En revenant sur la politique touristique, ce mardi 10 octobre, François Rebsamen a annoncé la présence du ministre de l'Agriculture lors de la prochaine inauguration de la Foire et le passage à Dijon du Tour de France 2024.
Lors du bilan de la saison passée effectué par les équipes de l'office de tourisme de la Métropole de Dijon, ce mardi 10 octobre 2023, François Rebsamen (PS, FP), président de la collectivité, s'est exprimé sur l'attractivité du territoire devant des représentants du secteur du tourisme.
«La saison touristique a été très bonne», s'est félicité l'élu métropolitain en notant que «la saison n'est pas terminée». Si le blocage anticyclonique que connaît la France en ce mois d'octobre désespère ceux qui regardent le niveau des nappes phréatiques, il réjouit effectivement les amateurs de balades ensoleillées.
«Dijon est devenue une destination touristique incontournable»
«Dijon continue d'attirer beaucoup de touristes pour plusieurs raisons : la qualité de la gastronomie, la qualité du vin, le patrimoine architectural et culturel, le commerce et le palais des congrès», a résumé celui qui est également maire de Dijon.
«C'est le fruit d'une politique volontariste de mise en valeur de notre métropole. Dijon est une grande capitale de l'art de vivre et est devenue une destination touristique incontournable», a-t-il ajouté en s'adressant aux professionnels du secteur, «ensemble, continuons à faire de Dijon et de notre métropole une destination de choix, de qualité et écoresponsable.»
La polémique autour de la Cité de la gastronomie perdure
Ainsi, les touristes français ou étrangers, plans à la main, en famille ou en groupe, sont encore nombreux à fréquenter le secteur sauvegardé. En revanche, il n'en va pas de même à la Cité internationale de la gastronomie et du vin.
En dehors des temps d'animation, comme la tenue d'une brocante spécialisée sur les arts de la table pour laquelle la Ville de Dijon revendique 14.000 visiteurs dans le week-end des 7 et 8 octobre derniers, les allées et salles d'exposition restent bien calmes.
Le phénomène a conduit des médias nationaux à se pencher sur le sujet. Le magazine
Capital a titré «Cités de la gastronomie : gare à l'indigestion !», en août dernier, et TF1 a diffusé dans son «20 Heures», le 4 octobre dernier, un sujet peu amène – tourné en juillet dernier, selon nos informations – et évoquant «une impressionnante vitrine pour la cuisine française qui, visiblement, ne met pas beaucoup de visiteurs en appétit».
Le sujet agglomère les différents échelons du millefeuille territorial pour totaliser «40 millions d'euros d'argent public» investis sans préciser que cela va de voiries réalisées par la Ville de Dijon à la réhabilitation d'une friche hospitalière financée par l’État.
L'exploitant du Village gastronomique «s'adapte»
TF1 donne également la parole à l'élu d'opposition Emmanuel Bichot (LR, AD) qui incite à «s'interroger sur [la] lisibilité, [l]'attractivité» de l'équipement et pointe «le coût de fonctionnement» de 2 millions d'euros en 2023 pour 300.000 euros de recettes, infographie de TF1 à l'appui.
Toutefois, la réponse revient à l'adjointe au maire de Dijon Nadjoua Belhadef (PS, FP) qui évoque «trois ans pour amortir cet investissement».
«On s'efforce constamment de réadapter nos prix pour être bien en phase avec les prix du marché», rebondit Joyce Sarfati, directrice d'exploitation du Village gastronomique pour le groupe K-Rei, alors que l'espace commercial propose des produits alimentaires du terroir et des réalisations Made in France.
«Laissons cette Cité s'installer»
«La Cité internationale de la gastronomie et du vin est totalement décriée par la presse nationale», a réagi François Rebsamen en évoquant «un passage absolument odieux sur TF1» qui «ne traduit absolument pas la réalité».
Pour sa part, Sladana Zivkovic (PS), présidente de l'office de tourisme de la Métropole de Dijon, a taclé la démarche «politicienne» d'Emmanuel Bichot : «quand ça porte préjudice comme ça, à son territoire, c'est irresponsable, c'est irrespectueux des Dijonnais et Dijonnaises». «Laissons cette Cité s'installer. Au niveau touristique, c'est satisfaisant pour un nouvel [équipement]. On le propose au travers de nos visites, c'est très prisé.» (
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«60% des gens achètent» à la Cité de la gastronomie
Le maire de Dijon a voulu rétablir «quelques vérités» : «on peut se rappeler que le million de visiteurs a été franchi début juillet».
Dès septembre 2022, William Krief, président du groupe K-Rei avait donné des indications sur le décompte automatique qui fait ressortir non pas des «visiteurs» au sens d'entrées payantes comme dans un musée mais de «passages uniques» sur un site (une même personne passant plusieurs fois par jour n'étant comptée qu'une fois par les ordinateurs qui analysent les images des caméras) (
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Si le reportage de TFI souligne que «40% de visiteurs ne dépensent pas d'argent dans la Cité», François Rebsamen renverse la statistique et se félicite que «60% des gens achètent». Ce qui change effectivement la perspective : 60% des «passants uniques» consomment. Une tendance qui est à la hausse selon Wiliam Krief.
Concernant la fréquentation du pôle culturel correspondant aux expositions et au centre d'interprétation de l'architecture et du patrimoine, les derniers chiffres en notre possession datent de fin avril dernier et correspondaient à 200.000 visiteurs en un an (
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50.000 touristes grâce au livre «Les Téméraires»
«Dijon est la capitale de la Bourgogne mais aussi de la Bourgogne-Franche-Comté. C'est une ville internationale et européenne», a ensuite déclaré François Rebsamen avant de développer un argumentaire pour battre en brèche l'impression laissée par le sujet de TF1.
«J'ai été surpris, quand les chiffres ont été présentés, du nombre de visiteurs américains», a noté le maire tandis que les touristes américains sont désormais plus nombreux que les italiens, par exemple, à se présenter aux antennes de l'office du tourisme. «C'est pour répondre à ceux que les classements ne servent à rien. L'année dernier, la ville de Dijon a été mentionnée comme une des 50 villes dans le monde à visiter par le magazine
Time. Toute les annonces qui sont faites sur la presse internationale font venir des visiteurs.»
Et de glisser que le livre d'histoire de Bart Van Loo «Les Téméraires» (éditions Flammarion, 2020), vendu à 350.000 exemplaires, aurait, à lui seul, drainé 50.000 touristes et pourrait bien continuer d'en orienter d'autres vers la capitale des ducs de Bourgogne.
«On assure le plus possible aux acteurs locaux des retombées économiques importantes»
«Notre ambition est de tout faire pour rendre notre territoire encore plus attractif. Nous le faisons à travers notre politique de tourisme et notamment de tourisme d'affaire. On va mettre en place le bureau des congrès qui va permettre de positionner Dijon comme destination reconnue par les acteurs nationaux et internationaux. Quand on accueille de grands événements, on assure le plus possible aux acteurs locaux des retombées économiques importantes», a indiqué François Rebsamen.
En 2023, le taux d'occupation moyen des hôtels dijonnais ressort à 67% – en hausse par rapport à 2022 – contre une moyenne des métropoles de 63%. La durée moyenne des nuitées par séjour est en légère progression à 1,4 nuit.
Cela dans un contexte national négatif puisque le taux d'occupation moyen de l'hôtellerie française a diminué de 3%. Inflation ? Crise ? François Rebsamen a relevé plutôt un effet des émeutes consécutives à la mort du jeune Nahel, à Nanterre, en juin dernier. «Cela a empêché une partie des étrangers de venir dans notre pays», a analysé le socialiste.
Plus de 4.800 chambres d'hôtels en 2024
«Nous avons une très belle capacité de résilience en France et dans notre ville», a poursuivi le maire de Dijon. Plusieurs établissements trois et quatre-étoiles vont ouvrir dans la ville pour porter la capacité à 4.822 chambres en 2024.
«Sans mettre en péril l'existant, c'est indispensable pour accueillir les plus grands congrès français», a noté le premier édile dijonnais, «ces congrès font vivre l'économie locale».
Le ministre de l'Agriculture annoncé pour inaugurer la Foire de Dijon
Récemment, Dijon a accueilli un congrès national des syndicats Force ouvrière qui a mobilisé 2.200 participants.
Prochainement, la Foire internationale et gastronomique de Dijon sera inaugurée, le 1er novembre prochain, en présence du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, un membre du gouvernement qui est issu des rangs du Modem.
«Le Tour de France viendra forcément à Dijon»
«L'année 2024 va être une année de grands événements», a annoncé François Rebsamen en lisant les Journées nationales hydrogène, le Tour de France «pendant trois jours» en Côte-d'Or – «il viendra forcément à Dijon», a-t-il souligné, «les hôtels vont être occupés, à Dijon et à Beaune, par la caravane» – et le congrès mondial de l'OIV avec 1.200 personnes reçues du 14 au 18 octobre.
Les élus comptent sur les mobilités pour renforcer l'attractivité du territoire
Avec ses perspectives, «notre combat continue pour la desserte ferroviaire de notre ville», a martelé François Rebsamen. «J'ai expliqué à la présidente de Région que si la région – pas la métropole – perd des habitants, c'est parce que notre région est enclavée. Les décideurs économiques locaux, industriel, touristiques n'ont pas d'accès avec le nord de l'Europe. (…) L'arrêt de Marne-la-Vallée était important pour nous en termes d'ouverture vers l'ouest de la France.»
Le président de la SNCF a écrit au président de la Métropole de Dijon pour proposer de «continuer les discussions». «Je sens que le combat sera difficile», a-t-il réagi en rappelant le soutien de François Sauvadet (UDI), Anne Vignot (EELV) et Christine Bouquin (divers droite) qui sont «unis sur ce dossier» (
lire le communiqué) tandis que le conseil régional Bourgogne-Franche-Comté a adopté un vœu de soutien lors d'une première pétition dijonnaise.
Toujours dans le champ des mobilités, le président de la Métropole de Dijon a rappelé son souhait de participer au développement de l'aéroport Dole-Jura (
lire notre article) : «avoir un aéroport à Dole-Tavaux, c'est une chance ! C'est à vingt minutes de voiture. C'est un aéroport qui est capable d'accueillir des gros porteurs».
Une position qui ne contrevient toutefois pas au recours au ferroviaire, «cœur de notre développement», selon François Rebsamen.
Les produits «Dijon-Bourgogne» sont «connus dans le monde entier»
Cependant, en matière d'attractivité touristique, François Rebsamen a estimé qu'il existait «une marge de progression» pour différents territoires : «si on arrivait, dans ce département, en Bourgogne, à mettre toutes nos forces ensemble, on peut faire énormément progresser le tourisme ici». «S'il y avait une vraie coopération avec la Cité des vins de Beaune, ce serait encore mieux.»
Et de tendre la main au Département de la Côte-d'Or et à la Région Bourgogne-Franche-Comté pour s'accorder autour de produits «Dijon-Bourgogne» considérés comme «connus dans le monde entier».
Jean-Christophe Tardivon