
«Nous, citoyens français, nous devons nous élever contre l'antisémitisme, contre la haine et pour les valeurs de la République», a déclaré Françoise Tenenbaum, responsable locale de la LICRA, lors du rassemblement de ce dimanche 12 novembre.

Le président du Sénat Gérard Larcher (LR) et la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (REN) avaient lancé l'idée d'une «grande marche civique unissant tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de notre République et sont déterminés à les défendre», devant se dérouler ce dimanche 12 novembre 2023.
L'initiative se situe dans un contexte de recrudescence des actes antisémites en France. En quatre semaines, plus de 1.000 faits ont été enregistrés, soit plus qu’au cours de toute l’année 2022.
À Paris, la marche a rassemblé plus de 105.000 personnes, selon la préfecture de police. Dans toute la France, le ministère de l'Intérieur a totalisé 182.000 manifestants.
À Dijon, le bureau départemental de Renaissance de la Côte-d'Or et l'antenne locale de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) avaient fait circuler un appel transpartisan à un rassemblement statique répondant au mot d'ordre «Pour la République et contre l’antisémitisme». Selon la police, 400 personnes ont participé.
Un «cordon sanitaire républicain» autour de l'oratrice
Preuve de l'attente d'un tel rassemblement républicain, bon nombre de personnes étaient présentes place de la République bien avant le rendez-vous fixé à 16 heures.
Une seule prise de parole avait été décidée, confiée à la présidente locale de la LICRA Françoise Tenebaum. Autour d'elle étaient présents notamment Fadila Khattabi, ministre des Personnes handicapées, les parlementaires de la Côte-d'Or Benoît Bordat (FP), Philippe Frei (REN), Didier Martin (REN), Didier Paris (REN) et François Patriat (REN) ainsi que François Sauvadet (UDI), président du conseil départemental de la Côte-d'Or, François-Xavier Dugourd (LR), vice-président délégué du Département, François Resbamen (PS, FP), maire de Dijon, et Ludovic Rochette (HOR), maire de Brognon et président de l'AMF 21.
Ces élus se tenaient en rangs très serrés autour de Françoise Tenenbaum de façon à former un «cordon sanitaire républicain» pour tenir à distance les représentants du Rassemblement national et de Reconquête.
Si Franck Gaillard (REC), maire de Chaume-et-Courchamp, n'a pas cherché à jouer des coudes, les conseillers régionaux d'opposition René Lioret (RN) et Mélanie Fortier (RN) se sont positionnés au plus près de ce cordon symbolique.
Bien d'autres représentants de formations politiques participaient à ce rassemblement, allant des Verts au Parti radical en passant par Générations, Révolution écologique pour le vivant, Génération écologie, l’Écologie au centre, le PRG-Centre gauche, le Modem, Nouveau centre ou encore Agir pour Dijon.
Les communistes avaient avancé un prétexte de méthode d'organisation pour ne pas participer. Les Insoumis étaient également absents.
De plus, de nombreux maires et élus municipaux avaient fait le déplacement, venant de toute la Côte-d'Or comme notamment de Beaune, Chenôve, Chevigny-Saint-Sauveur, Fontaine-lès-Dijon, Plombières-lès-Dijon, Quetigny, Recey-sur-Ource ou encore Talant.
«Les valeurs du judaïsme sont consubstantielles de celles de la République»
À 16 heures, Didier Martin a donné le top départ de l'allocution. «Notre République vit des heures difficiles et préoccupantes», a rappelé alors Françoise Tenenbaum avec gravité.
«Il est bon de se rappeler que la France est une république indivisible, laïque, démocratique et sociale», poursuit l'oratrice. «Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances.»
«Les valeurs du judaïsme de respect de l'autre, de liberté, d'égalité, de fraternité, de justice, de non-prosélytisme et la primauté de la vie sur la mort sont consubstantielles de celles de la République», a-t-elle insisté. «Nombre de femmes et d'hommes politiques de confession juive ont fait la France et se sont battus pour elle.»
La dimension complotiste de l'antisémitisme
La présidente de l'antenne locale de la LICRA a souligné ce qui différencie le racisme de l'antisémitisme, ce dernier véhiculant une dimension complotiste : «c'est bien contre le complotisme que la République doit se défendre et nous protéger». «Nous l'avons vu pendant la pandémie, durant laquelle des affiches et des slogans ''Qui ?'' ont fleuri partout en France dans les manifestations des antivax. C'était clairement l'accusation d'un complot dirigé par les Juifs jusqu'à en accuser la ministre de la Santé d'alors dont les origines étaient connus.»
«Tous préoccupés par le conflit au Moyen-Orient, nous devons lutter contre son importation en France», a-t-elle ajouté. «Nous devons tous ensemble nous élever contre ceux qui ne voient ici qu'un nouveau prétexte pour saper les fondements de notre société, pour attaquer la démocratie et l'universalisme. Car en attaquant un jour les juifs et leurs institutions, un jour les enseignants chargés d'éduquer les jeunes citoyens, un jour la liberté de la presse, un jour les manifestations culturelles ou sportives, un jour les policiers et gendarmes, garants de notre sécurité civile, on détruit progressivement notre socle républicain.»
«Nous, citoyens français, nous devons nous élever contre l'antisémitisme, contre la haine et pour les valeurs de la République», a-t-elle exhorté. «Vive la République et vive la France !»
L'allocution de quelques minutes a été suivie d'une minute de
silence puis d'une «Marseillaise» reprise en chœur par la foule tandis
que quelques drapeaux tricolores étaient agités.
Les participants prolongent le rassemblement
Les pancartes étaient rares ; toute fois, une brandie par une militante associative de la section de Dijon de la Ligue des droits de l'Homme a été remarquée : elle indiquait «Non à l'antisémitisme et à l'islamophobie, non aux extrêmes-droites, d'ici et d'ailleurs».
Par ailleurs, quelques personnes étaient venues avec des reproductions des affiches rappelant les noms et visages d'otages toujours détenus par les terroristes du Hamas, suite à l'attaque du 7 octobre dernier en Israël.
Tout comme en amont du rassemblement, les participants ont tardé à se disperser, préférant échanger les uns avec les autres et prolonger ce moment de cohésion.
Une sécurisation conséquente
En lien avec la direction départementale de la sécurité publique, la préfecture de la Côte-d'Or avait retenu un dispositif conséquent pour sécuriser la manifestation.
Les policiers étaient lourdement équipés afin de parer à toute éventualité dans le cadre du niveau «Urgence attentat» du plan Vigipirate et des véhicules avaient été positionnés aux coins de la place de la République.
Jean-Christophe Tardivon
Communiqué interorganisations du 10 novembre 2023 :
« Pour la République et contre l’antisémitisme » : appel à un
rassemblement citoyen et transpartisan ce dimanche 12 novembre à 16h00,
place de la République à Dijon
En relais de l'initiative de la présidente de l'Assemblée nationale,
Yaël Braun-Pivet, et du président du Sénat, Gérard Larcher, appelant à
une grande marche à Paris dimanche, nous lançons un appel à un grand
rassemblement citoyen ce dimanche 12 novembre 2023 à 16h00, place de la
République à Dijon, en lien avec l'ensemble des partis et mouvements
politiques de l'arc républicain cosignataires.
Depuis l’attaque terroriste perpétrée par le Hamas, les actes
antisémites se multiplient dans notre pays. En quatre semaines, plus de 1
000 faits ont été enregistrés, plus qu’au cours de toute l’année 2022.
La peur ne peut pas se banaliser. Huit de nos compatriotes sont par
ailleurs toujours détenus par le Hamas. Nous ne pouvons pas nous
résigner et demandons la libération de tous les otages.
Nous appelons donc toutes les Côte-d’Oriennes et tous les Côte-d’Oriens à
participer à ce rassemblement transpartisan contre toutes les formes de
haine, pour la République et contre l’antisémitisme.
Signataires
Fadila Khattabi, ministre déléguée aux Personnes handicapées – François
Rebsamen, maire de Dijon, président de Dijon Métropole, ancien ministre,
président de Fédération progressiste – Didier Martin, député de la
Côte-d’Or – Benoit Bordat, député de la Côte-d’Or – Philippe Frei,
député de la Côte-d’Or – Hubert Brigand, député de la Côte-d’Or – Didier
Paris, député de la Côte-d’Or – François Patriat, sénateur de la
Côte-d’Or, président du groupe RDPI, ancien ministre – Anne-Catherine
Loisier, sénatrice de la Côte-d’Or – Alain Houpert, sénateur de la
Côte-d’Or – Marie-Guite Dufay, présidente du Conseil régional de
Bourgogne-Franche-Comté – François Sauvadet, président du Conseil
départemental de la Côte-d’Or, président de l’Assemblée des départements
de France, ancien ministre – Françoise Tenenbaum, présidente de la
LICRA de Dijon.
Pour les partis politiques
Laurent Baumann, président de Renaissance Côte-d’Or – François-Xavier
Dugourd, président Les Républicains Côte-d’Or – Michel Neugnot, premier
secrétaire fédéral du Parti socialiste Côte-d’Or – Ludovic Rochette,
délégué départemental d’Horizons – François Deseille, président
départemental du Mouvement démocrate – Jean-Philippe Morel, président de
la fédération départementale du Parti radical – Ludovic Bonnot, délégué
départemental de l’UDI – Patrick Molinoz, délégué général du Parti
radical de gauche - le centre gauche – Karine Savina, référente
départementale Génération écologie – Fabien Robert, délégué régional
d’Écologie au centre.

















































