Ce mardi 22 novembre, Alain Suguenot a inauguré la fin du gros œuvre du bâtiment en présence de l'acteur Christophe Lambert.
La date est symbolique : 22 novembre 2022 ou 22.11.22 pour les amateurs de numérologie. Une date en forme de palindrome, qui peut se lire dans les deux sens. Pourtant, la flèche du temps pointe le futur et le chantier de la Cité des Climats et vins de Bourgogne avance.
Ce mardi, Alain Suguenot (LR), maire de Beaune, a présidé une cérémonie constituant un jalon de la construction de l'équipement culturel : l'inauguration de la fin du gros œuvre et de la fin de la grande vrille en présence des représentants des financeurs ainsi que du préfet de la Côte-d'Or.
Ouverture le 13 mai 2023
L'équipement représente un investissement de 13,5 millions d'euros, financé par la Ville de Beaune, le conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, le conseil départemental de la Côte-d'Or, et le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB). La Ville en sera le propriétaire, le BIVB l'exploitant.
L'entreprise Rougeot est mandataire pour la réalisation du chantier mobilisant de nombreuses entreprises bourguignonnes. Le bâtiment a été dessiné par l'architecte Emmanuelle Andreani, de l'agence Siz'ix. La scénographie est signée Clarisse Garcia de l'agence Alice dans les villes.
La première pierre a été posée le 12 mars 2021. Un temps espérée pour la vente des vins des Hospices de Beaune 2022, l'ouverture au public a finalement été programmée au 13 mai 2023.
«Ce bâtiment représente la Bourgogne»
En plus du gros œuvre, le mur extérieur en pierre de Comblanchien est en voie d'achèvement, la rampe de la petite vrille étant également bien avancée.
L'ensemble est une allégorie de la vigne, comme l'explique Emmanuelle Andreani : «ce petit morceau végétal permet à la vigne de s'accrocher et de pousser pour donner le vin de Bourgogne, et qui, avec le temps, devient dur comme de la pierre. C'était l'idée de ce bâtiment qui vient s'enrouler, qui vient chercher le ciel après avoir trouvé ses racines dans la terre».
«On voulait que ce bâtiment représente la Bourgogne, qu'il soit ancré dans son territoire et qu'il soit surtout authentique», résume l'architecte qui insiste sur le recours au bois et au béton de chanvre, des matériaux biosourcés. Quatre ouvrées de vigne seront plantées en toiture. Le bâtiment atteint la performance énergétique E3C1, un niveau intermédiaire entre la RT 2012 et la RE 2020.
À 24 mètres de hauteur, la terrasse accessible par la rampe, permet de contempler les vignes de la côte de Beaune et de la côte de Nuits ainsi que la plaine.
«La biocité des vins de Beaune sera une porte ouverte sur nos vignobles»
«La vigne trouve ses racines très profondément dans notre sol, dans notre terroir, au cœur de nos climats, nous avons donc un devoir vis à vis d'elle et du symbole qu'elle représente, pour la nature, pour notre planète toute entière et pour les générations qui viennent», indique à son tour Alain Suguenot, sous le regard notamment de Marie-Claire Bonnet-Vallet (LCOP), représentant le Département.
«Ce devoir, c'est aussi l'héritage qui nous a été transmis depuis les Romains puis par les moines depuis la fin du IXème siècle, plus précisément depuis le XIIème siècle avec une accélération due aux cisterciens», poursuit le maire.
«La biocité des vins de Beaune sera une porte ouverte sur nos vignobles pour que toutes celles et ceux qui la franchiront puissent suivre son parcours initiatique dans nos villages, dans nos clos, sur nos coteaux et rejoindre ses deux filles, au-delà de notre petite patrie du sud de la Côte-d'Or, c'est à dire à Mâcon et à Chablis», souligne-t-il.
«Les touristes attendent l'authenticité, le charme, le raffinement»
«À vin d'exception, monument d'exception», s'enthousiasme Marie-Guite Dufay (PS), «le bâtiment s'impose par sa grâce, par son élégance et presque aussi par sa discrétion».
«Cela renvoie à ce qu'il nous faut absolument promouvoir parce que c'est l'essence même de nos vins et des produits de notre région. (…) C'est ça que les touristes attendent, c'est l'authenticité, le charme, le raffinement», assure la présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté.
La présidente souligne alors la contribution de la filière viti-vinicole à «la grandeur économique» de la Bourgogne-Franche-Comté et rappelle les enjeux liés au changement climatique.
«Cette qualité doit s'accompagner d'une responsabilité écologique», assure la présidente, «nous avons là un bâtiment archi-responsable, c'est un motif de très grande satisfaction».
Avec les trois équipements du réseau de la Cité des Climats et vins de Bourgogne à Beaune, Chablis et Mâcon, avec la Cité internationale de la gastronomie et du vin à Dijon, avec la Maison des vins du Jura, avec la Maison du comté, avec la Tour du pouilly-fumé et avec l'abbaye de Pontigny la présidente entend constituer un maillage du territoire propre à «capter les touristes».
«Comprendre la profondeur culturelle de la viticulture de terroir»
«C'est un bâtiment ouvert sur le vignoble», constate François Labet, président du BIVB, depuis le quatrième niveau du bâtiment. «C'est un bâtiment qui répond parfaitement à l'intention première du réseau des cités des climats et des vins de Bourgogne : renvoyer le visiteur curieux vers nos coteau et lui donner envie de Bourgogne. Le visiteur viendra pour comprendre la profondeur culturelle de la viticulture de terroir dont l'expression la plus aboutie s'exprimer dans les climats du vignoble de Bourgogne.»
Les sites du réseau des cités des vins ouvriront le 25 mars à Mâcon, le 1er avril à Chablis et donc le 13 mai Beaune.
«Décarboner la côte»
Après avoir rendu hommage à Emmanuelle Andreanni et à Alain Suguenot, Christophe Rougeot incite à «aller plus loin» et signale son «engagement de décarboner la côte».
Alors que l'interprofession envisage une viticulture neutre en émission de gaz à effet de serre d'ici 2035, le bâtisseur propose de créer en 2023 une fondation de dotations pouvant lever 50 millions d'euros sur dix ans afin d'étendre cette neutralité carbone aux 40 communes concernées par l'inscription des climats du vignoble de Bourgogne, y compris dans le champ des mobilités
«Quand vous remplacer 'décarboner' par 'désarmer', vous avez désarmé la planète. C'est le plus beau message de paix que l'on peut faire ici. C'est aussi la Cité de la paix», lance-t-il avec émotion.
Le mot d'esprit du préfet
Pour sa part, sous le regard du député Didier Paris (Renaissance), le préfet de la Côte-d'Or salue l'engagement de la filière dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre ainsi que «l'audace» présidant à la réalisation du réseau des cités des vins.
«On peut dire à ceux qui ont porté ce projet que, à l'évidence, vous avez été hardis, à l'évidence, vous n'avez pas eu peur d'arriver à édifier un tel bâtiment, le vin est évidemment bon et pour réussir une telle réalisation, il fallait être téméraire», déclare sous les applaudissements Franck Robine, en référence aux ducs de Bourgogne Philippe le Hardi, Jean sans Peur, Philippe le Bon et Charles le Téméraire, ayant comme point commun d'avoir mobilisé le vin au service du «rayonnement diplomatique» du territoire.
Le représentant de l’État renoue ainsi avec la tradition des mots d'esprit au travers d'une tournure qui bluffe Alain Suguenot lui-même.
Inauguration du quartier complet en novembre 2023
La Cité des Climats et vins de Bourgogne prend place dans un nouveau quartier qui sera végétalisé par plus de 400 arbres sur huit hectares. Le maire de Beaune ambitionne d'en faire un espace d'exposition d’œuvres d'art contemporain monumentales. Une coulée verte rejoindra le parc de la Bouzaize, rivière dont les berges seront réaménagées.
Ce quartier comptera notamment des hôtels et des restaurants. Un hôtel est en cours de construction, celui dont l'acteur Christophe Lambert – présent à l'inauguration – est un des investisseur avec Michel Halimi au sein du groupe Sirius, ainsi qu'une halle événementielle permettant d'accueillir 1.200 convives et un pôle oenotouristique commercial.
L'inauguration de ce nouveau quartier est prévue pour la vente des vins des Hospices de Beaune de novembre 2023.
Jean-Christophe Tardivon
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