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09/03/2022 03:28

DIJON : Aider ensemble les réfugiés ukrainiens

Ce mardi 8 mars, une première réunion d'information a rappelé les principes d'accueil des ressortissants ukrainiens. Près de 300 personnes ont participé aux échanges salle Devosge.
«Aider ensemble, mais comment ?» Pour répondre à cette question, la Ville de Dijon organisait ce mardi 8 mars une réunion d'information avec plusieurs acteurs institutionnels et associatifs concernés par l'accueil de réfugies venant d'Ukraine.

Sont intervenus Nathalie Koenders (PS), première adjointe au maire de Dijon, Sladana Zivkovic (PS), adjointe au maire déléguée à l'Europe et au relations internationales, Christophe Talmet, président territorial de la Croix-Rouge française en Côte-d'Or, Patrick Pétot De Min, président de la Protection Civile de la Côte-d'Or, Lukas Macek, directeur du campus dijonnais de Sciences Po Paris, Nicolas Nibourel, directeur de la direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations de Côte-d’Or (DDETSPP) ainsi que les représentants des association Ukraine Dijon-Besançon, Agir pour l’Ukraine en Bourgogne et Aidons l'Ukraine Dijon.


«L'élan de solidarité des Dijonnaises et Dijonnais est impressionnant»


Devant près de 300 personnes rassemblées dans la salle Devosge, Nathalie Koenders commence par exprimer «le soutien plein et entier de la Ville de Dijon» à l'Ukraine au nom du maire François Rebsamen et souligne «la souffrance des femmes ukrainiennes».

«Notre ville prendra bien évidemment sa part dans le nécessaire accueil des réfugiés», indique-t-elle. Récemment, la municipalité a décidé de réserver une enveloppe d'aide de 100.000 euros et de mettre à disposition 60 places de la résidence Abrioux (lire le communiqué).

«L'élan de solidarité des Dijonnaises et Dijonnais est impressionnant», constate la première adjointe. D'où une réunion pour contribuer à la coordination des initiatives.

Dijon est jumelée avec Cluj-Napoca, en Roumanie. Via le maire de Fontainebleau, des contacts ont également été pris avec Alba Iulia dans ce même pays. «Nous allons essayer de fédérer nos forces pour des envois d'aide», annonce Sladana Zivkovic. À noter que les écoles de Dijon sont prêtes à accueillir des élèves, un protocole leur étant parvenu.

«Restons unis et solidaires au profit de ces femmes et ces hommes», ajoute l'adjointe en ayant une pensée pour «les femmes [qui] accompagnent les enfants et [qui] sont aussi combattantes sur le terrain».

«La peur d'une Ukraine démocratique»


La délicate mission de résumer trois siècles de situation géopolitique revient à Lucas Macek, d'origine Tchèque. Le campus dijonnais de Sciences Po Paris aura l'occasion de proposer des événements dans les prochaines semaines pour approfondir le sujet.

Le directeur du campus rappelle brièvement que l'Ukraine appartient à une mosaïque d'états et de peuples en changement permanent et qui résistent «à toute simplification historique».

«Le président russe nie l'existence du peuple ukrainien, nie le bien fondé d'une Ukraine indépendante en développant des thèses qui existaient déjà au XIXème siècle, au moment de l'empire russe», analyse Lucas Macek.

Le président de la Fédération de Russie justifie cette «opération militaire spéciale» en Ukraine par une démarche de défense face à l'OTAN. «Le principal motif de l'extension de l'OTAN est la peur de la Russie par des pays qui, du fait de leur position géopolitique et peut-être de leur expérience historique, savent que, malheureusement, leur position est précaire, et que, s'ils souhaitent une garantie de leur sécurité, c'est vers les États-Unis et vers l'Europe occidentale qu'il faut se tourner», argumente Lucas Macek.

Alors que Vladimir Poutine considère que la nation ukrainienne n'existe pas, «cette défense incroyable du peuple ukrainien face à l'armée russe est une réponse des plus éloquentes à la question de savoir s'il y a une entité ukrainienne».

Troisième argument avancé par l'agresseur : «dénazifier l'Ukraine». «Il suffit de comparer le profil politique de ces vingt dernières années de l'Ukraine à la Russie, de regarder les résultats électoraux de l'extrême-droite ukrainienne pour voir qu'il s'agit d'un fantasme», répond le directeur de l'antenne Sciences Po.

L'orateur postule que Vladimir Poutine est dans une démarche de revanche à la suite du la chute du mur de Berlin en 1989 qui a entraîné la perte du statut d'hyper-puissance de la Russie : «il cherche à remettre en question l'équilibre qui s'est créé en Europe après 1991, la dislocation de l'Union soviétique».

À cela s'ajoute «le fantasme de la Grande Russie» : «on est face à une autocratie, une dictature dominée par un seul homme à la tête d'une puissance militaire énorme dont les armes nucléaires».

Le plus important selon Lucas Macek serait «la peur d'une Ukraine démocratique qui pourrait être un contre-modèle extrêmement dangereux pour Vladimir Poutine aux yeux de son opinion politique domestique». En fonction de quoi, «ce n'est pas juste une affaire des Ukrainiens».

Si l'Ukraine tombait, il existerait un risque de contagion en direction de la Moldavie, de la Géorgie et de la Bosnie-Herzégovine : «il y a une inquiétude palpable dans les Balkans».

«L'action de Vladimir Poutine en Ukraine bafoue toutes les valeurs sur lesquelles l'Europe occidentale s'est construite depuis 1945 et l'Europe toute entière était en train de se construire depuis 1989», conclut Lucas Macek. «Si l'Union européenne ferme les yeux sur ce qui se passe à ses portes, elle se trahit elle-même. Il faut vraiment que toute l'opinion publique européenne reste mobilisée.»

«Ces amis Ukrainiens vont arriver chez nous et il faut vraiment les protéger»


La mission non moins facile de présenter le système d'accueil des réfugiés revient à Nicolas Nibourel alors que des personnes dans la salle ont déjà accueilli des Ukrainiens dans leur foyer.

Alors que l'action habituelle des services des solidarités se poursuit en direction des demandeurs d'asile et des SDF notamment – 2.600 personnes sont actuellement suivies en Côte-d'Or – la DDETSPP a «essayé d'anticiper, (…) on est prêt à accueillir». «Ces amis Ukrainiens vont arriver chez nous et il faut vraiment les protéger, on fera le maximum», insiste Nicolas Nibourel.

La résidence Abrioux mise à disposition par Dijon Métropole a permis «d'accueillir les tout premiers Ukrainiens». Par ailleurs, deux dispositifs d'hébergement ont été mobilisés pour prévoir une centaine de places sur l'agglomération dijonnaise. Les opérateurs habituels proposent 45 places supplémentaires.

Les ressortissants ukrainiens arrivant en France bénéficieront du statut de la protection temporaire prévu par les textes européens et français mais qui n'avait jamais été mis en œuvre auparavant. «C'est un statut qui permet d'aller plus vite que la demande d'asile», explique Nicolas Nibourel. Il peut durer trois ans même si la personne peut faire entre temps une demande d'asile.

Cette protection temporaire permet de bénéficier d'un droit au séjour, d'un droit au travail, d'une allocation, d'une prise en charge des frais médicaux et d'un droit à la scolarité pour les enfants.

Concernant les initiatives locales, la préfecture de la Côte-d'Or renvoie les personnes morales (communes, associations, entreprises...) vers la plateforme de démarche simplifiées.

Les particuliers peuvent se tourner vers la plateforme de parrainage de réfugiés.

Un email est à disposition : pref-crise-ukraine@cote-dor.gouv.fr

Le numéro de téléphone d'On Dijon est également disponible : 0800.21.3000

Trois associations d'entraide


Du côté associatif, des étudiants de Sciences Po ont fondé Agir pour l'Ukraine en Bourgogne avec un mail (helpukrainebfc@gmail.com) pour répondre aux questions concernant la vie des réfugiés en France en général (démarche, culture, langue...) et une plateforme internet pour trouver les points de collecte de biens correspondant à la liste de la Protection civile. Les dons recueillis sont destinés à la Croix-Rouge française.

L'association Ukraine-Dijon-Besançon a développé des contacts à Saulieu, Tournus, Chalon-sur-Saône pour organiser des transports par camion jusqu'en Ukraine. L'association est en contact régulier avec la Ville de Dijon, la Croix-Rouge française et la Protection civile. Le local au 19 de la rue de Mulhouse est ouvert de 9h à 19h (téléphone : 06.16.46.59.91).

Un appel à manifester est lancé pour ce mercredi 9 mars à 17 heures place de la Libération ainsi que pour le samedi 12 mars prochain pour être «de plus en plus nombreux et se faire entendre».

L'association Aidons l'Ukraine Dijon est pour l'instant basée à la Maison des associations de la Ville de Dijon (accueil de 17h à 19h du lundi au vendredi et de 15h à 18h le samedi)et se donne pour mission d'accompagner l'aide humanitaire et de faciliter le lien entre les réfugiés et les institutions locales (lire notre article).

Privilégier les dons financiers


Durant les débats, Christophe Talmet signale que la Croix-Rouge française préfère les dons financiers parce que «chaque Croix-Rouge va prendre en charge les réfugiés dans sa zone» et que «les dons en nature doivent répondre à la culture du pays et aux vrais besoins». Un million d'euros ont déjà été mobilisés pour acheter du matériel sur place.

La Protection civile se concentre sur trois piliers : l'hygiène, le secours et la logistique. Elle a déjà envoyé 140 tonnes d'équipement – donc sans habillement – en Pologne.

«Aidez-nous, donnez-nous des conseils»


Depuis le public, François-Xavier Dugourd (LR), vice-président délégué du conseil départemental de la Côte-d'Or, rappelle que le Département a lui aussi mobilisé 100.000 euros d'aide (lire notre article) et que le bailleur social Orvitis peut proposer «des logements pérennes, en lien avec l’État».

«On a le cœur grand ouvert et on souffre pour ces gens-là, quand on accueille à la maison, on va faire à manger, on va faire tout ce qui faut mais je ne suis pas une pro d'internet, rassurez-nous, on veut faire comme il faut, aidez-nous, donnez-nous des conseils, j'ai appelé Coallia, est-ce qu'il fallait ?» interroge une habitante un rien perplexe alors que les intervenants renvoient vers les plateformes évoquées et vers la cité administrative Dampierre de la préfecture de la Côte-d'Or.

Jean-Christophe Tardivon

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