâtiments, la Région a engagé un plan de sécurisation de plus de 2 millions d'euros par an, depuis 2015, pour mettre en place des alarmes anti-intrusion, de la vidéosurveillance quand c'est nécessaire, des portiques de sécurité, des badges individuels.»
«La Région prend ses responsabilités»
«Quand il y a plus de mille élèves à l'entrée d'un établissement, cela nécessite d'avoir des bâtiments adaptés et sécurisés. Nous le faisons. Cela nécessite de la prévention, de la vigilance, de la prévention de la part des agents et assistants d'éducation qui accueillent chaque jour les élèves. Parfois, ils détectent des risques et des situations complexes.»
«La Région prend ses responsabilités, avec courage, lucidité et rigueur pour que soit assurée cette mission d'éducation dans les conditions les plus sereines et protectrices possibles.»
«On a décidé de ne pas modifier les horaires des transports scolaires»
Comment va intervenir la Région dans les prochains jours ?
«Demain, puisqu'il y a un temps pour les enseignants, il n'y aura pas de cours avant 10h, il y aura un temps de recueillement à 14 heures.»
«On a décidé de ne pas modifier les horaires des transports scolaires pour ne pas ajouter du désordre pour les familles.»
«Il y aura un temps d'accueil pour les élèves qui arriveront par les transports scolaires. Ils seront accueillis.»
«On s'associera au temps de recueillement avec l'autorité académique et toute la communauté éducative.»
«La concorde est indispensable dans la période»
«Les mesures renforcées devant les établissement scolaires ont été annoncées par l’État, c'est du domaine de l’État.»
«La Région continue par ses compétences. On reste très vigilants. Les agents ont été informés et ont eu des messages pour qu'ils restent vigilants.»
«Dans cette situation, pour ne pas ajouter de la confusion ou des polémiques, chaque acteur institutionnel doit rester à sa place avec responsabilité. La Région a sa place, sur les bâtiments, auprès des agents, en lien étroit avec les autorités académiques, avec le préfet de région, avec l’État. Cette concorde est indispensable dans la période.»
Propos recueillis par
Jean-Christophe Tardivon
L'entrée et la sortie d'élèves devant le lycée polyvalent des Marcs d'or, à Dijon, le 28 mars 2022 (image d'illustration JC Tardivon)
Océane Godard, vice-présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, à Dijon, le 1er septembre 2022 (image d'archives JC Tardivon)