Les élus ont planché sur les orientations budgétaires de 2024. Le maire François Rebsamen les a informés de la fréquentation payante du pôle culturel de la Cité de la gastronomie en 2023, du réaménagement de la place du 30-Octobre favorable aux cyclistes et d'une construction sur le site de l'ancienne école des Marmuzots intégrant des logements sociaux.
La fin d'année rime avec le début de la séquence du budget pour les collectivités. Ainsi, le débat d'orientation budgétaire était à l'ordre du jour du conseil municipal de Dijon, ce lundi 20 novembre 2023.
Avant le vote du budget primitif pour l'année 2024, le «DOB» permet de présenter aux conseillers les grandes lignes en matière de fiscalité, d'investissement et d'endettement.
1,5 million d'euros pour réaménager la place du 30-Octobre en faveur des cyclistes
En début de conseil, au détour du rapport sur le développement durable présenté par la première adjointe Nathalie Koenders (PS), Laurent Bourguignat (LR, NE), président du groupe d'opposition Dijon autrement, note qu'il contient des informations sur le projet d'aménagement de la place du 30-Octobre : «projet qui n'a jamais fait l'objet d'un débat au conseil municipal».
«La place du 30-Octobre ressort comme le principal point noir de circulation à vélo», indiquent les services de Dijon Métropole, collectivité compétente en matière de voirie pour le réaménagement de la place. «Le trafic est tel qu'il est difficile de se sentir en sécurité à vélo au regard des aménagements actuels.»
En fonction de quoi, le réaménagement prévu est envisagé pour «améliorer la cyclabilité d'un secteur très demandé aux portes du centre-ville dijonnais». «Il s'inscrit pleinement dans l'objectif de Dijon Métropole de promotion des mobilités actives au détriment de l'autosolisme [NDLR : usage d'un véhicule occupé par son seul conducteur]. Le but est donc de transformer cette place pour y sécuriser les déplacements à vélo et rendre plus confortables les déplacements à pied.»
Le projet prévoit de réduire le nombre de voies de circulation dans l'anneau central, de maintenir les feux de signalisation, de créer une piste cyclable bidirectionnelle, de créer des îlots de 5 mètres de largeur pour rendre perpendiculaires les croisements des flux, de créer un espace de sécurité entre la piste cyclable et le trottoir et de déplacer l'arrêt des cars régionaux.
Les choix retenus ont reçu l'approbation de l'association EVAD Ensemble à vélo (
lire le communiqué).
Les travaux sont programmés pour l'année 2024. Le coût est estimé à 1,5 million d'euros. La collectivité compte rechercher des subventions auprès de l’État au travers du fonds vert et auprès de fonds européens.
Laurent Bourguignat alerte sur «la congestion prévisible»
«Nous confirmons le besoin d'une transformation de la place du 30-Octobre, anxiogène pour tous les usagers, en particuliers les vélos», poursuit Laurent Bourguignat. «La place mérite d'être embellie, la plantation d'arbres est positive. Nous alertons néanmoins sur la congestion prévisible. Il ne faudrait pas que les blocages aux heures de pointe annulent complètement l'effet voulu sur l'environnement. Nous attirons l'attention sur la suppression superflue de places de stationnement dans le quartier, sur la nécessité de garantir l'accès aux commerces et sur l'absence de connexion à des pistes cyclables sur les boulevards.»
«Le système de feux va être gardé», répond Nathalie Koenders à propos des craintes d'embouteillages aux heures de pointe. «Il y aura quelques places supprimées mais c'est fait pour la sécurité des élèves [du lycée Simone Weil]. (…) Les commerces resteront accessibles.»
Les orientations budgétaires 2024
La présentation des orientations budgétaires pour l'année 2024 revient à François Deseille (Modem). L'adjoint au maire chargé notamment des finances débute son propos en évoquant le contexte national qui est marqué par «des perspectives économiques incertaines».
La croissance 2023 devrait ressortir à 1%. De façon «optimiste», le gouvernement table sur 1,4% en 2024 et 1,7% en 2025. Du côté de l'inflation, une augmentation de 4,8% est attendue en 2023 suivie de 2,5% en 2024 et de 2% en 2025.
«Il est fort probable que les collectivités locales seront appelées à contribuer au redressement des finances publiques», commente le centriste.
Depuis 2017, l'enveloppe de dotation globale de fonctionnement se situe en «légère augmentation» en restant «nettement inférieure à l'inflation». Pour la Ville de Dijon, la DGF atteint 25,98 millions d'euros en 2023 et devrait être supérieure en 2024.
Du fait du poids de l'histoire, les premières DGF ayant été instaurées pour les villes touristiques, Dijon connaît une dotation parmi les plus basses des villes de la même strate : 160 euros par habitant contre une moyenne de 213 euros par habitant.
Relative stabilité des investissements en 2024
Selon l'adjoint aux finances, les priorités de la municipalité sont le développement durable, la solidarité, l'attractivité, la modernisation de la gestion de l'espace public, l'amélioration du quotidien des habitants et la tranquillité publique.
Pour financer ces priorités, la municipalité prévoit des dépenses d'équipement à hauteur de 60 millions d'euros (contre 64,01 millions d'euros inscrits au budget primitif 2023 et 44,7 millions réalisés au compte administratif 2022).
Dans ce contexte, l'exécutif envisage de consommer «la majeure partie de l'excédent budgétaire d'ici la fin de la mandature».
Le gouvernement pourrait décider d'une hausse de la taxe foncière de 4% en 2024
«Pour la huitième année consécutive», la part communale de la taxe foncière sur les propriétés bâties restera stable. Cette taxe foncière représente 95% des recettes de fiscalité directe de la municipalité.
En revanche, l'augmentation des bases physiques de la taxe foncière, inscrite dans le projet de loi de finances pour 2024, devrait osciller entre 3,5% et 4,5%, en fonction des débats parlementaires finaux.
Diminution de la dette
L'exécutif se fixe un objectif d'épargne brute atteignant 25 millions d'euros (contre 34,4 millions d'euros inscrits au compte administratif 2022), soit une épargne nette de 15 millions d'euros, dans «un contexte de consommation progressive des excédents antérieurs».
La dette atteignait 121,08 millions d'euros fin 2022 et est attendue à hauteur de 110,17 millions d'euros fin 2023. La capacité de désendettement oscille entre 3,5 et 3,7 années depuis 2020. Le taux moyen de la dette est de 3,4%.
L'adjoint aux finances anticipe «une seizième année consécutive de baisse de la dette» vue comme «un exploit financier».
La Ville envisage de recourir à un emprunt d'équilibre de 35 millions d'euros en 2024 en anticipant d'ores et déjà la possibilité de l'annuler en cours d'année, en reprenant de l'excédent budgétaire lors de l'examen du budget supplémentaire. L'excédent budgétaire de 2022 est ressorti à 57,6 millions d'euros.
Augmentation de la masse salariale de 5% en 2024
Avec 189,5 millions d'euros, les dépenses de fonctionnement sont attendues en hausse de 5,36% contre une augmentation des recettes de fonctionnement de 4,63%. En particulier, les dépenses de personnel pourraient augmenter de 5% en 2024.
Dans ce contexte, l'exécutif appelle à «une participation» du Département de la Côte-d'Or, notamment pour contribuer au fonctionnement des équipements culturels», et à «une participation plus accrue» de la Région Bourgogne-Franche-Comté.
Le «retard» dans l'entretien du patrimoine, une «dette grise» selon Emmanuel Bichot
Parmi les rangs de l'opposition, Emmanuel Bichot (LR, AD), ne partage pas l'enthousiasme en termes de modération fiscale de l'adjoint aux finances et rappelle la hausse de 131% de la part intercommunale de la taxe foncière survenue en 2022.
«Le taux de la taxe foncière à Dijon figure parmi les plus élevés de France au sein des grandes villes, dans les dix premiers» martèle le président du groupe Agir pour Dijon. «Le transfert de la part départementale de taxe foncière aux communes en 2021 n'a rien changé à notre classement.»
En prenant en compte les différentes composantes de la taxe foncière, l'élu conservateur estime la hausse de la taxe foncière dijonnais à «17% en trois an».
Un million d'euros pour des travaux et études au parc des expositions en 2024
«Nous insistons sur le retard considérable, accumulé depuis 2001 par cette municipalité, dans l'entretien et la restauration du patrimoine communal toutes catégories confondus hormis la rénovation du musée des Beaux-Arts», cingle Emmanuel Bichot qui renouvelle sa demande d'«un audit général du patrimoine communal y compris la voirie» afin d'estimer ce qu'il considère constituer une «dette grise» pour les générations futures.
L'opposant s'attarde sur le parc des expositions, revendiquant soit «une rénovation complète en conservant l'architecture remarquable du grand hall», soit «de réaliser sans tarder les travaux urgents de sécurité et de mise aux normes» chiffrés à 4,5 millions d'euros (
lire notre article).
Dans ses prévisions pour 2024, la Ville de Dijon envisage de mobiliser un million d'euros pour des «études» et des «travaux» au niveau du parc des expositions portant, en particulier, sur la ventilation du Hall 1 – afin d'éviter les fameuses «odeurs de graillon» –, le système de production de froid et la modernisation de la gestion technique centralisée.
En fin de conseil, Emmanuel Bichot tentera de demander la protection du grand hall du parc des expositions au titre des Monuments historiques mais verra sa question orale repoussée car ayant été déposée «hors délai» (lire ci-dessous).
L'opposant «salue» cependant la mobilisation de 400.000 euros pour rénover le commissariat annexe des Grésilles et demande la mutualisation du bâtiment entre la Police nationale et la police municipale.
Répondant à «cette avalanche de critiques», François Rebsamen renvoie à la gestion patrimoniale de ses prédécesseurs.
Henri-Bénigne de Vrégille relève une «contradiction» dans la politique urbanistique
Pour le groupe Dijon autrement, Henri-Bénigne de Vrégille indiquer «partager la recherche d'une neutralité carbone pour notre ville avec un légitime objectif d'économies».
L'opposant relève une «contradiction» entre la création de nouveaux espaces verts et la poursuite de la densification urbaine qu'il juge «excessive». «Faux», glisse François Rebsamen hors micro.
Lui aussi «alerte» sur l'état du patrimoine communal, en particulier celui du parc des expositions.
«C'est dur de trouver des angles pour critiquer», raille le maire avant
d'insister sur l'urbanisme. «La construction va s'éteindre et le chômage
va repartir», anticipe le socialiste pour 2025 et 2026. «Le premier
objectif que l'on peut se donner quand on est maire d'une ville, c'est
d'arriver à fournir un logement à tous les habitants de la ville.»
«Vous avez de quoi voir venir pour lancer des projets pour 2026», ironise Axel Sibert
Du côté des Écologistes et citoyens, Olivier Muller (EELV) met en avant le «défi majeur» du changement climatique et déroule un propos qui s'adresse principalement au gouvernement.
L'élu indépendant Axel Sibert (LR) insiste sur les excédents budgétaires accumulés avec les années : «soit vous n'avez pas assez investi, soit vous avez prélevé trop d'impôts». «Vous avez de quoi voir venir pour lancer des projets pour 2026», ironise-t-il.
En lui répondant, Nathalie Koenders choque les rangs de l'opposition en évoquant l'activité professionnelle d'Axel Sibert au lieu d'appréhender strictement sa qualité d'élu.
90.000 visiteurs au pôle culturel de la Cité de la gastronomie en 2023
Alors que François Deseille présente la future exposition temporaire «Et si on allait au resto ?» de la Cité internationale de la gastronomie et du vin ainsi que le nouveau tarif dédié de 6,50 euros (
lire notre article), Laurence Gerbet (NC) demande un bilan du pôle culturel.
Selon François Rebsamen, de janvier à octobre, 73.000 visiteurs payants ont été recensés par le pôle culturel, soit une estimation de 90.000 visiteurs sur l'ensemble de l'année 2023.
En mai dernier, les acteurs de la CIGV avaient indiqué que, sur douze mois depuis son ouverture, le pôle culturel avait été fréquenté par 200.000 visiteurs, gratuitement ou de façon payante (
lire notre article).
Par ailleurs, un fonds de dotation a été créé pour favoriser le mécénat de la Cité de la gastronomie auquel participe notamment la caisse régionale de la Banque populaire. Un état détaillé sera présenté par l'exécutif en décembre.
Au travers d'une convention, ce fonds «Cité de la gastronomie - Culture et éducation» verse 150.000 euros à la Ville de Dijon pour soutenir les actions d'intérêt général menée à la CIGV comme des ateliers culinaire à «des tarifs très bas» pour des enfants de centres de loisirs ou encore des animations gratuites en lien avec «l'éducation au bien manger».
50% de logements sociaux sur l'ancien site de l'école des Marmuzots
La session approchant de son terme, Jean-Patrick Masson aborde le devenir du site de l'ancienne école maternelle des Marmuzots.
Au 76 de la rue du même nom, après un appel à manifestation d'intérêt, une emprise de 4.638 m² sera vendue 1,6 million d'euros au groupe immobilier Seger pour réaliser une opération de construction d'une quarantaine de logements dans des bâtiments s'élevant sur quatre niveaux (R+2+attique) : 50% en logements libres, 50% en accession abordable à la propriété et en loyer modéré.
En réaction, Emmanuel Bichot renouvelle son «désaccord» sur la suppression de l'école des Marmuzots, désormais fusionnée avec l'école Victor Hugo : «ce site verdoyant méritait d'accueillir de nouveaux bâtiments scolaires dans un projet qualitatif».
«On a des exigences», rétorque Jean-Patrick Masson en évoquant l'architecture ainsi que l'intégration paysagère et environnementale. L'adjoint au maire envisage «la conservation maximale des arbres existants» qui s'accompagne d'une plantation d'un verger pédagogique et d'un potager partagé.
Selon Henri-Bénigne de Vrégille, «ce quartier manque cruellement d'un lieu de rencontre»
Henri-Bénigne de Vrégille déplore «une politique qui privilégie une approche quantitative au lieu d'être qualitative» et regrette «l'absence d'une étude d'impact sur le quartier».
«Ce quartier manque cruellement d'un lieu de rencontre», ajoute l'opposant en songeant à une antenne de la MJC Montchapet.
Néanmoins, la vente est adoptée à une large majorité malgré six voix contre venant des groupes Agir pour Dijon et Dijon autrement ainsi que quatre abstentions venant notamment des Verts.
Selon François Rebsamen, «le point médian est utilisé parcimonieusement»
Tous les rapports ayant été examinés, au nom de Dijon autrement, Céline Renaud (divers droite) présente de nouveau un vœu pour «bannir l'utilisation de l'écriture inclusive», en particulier du point médian, au moment où l'Association pour la prise en compte du handicap dans les politiques publiques et privées porte le même de demande auprès des collectivités (
lire le communiqué).
«La Ville de Dijon est engagée de longue date pour l'égalité entre les femmes et les hommes», réagit François Rebsamen, «nous sommes attentifs à tout ce qui freine l'égalité entre les femmes et les hommes y compris dans la langue française».
Le maire signale alors que «les actes courriers et rapports font apparaître le genre féminin» et que «le point médian est utilisé très parcimonieusement» tout indiquant privilégier «les mots épicène » et « la double flexion».
Face à ce qu'il considère être une «polémique inutile», le socialiste incite sa majorité à repousser le vœu et le groupe d'opposition à «s'attacher à mettre nos forces dans la bataille pour l'égalité».
Jean-Christophe Tardivon
Communiqué d'Agir pour Dijon du 22 novembre 2023 :Protection au titre des Monuments historiques du Hall 1 du parc des expositions de Dijon
Ouvert au public en 1956 pour la tenue de la Foire gastronomique, le Hall 1 du parc des expositions de Dijon présente une structure métallique exceptionnelle, sans aucun pilier de soutènement pour une surface couverte d’un seul tenant de 12000 m2.
Architecte de la ville de Dijon puis du département de la Côte-d’Or, son concepteur Roger-Martin Barade a vu nombre de ses réalisations classées monuments historiques – notamment l’Université de Bourgogne, à l’exception du parc des expositions, alors que celui-ci fut incroyablement innovant à son époque, chaque arche pouvant soutenir plus de 60 tonnes. L’ensemble de sa structure métallique pèse un sixième de la masse de celle de la tour Eiffel.
Cet édifice s’inscrit dans la continuité des grandes constructions métalliques dont le Dijonnais Gustave Eiffel fut le fer de lance, et est emblématique du patrimoine du XXe siècle.
Les Dijonnais sont fortement attachés à ce lieu historique, présent depuis toujours dans le paysage de la ville et dans leur quotidien. Ce bâtiment mériterait non seulement d’être conservé, mais également d’être protégé au titre des Monuments historiques.
Ainsi, nous demandons au maire d’engager au nom de la ville de Dijon une demande de protection au titre des Monuments historiques pour le Hall 1 du parc des expositions de Dijon.