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16/12/2022 03:57

MOBILITÉS : L'avenir de Divia enflamme les débats du conseil métropolitain

Ce jeudi 15 décembre, les élus ont voté la prolongation de la délégation de service public de Keolis. Une petite phrase de François Rebsamen a scandalisé des élus et provoqué le départ en pleine session d'Emmanuel Bichot.
Par ailleurs, «Keolis dédommagera ceux qui auront été véritablement pénalisés par cette grève», a assuré le président de la Métropole à propos du mouvement social au sein de Divia.
Le réseau métropolitain de transports urbains est exploité par Keolis Dijon Mobilités sous la marque Divia. La reconduction de cette délégation de service public était au programme du conseil métropolitain de ce jeudi 15 décembre 2022.

Un seul groupement – Keolis étant associé à Effia Stationnement et Cykléo – s'était porté candidat à l'appel d'offres précédemment examiné et le dossier avait été approuvé par les maires des 23 communes de la Métropole aussi la validation en assemblée apparaissait comme une formalité.

C'était sans compter l'attention toute particulière des élus – notamment de la première couronne dijonnaise – portée aux dessertes des bus. Alors que le président de Dijon Métropole semblait conditionner la possibilité de négocier les dessertes communales à l'approbation de la délégation de service public métropolitaine, les esprits se sont enflammés.


«Les deux lignes de tram représentent plus de la moitié de la fréquentation du réseau», signale Thierry Falconnet


Vice-président de Dijon Métropole chargée des mobilités, Thierry Falconnet (PS) reçoit la tâche de présenter le rapport d'activité 2021 du réseau de transports urbains, des vélos en libre-service et du stationnement en ouvrage sous les regards de représentants de Keolis Dijon Mobilités (KDM) depuis le public.

Étaient ainsi présents Laurent Verschelde, directeur général adjoint de Keolis, Laurent Calvalido, directeur général de Keolis Dijon Multimodalités, Thomas Fontaine, ancien directeur de Keolis Dijon Mobilités, et Frédéric Baverez, directeur exécutif France de Keolis.

Filiale de la société Keolis – elle-même détenue par la SNCF et la Caisse de dépôt et placement du Québec – KDM exploite le réseau sous le nom commercial Divia.

En 2021, KDM réalisait 36,6 millions de voyages soit une moyenne annuelle de 142 voyages par habitants. «Les deux lignes de tram représentent plus de la moitié de la fréquentation du réseau», signale Thierry Falconnet. Sur les Lianes, des lignes de bus, on compte 174.000 voyages journaliers.

Cette année-là, Divia Vélo comptait 516 clients, Divia Vélo Park 1.009 usagers et Divia Vélodi 102.245 emprunts. L'activité vélo était subdéléguée à Cykléo s'appyant lui-même sur le prestataire local La Bécane à Jules.

Activité subdéléguée à Effia Stationnement, la fréquentation des parkings en ouvrage avait quasiment retrouvé le niveau de 2019. Les recettes de dix parkings totalisaient 3,3 millions d'euros (soit une augmentation de 27,5% par rapport à 2020). Idem pour le stationnement sur voirie avec 6,2 millions d'euros de recettes (soit une augmentation de 32,2% par rapport à 2020).

Le vice-président insiste sur les taux de satisfaction des usagers allant de 94% pour le stationnement en ouvrage à 97,6% pour les vélos en libre-service vélo en passant par 96,3% pour les transports urbains.

Sujet à part, la fourrière gérée par EGS : 2.389 véhicules avaient été immobilisés en 2021 dont les véhicules réquisitionnés par le procureur de la République auprès d'auteurs de rodéos motorisés. On recensait 918 destructions de véhicules.

«On va matraquer le vilain automobiliste», ironise Caroline Jacquemard


Prenant la parole au nom du groupe Dijon Métropole autrement, Caroline Jacquemard (LR) demande si la Métropole interviendra dans le mouvement social en cours au sein de KDM.

«Les usagers sont tiraillés», explique l'élue dijonnaise, «on leur demande de prendre les transports en commun mais ils sont en grève».

Caroline Jacquemard demande «un tarif professionnel» basé sur le tarif des résidents ainsi qu'une heure de stationnement gratuit au centre-ville de Dijon.

«On va matraquer le vilain automobiliste», ironise-t-elle en évoquant le passage de 90.000 à 135.000 amendes grâce à l'action d'un véhicule automatisé. Et de conclure son intervention en disant préfèrer «des mesures incitatives» aux «mesures punitives».

«On ne relève pas le prix du ticket», répond François Rebsamen qui ajoute que «le commerce, à Dijon, va très bien» en signalant que Quetigny draine 23% de l'activité commerciale de la métropole et le centre-ville dijonnais 14%. Dans ce dernier secteur, le taux de vacances des commerces s'établit à 5,5%.

Olivier Muller voit «un indicateur de stagnation» dans le nombre de Vélodis


«Cette nouvelle délégation nous projette dans l'avenir», estime Philippe Belleville (sans étiquette), maire de Sennecey-lès-Dijon, qui revient sur lancement des études pour l'extension du réseau de transports en commun (lire notre article).

Pour sa part, Jacques Carrelet de Loisy (sans étiquette), maire de Hauteville-lès-Dijon, signale des problèmes sur l'adaptation des horaires pour des prises de poste de personnes travaillant tôt le matin.

L'écologiste Olivier Muller (EELV) rappelle l'expérimentation des «corona-pistes» réservées aux transports en commun et aux mobilités douces durant la crise sanitaire dans certaines communes qui les ont ensuite pérénisés.

Constatant que le nombre de Vélodis n'a pas varié depuis le lancement du service, l'opposant voit là «un indicateur de stagnation» et appelle à «installer des parcs à vélos sécurisés aux arrêts stratégiques» et à «faciliter les usages de vélos-cargos».

«Le vélo se développe à Dijon, tout est bien en la matière», répondra François Rebsamen en référence à l'objectif d'atteindre 12% de part modale du vélo dans les déplacements à l'horizon 2030.

«Le réseau de Dijon est celui où il y a les meilleurs salaires de tout le réseau Keolis», analyse François Rebsamen


Le président de la Métropole réagit au sujet du mouvement social au sein de KDM, initialement porté par la CGT (lire notre article) avant une journée d'action unanime des syndicats (lire notre article).

«Il s'agit d'abord d'une relation entre une entreprise et des salariés en grève», explique le socialiste qui s'étonne de «l'incapacité totale de renouer le dialogue social».

«Le réseau de Dijon est celui où il y a les meilleurs salaires de tout le réseau Keolis», poursuit-il en appelant à «la reprise des négociations, je ne doute pas de la volonté de la direction, encore faut il qu'il y ait quelqu'un en place».

Et de lister les «avancées» obtenues en 2022 : 5% d'augmentation actés, 1,6% d'augmentation anticipée sur 2023, prime de 1.115 euros brut et» treizième mois» (lire le communiqué). «Ils sont convenables payés les salariés de Keolis, surtout sur le réseau de Dijon», insiste le président de la collectivité délégante qui annonce que la direction s'est engagée à recruter «dix conducteurs supplémentaires» pour un constituer un effectif supérieur à celui de 2019.

«Entre 60 et 90 policiers assureront des missions de sécurisation de réseau de transports en commun»


La sécurité des personnels faisant partie des revendications des organisations syndicales, le président de la Métropole rappelle l'annonce de Gérald Darmanin qui, dans le cadre d'un doublement des effectifs des forces de sécurité intérieure dédiés à la sécurisation des transports, a annoncé le 23 novembre dernier, la prochaine  création d'un Service interdépartemental de sécurisation des transports en commun (SISTC) à Dijon.

«Entre 60 et 90 policiers assureront des missions de sécurisation des gares, stations de transports en commun et réseau de transports en commun. Les patrouilles prendront notamment en compte les horaires où la délinquance est la plus forte pour plus d'efficacité, mais également les pics d'affluence, pour rassurer et dissuader», expliquait alors le ministère de l'Intérieur (lire le communiqué).

«Les habitants de la Métropole sont lassés de ce mouvement de grève», poursuit le socialiste, «peut-être y a-t-il une compétition entre les organisations syndicales parce que quand il y a une nouvelle DSP, il y a de nouvelles élections professionnelles». En fonction de quoi, François Rebsamen appelle les organisations syndicales à «faire le compromis nécessaire».

«On remboursera les usagers des pénalités qu'ils ont subi», assure le président de la Métropole


«Keolis dédommagera ceux qui auront été véritablement pénalisés par cette grève», assure François Rebsamen.

«On remboursera les usagers des pénalités qu'ils ont subi contre leur gré en évaluant après un état des lieux dès la fin du mouvement social», a précisé le président de la collectivité en marge du conseil métropolitain. Les dédommagements seraient donc effectifs après la fin de la grève perlée et pourraient être différenciés suivant les parcours des usagers.
Autre pénalité, pour l'ensemble des habitants de la métropole cette fois : «il n'y a plus de dix ans du tram», a acté François Rebsamen. Les célébrations de l'anniversaire sont donc tout simplement annulées.

Nouvelle délégation à partir de janvier, nouvelle offre de transports à partir de septembre


Insistant sur «l'attribution de la concession de service public», Thierry Falconnet rappelle que le rapport examiné ne porte pas sur «la nature définitive de l'offre de mobilité globale ni sur les contours exacts du futur réseau de transports en commun».

La nouvelle concession entrera en vigueur au 1er janvier prochain quand la nouvelle offre de transports sera mise en place en septembre 2023 après des réunions avec les élus concernés au travers de quatre pôles territoriaux.

Le vice-président rappelle que la rémunération du délégataire atteindra 576 millions d'euros sur sept ans et que KDM s'engage sur 256 millions d'euros de recettes par service pour l'autorité délégante.

Tensions au sein du conseil métropolitain


Tandis que Bruno David (LR) et Laurence Gerbet (NC) regrettent qu'un seul groupement ait candidaté, Adrien Guené (LR), signale «un choix lourd de conséquences» même si «le groupement répond à nombre de nos attentes». Toutefois, l'élu talantais souligne «les objectifs parfois démesurés» du stationnement sur voirie.

Maire de Fontaine-lès-Dijon, Patrick Chapuis (LR) considère que «l'économie générale du projet répond à une véritable ambition» mais annonce une potentielle abstention en attendant de connaître les dits contours de l'offre de transports.

Adjoint au maire de Talant, Cyril Gaucher (LR) estime que «globalement le service donne satisfaction» mais s'inquiète de l'avenir des dessertes de la ligne 10 dans la commune : «donner un blanc seing à notre oéprateur avec si peu de précision sur le service qui sera rendu aux usagers pose pour moi un véritable problème également».

«Ceux qui vont s'abstenir auront moins de légitimité pour négocier les modifications du tracé qui est prévu», réagit le président de la Métropole ce qui fait bondir les élus les plus enclins à s'opposer à la politique de François Rebsamen.

«Vous vous abstenez sur la DSP qui va régir pour demain et pour sept les relations entre Keolis et la Métropole, vous prenez une lourde responsabilité parce que si vous pensez que ça va être facile de négocier ensuite alors même que vous ne voulez pas voter la DSP, c'est un véritable problème. Il y a un engagement qui est pris par le vice-président en charge des transports de rencontrer tous les élus concernés par d'éventuelles modifications du réseau et, moi, je vous dis aujourd'hui, on garde le réseau comme vous l'avez et vous allez voter la DSP sinon, il n'y aura plus de raison de débattre», développe-t-il.

À 22 heures 05, Emmanuel Bichot (LR) et Laurence Gerbet (NC), membres du groupe Agir pour Dijon Métropole, quittent ostensiblement le conseil métropolitain en laissant bien en vue sur leurs pupitres les sacs de documentations et produits régionaux pourtant offerts aux élus.

«Il ne faut pas s'étonner s'il y a des tensions ce soir parce que vous avez fait les choses à l'envers», commente Laurent Bourguignat (LR), président du groupe Dijon Métropole autrement, avant de revenir sur la méthode ayant présidé au choix d'un délégataire et de regretter «la folie du stationnement payant».

Reconduction de la délégation accordée à Keolis


«La mobilité globale, c'est ce qui fait l'essence de notre réseau», défend Thierry Falconnet, «on va avoir un réseau plus performant, plus efficient avec des coûts maîtrisés».

«On va faire ensemble, (…) l'engagement est pris de rencontres et de modifications», lance François Rebsamen ajoutant que «s'il faut revenir, on reviendra là-dessus» notamment sur le cas de Talant avec «un accès direct au centre de la métropole» ou de Fontaine-lès-Dijon avec «des modifications pour améliorer la desserte notamment sur le secteur desservi aujourd'hui par le PLUi-HD en logements à loyer modéré».

Pourtant, neuf élus lèvent toutefois la main pour s'abstenir, dont Cyril Gaucher, représentant le maire de Talant au sein de l'assemblée métropolitaine, mais pas Adrien Guené, ni Patrick Chapuis qui votent favorablement.

Le rapport est donc adopté et la délégation de service public confiée au groupement candidat à la satisfaction des représentants de Keolis ayant suivi ces débats animés.

Jean-Christophe Tardivon























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